Selon le ministre de la Défense, Hervé Morin, la note avait été transmise par son auteur à la direction du renseignement militaire. Jusqu'à hier, les fonctionnaires de son administration n'ont pas réussi à la retrouver. Au juge d'instruction, Marc Trévidic, le général François Buchwalter a déclaré avoir rédigé une note à sa hiérarchie pour lui faire part des informations sur la mort des moines attribuée par sa source à une bavure de l'armée. Une note restée, selon lui, sans suite. De conserve, le président Nicolas Sarkozy et les ministres concernés ont répondu que le secret-défense sur cette affaire sera levé. Selon le ministre de la Défense, Hervé Morin, la note avait été transmise par son auteur à la direction du renseignement militaire. Jusqu'à hier, les fonctionnaires de son administration n'ont pas réussi à la retrouver. “On n'a toujours pas retrouvé cette note, puisqu'elle date d'une bonne douzaine d'années”, a déclaré le ministre de la Défense sur la radio RTL. “C'est une note qui n'a pas été transmise au Quai d'Orsay (le ministère des Affaires étrangères), elle a été transmise à la direction du renseignement militaire (...) J'ai demandé aux services d'essayer de retrouver cette note”, a-t-il dit. Pour le ministre, il n'y a aucune raison qu'on aille cacher une analyse faite par un attaché de défense qui était en poste en Algérie. Un tantinet ironique, M. Morin a relevé que cette éventuelle note “fait référence à des gens qui auraient dit que…, qui auraient dit eux-mêmes que... ” Une manière de dire qu'elle ne contient rien de solidement étayé. Rien de sérieux qui aurait mérité en son temps une prise en compte. Charles Millon, ministre la Défense à l'époque du massacre, a affirmé de son côté, mardi, “n'avoir jamais été informé” d'une note de l'ex-attaché militaire. “Je n'ai jamais été informé de l'existence d'une note de l'attaché militaire de l'ambassade de France à Alger concernant le sort des moines”, assure M. Millon dans des déclarations rapportées, mardi, par lexpress.fr. “Je ne connais pas le général Buchwalter, dont le nom même m'est inconnu. S'il a fait un rapport, il n'est jamais remonté jusqu'à moi. (...) On ne m'a jamais parlé d'une ‘bavure' de l'armée algérienne et je ne comprends pas bien pourquoi cette affaire ressort maintenant”, poursuit M. Millon. Avec ces nouveaux éclairages, le témoignage du général apparaît chaque jour plus fragile. Avec la levée du secret-défense, il a toutes les chances de faire pshit, selon la savoureuse expression de Jacques Chirac. Pour obtenir la levée du secret-défense sur une affaire instruite en justice, les magistrats présentent la demande au ministre concerné qui se tourne à son tour vers la Commission consultative du secret de défense nationale (CCSDN). Ses avis sont consultatifs, mais l'usage veut déjà que les ministres les suivent. Les avis peuvent être des “déclassifications partielles” : seuls des extraits des documents transmis à la justice sont alors lisibles. La commission peut aussi signifier purement et simplement des refus de déclassification. Ce fut notamment le cas — à plusieurs reprises et sous trois gouvernements différents — face aux demandes du juge Van Ruymbeke dans le dossier des frégates de Taïwan. Le secret peut porter sur des aspects militaires des documents, selon la procédure expliquée par le quotidien le Figaro. Comme on l'expliquait hier dans ces colonnes, le secret-défense est l'objet d'un projet de loi qui vise à le durcir. Elle doit être examinée aujourd'hui au Sénat. Les nouvelles dispositions, dénoncées par les magistrats, ont fait l'objet d'une violente passe d'armes entre les commissions des lois et de la défense lors de leur examen à l'Assemblée nationale. Elles visent à encadrer les perquisitions sensibles comme celle qui avait été tentée sans succès à l'Elysée dans l'affaire du juge Borrel, ou celle menée au siège de la DGSE dans l'affaire Clearstream de dénonciation calomnieuse qui a fait trembler les plus hauts sommets de l'Etat français. A. O.