Le Parlement européen a soutenu jeudi à Strasbourg (France) la “carte bleue” européenne inspirée de la “green card” américaine susceptible d'attirer les migrants hautement qualifiés vers les secteurs économiques de l'UE souffrant de pénurie de main-d'œuvre. Le Parlement propose toutefois un cadre plus clair, des définitions plus précises et une flexibilité accrue aux Etats membres, les priant de ne pas “piller les cerveaux des pays tiers”, risque qui a déjà fait réagir de nombreux pays en développement et des ONG internationales. A cet égard, les députés précisent seulement que “les Etats membres ne devraient pas participer activement à la fuite des cerveaux des pays tiers par le biais de la carte bleue, dans les secteurs où ces pays souffrent d'une pénurie de main-d'œuvre, en particulier dans les secteurs de la santé et de l'éducation”. Pour les Eurodéputés, “cette mesure ne devrait pas remettre en cause la priorité des ressortissants de l'UE sur le marché du travail”. La carte bleue, proposée par la Commission européenne, doit permettre d'attirer vers l'Union les travailleurs des pays tiers hautement qualifiés, en ouvrant à ces travailleurs les portes des 27 Etats membres. Cette carte ne remplacera pas les systèmes existants au niveau national, mais constituera un canal supplémentaire d'attraction, qui plus est avec une procédure d'attribution commune. Les migrants hautement qualifiés préfèrent le plus souvent des destinations comme les Etats- Unis, l'Australie ou le Canada à l'Union européenne, en raison de la fragmentation du marché du travail de celle-ci. La proposition devrait permettre ainsi au titulaire de la “carte bleue” d'avoir accès aux autres Etats membres de l'Union, après trois ans passés dans un premier pays de résidence. La durée de validité de la carte bleue serait ainsi, par défaut, de trois ans, renouvelable pour deux ans. Si le contrat de travail du titulaire est d'une durée plus courte, la carte doit être attribuée pour la durée de ce contrat plus trois mois, estiment pour leur part les députés. Le rapport consultatif adopté ce jeudi par 388 voix pour, 56 voix contre et 124 abstentions définit les caractéristiques que doit remplir le futur titulaire de la carte bleue. Celui-ci devrait avoir trouvé un emploi dans l'UE et avoir au moins cinq ans d'expérience dans le secteur concerné ou un diplôme universitaire reconnu par l'Etat membre. Son contrat devrait lui garantir un revenu d'au-moins 1,7 fois le salaire brut moyen de l'Etat membre de résidence, ajoutent les députés, qui précisent que ce salaire ne devrait pas être inférieur à celui d'un travailleur comparable dans le pays d'accueil. La carte devrait également, selon les parlementaires, pouvoir être attribuée aux ressortissants de pays tiers qui séjournent déjà légalement dans l'Union, dans le cadre d'autres régimes. R. I./Agences