Les policiers lui ont tendu une souricière au moment où il se rendait dans le centre pour récupérer son document de voyage contrefait et se faire délivrer une carte d'assurance sociale. Un Algérien, Lounès T, vient d'être condamné à dix mois de prison par un tribunal d'Oxford, au sud de l'Angleterre, pour la détention d'un faux passeport français. Le jeune homme de 24 ans a été interpellé dans un bureau de l'emploi où il avait déposé son document de voyage contrefait dans la perspective d'obtenir une carte de sécurité sociale. Les policiers l'ont cueilli à son arrivée dans le centre. Le jeune algérien s'est rendu dans les lieux pour la première fois le 1er octobre dernier. Il pensait naïvement pouvoir obtenir une carte d'assuré en présentant son faux passeport comme une preuve de présence légale en Grande-Bretagne. Mais le document a tout de suite suscité la méfiance des agents. Ils l'ont gardé sous prétexte d'opérer des vérifications d'usage et ont fixé un autre rendez-vous à Lounès. Ne se doutant de rien, celui-ci se présente à la date indiquée dans le même service. Les policiers, qui l'attendaient de pied ferme, le transfèrent en prison. Vendredi dernier, un juge le maintenait sous les verrous pour fraude. Son avocat a tenté de le sortir d'affaire durant l'audience en indiquant que contrairement à d'autres immigrés clandestins, il ne constitue pas un fardeau pour la société. L'Algérien avait en effet un emploi. Il travaillait dans un bar de Sushi dans la ville d'Oxford. Son défenseur a relevé, par ailleurs, les raisons qui l'ont conduit à quitter son pays et se rendre illégalement en Grande-Bretagne. Selon lui, Lounès était persécuté par un groupe terroriste qui exerçait une pression sur lui pour rejoindre le maquis. Le mis en cause s'est contenté, quant à lui, de raconter au juge de quelle manière il s'est introduit dans le pays. Comme bon nombre de sans-papiers, il a traversé le tunnel de la Manche à bord d'un camion. Arrivé à Londres, il a acheté un faux passeport pour le prix de 700 livres sterling. La durée de sa peine le prémunit contre une expulsion automatique en Algérie. Ce genre de procédure est appliqué uniquement aux individus détenus pour une durée de 12 mois ou plus. Mais il est certain que les services de l'immigration tenteront par tous les moyens de renvoyer Lounès au bercail. Généralement, les étrangers ayant été condamnés pour des crimes ou des délits sont transférés aussitôt après leur sortie de prison vers les centres de détention des immigrés clandestins, en perspective de leur déportation. Contrairement à ses voisins européens, le Royaume-Uni applique la double peine. Cette réglementation est entrée en vigueur en 2006, sous la pression de l'opinion publique. Aujourd'hui, 14% de la population carcérale du pays sont constitués d'étrangers. Les Algériens n'y sont pas nombreux, moins de 200. Mais leur présence est plus fréquente dans les centres de rétention où ils croupissent quelquefois pour des périodes assez longues en attendant leur hypothétique expulsion. L'interpellation des sans-papiers a augmenté considérablement ces derniers mois. Le parti conservateur au pouvoir depuis mai dernier s'est engagé à diminuer le nombre d'étrangers dans le pays. Il y a quelques semaines, des employés algériens étaient arrêtés dans un restaurant réputé à Londres. Ils y travaillaient au noir.