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Nouveau roman en tamazight
ASS-A D WUSSAN DE AUMER U LAMARA
Publié dans L'Expression le 21 - 03 - 2010

La bibliographie berbère vient de s'enrichir d'un nouveau roman de l'auteur Aumer U Lamara, intitulé Omaha Beach, Ass-a d wussan. Le livre vient d'être édité dans le cadre du Festival culturel national annuel du film amazigh.
Selon, M.Si El Hachemi Assad, commissaire du festival, ce roman est le premier d'une série d'ouvrages publiée dans la perspective d'encourager la création cinématographique tirée à partir des ouvrages de fiction.
Notre interlocuteur estime que tout le monde s'accorde à dire que l'un des problèmes majeurs sur lesquels butte la création cinématographique, est le manque de textes de scénario.
Cette initiative est intitulée «Assa d adlis, azekka d asaru» «(Aujourd'hui, c'est un livre, demain, ce sera un film)». Afin d'encourager la lecture en tamazight, ce roman de 200 pages sera offert gracieusement aux lecteurs potentiels.
Le roman de Aumar U Lamara raconte le débarquement anglo-américain de juin 1944 en Normandie.
Ce débarquement sur la plage d'Omaha Beach allait changer le cours des événements de la Seconde Guerre mondiale, entamer la destruction de la puissance nazie et engager la libération de l'Europe.
L'histoire du roman Ass-a d wussan se déroule essentiellement sur ce site historique de Omaha Beach en Normandie, à plusieurs décennies d'intervalle. En allant visiter ce site, avec sa femme et ses enfants, Murad replonge dans ce passé encore frais et se déroulent devant ses yeux et dans ses souvenirs d'enfant, les événements vécus dans son village haut perché en Kabylie et les péripéties de la guerre.
Les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, sur ce lieu mythique, s'imbriquent et s'entrechoquent avec les souvenirs de la guerre d'Algérie. Tout au long de l'ouvrage, plusieurs personnages vivent les différentes péripéties de la guerre mondiale et se donnent rendez-vous, malgré eux, dans ce site paradisiaque de Normandie qui devint un enfer. John est un jeune Américain, authentique indien du Dakota, qui s'engage dans l'armée américaine et traverse l'Atlantique pour défendre son pays, après l'épisode dramatique de Pearl Harbor, et contribuer à libérer l'Europe.
De son côté, Helmut est un paisible agriculteur de la Bavière, reconverti en soldat de la Wehrmacht qui monte la garde jour et nuit dans une France conquise, dans l'un des blaukhaus de la falaise au-dessus de Omaha Beach.
Enfin, Murad adulte et Murad enfant qui voyagent, hors du temps, dans le réel et dans les souvenirs, entre les berges de la Manche et les collines du village natal, à Mekraz, en Kabylie. Dans cette plage aujourd'hui paisible, Murad tente de reconstituer les épisodes d'horreur et de désolation qui ont, par la folie des hommes, détruit des milliers de vies.
Dans les yeux et les souvenirs de l'homme qu'il est devenu, Murad revoit aussi, avec ses yeux d'enfant, les débuts de la guerre d'Algérie à travers tous les changements survenus alors dans son village.
Les jeux des enfants qui ont brusquement changé, les discussions des adultes qui ont changé, le ciel même et le paysage qui ont changé aussi; il n' y avait brusquement plus de chiens ni de clôtures dans le village de Mekraz. Murad s'interroge alors profondément sur la suite des événements, après ce débarquement du 6 juin 1944.
Murad se souvient de l'opération Jumelles et de tout l'arsenal d'acier qui a piétiné pendant des mois la piste poussiéreuse de son village et creusé des sillons profonds sur la place de tajmaât et dans les mémoires des villageois.
L'auteur précise que «dans toutes les époques, les hommes sont amenés à commettre les mêmes erreurs. L'histoire n'est-elle alors qu'un éternel recommencement?».
Le roman de Aumar U Lamara est présenté sous forme de trente-six chapitres, répartis sur les 200 pages du livre. Ce roman ne passera sans doute pas inaperçu car c'est la première fois qu'un roman de ce genre, avec une dimension historique et peut-être même autobiographique sont conjugués.
Le film qui sera produit à partir de l'adaptation de ce roman sortira des sentiers battus. Les sélectionneurs du Festival du film amazigh ont vraiment fait un bon choix.


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