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Limites d'un modèle administratif de gouvernance : l'exemple de Béjaïa
Publié dans Liberté le 06 - 11 - 2008

On reconnaît souvent aux sociétés démocratiques l'apport, entre autres, de la légitimité de la représentation et la reconnaissance du pluralisme dans l'amélioration de la qualité de la gouvernance économique.
Or, on observe en Kabylie, en général, et dans la ville de Béjaïa, en particulier, que l'acquis démocratique et la légitimité de la représentation politique de la région n'ont pas entraîné une amélioration de la qualité de sa gouvernance économique qu'aurait dû accoucher l'avancée démocratique. Une situation qui a donné lieu, ces
derniers temps, à un débat animé, quelquefois, par les responsables de l'administration locale, et décrié parfois par des acteurs politiques locaux selon les intérêts respectifs de chacun.
Au demeurant, entre un acteur qui défend une logique administrative de gouvernance économique et un politique qui a les pires difficultés d'asseoir la crédibilité de ses compétences et sa légitimité de décider du choix de l'orientation économique à imposer au développement de ses territoires, le citoyen semble se perdre au cours des tournures que le débat tend à prendre et qui risque d'ignorer le cœur même de la problématique.
En réalité, c'est que le choix du pluralisme décidé au début des années 1990 n'a pas trouvé son prolongement dans l'organisation et le fonctionnement de l'Etat algérien. Le modèle de fonctionnement de l'Etat jacobin est demeuré inchangé, concentrant ainsi les pouvoirs qui auraient donné du sens à l'exercice d'un mandat électif d'un élu local. Il empêche, de par la nature de son fonctionnement et la logique verticale de son organisation, la pluralité des visions et la diversité des projets de développement qui correspondent aux spécificités territoriales.
Et comme tout instrument destiné à mettre à l'abri des changements sur les équilibres de l'organisation, le budget est, par excellence, une arme redoutable. L'outil budgétaire dans son architecture incarne une hiérarchie verticale où la
nature des missions et des projets de développement se voit adaptée à l'organisation administrative qui s'inscrit dans
une logique verticale des programmes nationaux. Faisant de la nécessaire
adaptabilité des politiques publiques
aux spécificités des territoires une fiction plutôt qu'une exigence vitale pour une meilleure gouvernance. Cette organisation traduit clairement la primauté d'une approche juridique et administrative du budget sur les considérations économiques et sociales du territoire. Il en résulte de ce choix des situations de blocage lorsque les élus locaux tentent de se réapproprier les enjeux de développement, conformément au mandat démocratique pour lequel ils sont élus.
Dans l'architecture budgétaire actuelle, l'évaluation des politiques publiques épouse une approche quantitative qui s'inscrit dans un cadre rigide et peu responsabilisant. Le volume des crédits et leur taux d'évolution deviennent des critères d'appréciation de la dépense et de sa performance. Ainsi, nous observons des inquiétudes exprimées par quelques ministères liées au faible taux d'absorption des budgets constatés dans les deux villes de la Kabylie.
Dans ce modèle d'organisation, la machine administrative de la wilaya tente de déconnecter, avec une certaine réussite, le rythme de développement économique de la portée de l'engagement politique des élus. Et ce divorce se voit davantage aggravé par un déficit structurel spécifique aux partis politiques.
L'administration locale, à sa tête le wali, dispose des compétences qui dépassent largement celles accordées aux représentants légitimes issus des urnes. Le choix des projets est soumis à la validation des services du wali. Le volume d'affectation des ressources est déterminé par les règles de droit budgétaire qui sont, faut-il le rappeler, nationales et s'appliquent à l'ensemble du territoire sans aucune distinction en dépit de l'existence de spécificités régionales. Ceci indépendamment des conditions d'attribution et de renouvellement des crédits à quelques missions qui ont quelquefois évolué, voire inutilement affecté.
Quant aux partis politiques, ils souffrent d'un déficit structurel inhérent à la perception qu'ils se fondent de la conduite des politiques publiques. Face à un appareil administratif réfractaire à l'introduction du politique dans la conduite des politiques publiques, ces animateurs politiques tentent d'y parvenir sans entreprendre le dialogue et les débats à l'intérieur des structures partisanes et leurs environnements sectoriels qui leur permettraient de dégager les compromis nécessaires. Il ne suffit pas quelquefois de détenir une majorité d'élus pour revendiquer la pertinence d'un projet sur lequel vous mobilisez l'ensemble de la collectivité.
Par conséquent, et contrairement à ce qu'il est communément prêché, il faut renouer ce lien déterminant pour l'avenir de la démocratie dans la région, à savoir que la vitesse des changements et le niveau de développement reflètent la portée de l'engagement politique des élus.
Pour y parvenir, les partis politiques doivent instaurer un système complexe de dialogue et de négociation, voire de réflexion qui leur permettra de prendre conscience des enjeux du développement local.
Ensuite, faire le choix d'un pilotage concerté qui cherche à intégrer les stratégies et les intérêts des acteurs autonomes qui ne se contentent pas de postuler l'existence d'un pôle de décision central gardien, supposé de l'intérêt général.
Ceci exige d'épouser une nouvelle approche de la démocratie qui soit en mesure d'accoucher des compromis nécessaires qui engagent l'ensemble des acteurs, comme le choix des grandes réformes structurelles. La gouvernance économique dans le cas de la ville de Béjaïa traduit exactement cette primauté d'une logique administrative qui se heurte à un environnement pluriel la rendant inopérante. La verticalité de sa logique compromet la compatibilité des programmes nationaux à la nécessaire adaptabilité des politiques publiques aux spécificités du territoire.
Quant à son pluralisme, il demeure immature au regard des acteurs qui l'animent et des outils d'action dont ils disposent. Sa structure actuelle consolide sa vulnérabilité et l'expose aux aléas des retombées économiques imprévisibles. Mais dans son ensemble, il traduit une logique ascendante, nourrissant l'espoir d'une réforme de l'Etat qui responsabilise davantage le personnel politique en les obligeant à rendre compte des
conséquences de leur choix. C'est aussi le souci de faire assumer les administrations la responsabilité de leur gestion et, par
là même, diversifier les risques
d'erreurs inhérents aux imperfections naturelles de l'action publique en décentralisant les décisions.
In fine, la gouvernance économique à Béjaïa est l'otage d'une confrontation de deux logiques : l'une d'un modèle étatique, où la verticalité de sa logique tente de préserver l'administration comme principal acteur dans le choix des politiques publiques, faisant de l'outil budgétaire un vecteur de leur conduite, mais aussi d'exclusion du rôle des élus.
L'autre, une logique ascendante, propulsée par un pluralisme certes puéril, mais qui exprime un ancrage territorial dont les implications économiques et politiques tendent à éroder le modèle traditionnel de l'Etat. Dans son développement, il peut épouser une approche économique et managériale dont le centre de gravité du fonctionnement administratif se voit repositionné vers les décideurs déconcentrés.
L. I.


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