Alger s'est mue en une fresque populaire dédiée à la gloire des Verts. La Fontaine de l'Espérance est joyeuse. Cette stèle représentant un arbre a fière allure. Son feuillage prend les couleurs de la Sélection nationale. Il décline un mot: Amel, en arabe, qui veut dire espoir. L'eau jaillit autour de l'arbre en des notes de musique. Sur les ondes de l'éther, une colombe prend son envol. Elle répand la lumière du soleil sur le quartier populaire de Bab El Oued. Alger est en fête. «Les Verts ont fourni leur meilleure prestation depuis l'arrivée de Saâdane à la tête de l'équipe», s'enthousiasme Aâmi Ali, les cheveux grisonnants et portant un Shanghai. Ce pêcheur a une longue histoire avec la Grande Bleue. Les nuances de la mer se dessinent dans les yeux de Yamina, une jeune fille svelte. «Nous joueurs se sont battus comme des héros. Ils ont mis les Anglais dans leurs petits souliers», se réjouit cette fine fleur du printemps. Ses propos ont les senteurs du basilic. Alger s'est mue en une fresque enchantée dédiée à la gloire des Fennecs. Sur les places publiques, dans les cafés et même dans les rues et ruelles, on ne parle que du match de la veille entre l'Algérie et l'Angleterre. La performance des Ziani and co revient comme un leitmotiv sur toutes les lèvres. La capitale s'est mue en une grande scène sur laquelle se produit une chorale populaire qui reprend un seul refrain: «One, two, three, viva l'Algérie». A la place Kettani, la joie est au rendez-vous. Un groupe de jeunes jouant au dominos semble encore sous l'effet du match héroïque que les protégés de Cheikh Saâdane ont fourni contre la Sélection aux «Trois Lions». Des lions que Halliche, Antar Yahia et les autres gladiateurs ont su dompter. Amine, la tête coiffée d'une casquette, exulte. «Nous avons montré à ces Anglais de quel bois nous nous chauffons», lance-t-il à son ami Samir. Ce dernier est certes, satisfait de la production d'ensemble des Fennecs, mais il reste septique par rapport à la stérilité de la ligne offensive. «Nous n'avons pas eu d'occasions franches de scorer», s'inquiète ce petit brun. Farid l'exhorte à jouer. Sur un ton moqueur, il lui annonce que le prochain match face aux Etats-Unis sera plus difficile que celui contre l'Angleterre. La discussion prend une autre tournure. Le quatuor oublie les dominos. Place au match décisif contre les Yankees. Les spéculations vont bon train. «Face aux Américains, nous jouerons avec un moral d'acier. Car, désormais, nous avons retrouvé notre jeu à l'Algérienne», assure Amine. Farid n'est pas de cet avis et interroge son ami. «Tu crois que les américains se présenteront en touristes?». La réplique d'Amine est sèche. «Les Américains auront en face d'eux des guerriers, pas des victimes expiatoires», lance-t-il à son vis-à-vis. Ahmed, le quatrième du groupe, lui emboîte le pas. «Nos chances de qualification au deuxième tour sont intactes», estime ce dernier. L'air marin porte cet espoir sur les hauteurs de la capitale. Nous sommes au balcon Saint-Raphael à El Biar. La vue sur la mer est magnifique. Il y règne un calme doux sur les lieux. Assis sur un banc, Aâmi Ahcene, un retraité de la Fonction publique, tient un journal entre les mains. Il est plongé dans la lecture d'un article relatant le match des Verts contre la bande du légendaire Fabio Capello. «J'ai déjà revu le match deux fois», avoue-t-il. Décidément, il ne se lasse ni de revoir, ni de relire tout ce qui est lié au match de la veille. «La performance des Verts est historique. Elle nous rappelle celle réalisée contre l'Allemagne en 1982», explique ce sexagénaire. Devant ses yeux défilent les prouesses de la triplette magique Madjer-Belloumi-Assad. D'une voix exaltée, comme s'il retrouvait une seconde jeunesse, il se confie quant à la prochaine rencontre face aux Etats-Unis. La production des M'Bolhi, Yebda, Lacen et autre Abdoun a permis à la Sélection nationale de renaître de ses cendres. Surtout après la défaite contre la Slovénie lors du premier match joué le 13 juin. Cela montre, si besoin est, que l'espoir des Algériens est têtu. Dans les quatre coins du pays, les yeux des Algériens sont déjà braqués sur la prochaine sortie des Guerriers du Sahara face aux «Yankees». La rencontre s'annonce difficile. Cela dit, la qualification au deuxième tour est dans les cordes des Verts. Le rêve est permis.