Le développement de l'économie verte au niveau mondial, au-delà des revendications des organisations non gouvernementales et autres mouvements écologistes et de protection de l'environnement, représente un enjeu stratégique majeur pour de nombreux Etats. Enjeu sous-tendu par des intérêts techniques, technologiques, économiques et financiers considérables, se chiffrant en milliers de milliards d'euros – 1000 milliards en 2008 et 2400 milliards environ, en 2020. De nombreux spécialistes de l'économie de l'environnement, de même que les rédacteurs du rapport du PNUE (Programme des Nations unies pour l'environnement) estiment que “les efforts déployés pour faire face aux changements climatiques, pourraient générer des millions de nouveaux "emplois verts" dans les années à venir, aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement”. Ce marché faramineux des produits et services liés à l'environnement, revient, à plus de 50%, à l'efficacité énergétique et particulièrement aux énergies renouvelables, qui absorberont à l'horizon 2020, plus de 2,3 millions d'emplois dans l'énergie éolienne et plus de 6,3 millions dans celle du solaire. À titre indicatif, aux USA, le flux des investissements dans les technologies propres, occupe la troisième place en capital risque, après l'information et les biotechnologies. La Chine, quant à elle, a consacré ces dernières années, plus du double de son capital risque, dans les technologies propres, atteignant 19% du total des investissements. Face à ses nouveaux défis du présent et du futur, l'Algérie, qui a signé et adhéré à toutes les conventions et accords internationaux de lutte contre les changements climatiques et les émissions de gaz à effets de serre, ambitionne de jouer un rôle prépondérant au niveau de la zone euro-méditerranéenne, compte tenu de ses atouts naturels en énergies renouvelables (éoliennes et solaires notamment). Dans ce contexte, le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, dans une conférence de presse tenue lors de l'inauguration du Salon “EnvironAlgérie 2010” a considéré que “les énergies renouvelables sont au cœur d'une problématique mondiale”. Il a en outre indiqué que “l'Algérie est une écorégion, il faut qu'elle soit un pays exemplaire en termes d'économie verte”. Par ailleurs, dans une étude sur “l'approche territoriale des changements climatiques” entre le Pnud et le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) estime que “les changements climatiques constituent un enjeu central du bassin méditerranéen… qui affecteront fortement le devenir de la région dans la mesure où ils modifieront en profondeur les potentialités de développement économique et social de la Méditerranée”. Et de préconiser, dans la foulée, une gestion intégrée de ces risques et opportunités, par une approche des territoires qui anticipe les mutations à venir. Compte tenu de ces multiples enjeux, l'Algérie, en sa double qualité de pays coordonnateur des responsables arabes de l'environnement et de président du groupe Afrique aux négociations sur le changement climatique, s'était déjà positionnée en 2009, en tant que leadeur dans la mise en œuvre de l'approche territoriale du changement climatique. Cependant, il faut admettre que des nombreuses insuffisances et retards ont été relevés dans précisément l'approche intégrée de l'aménagement du territoire entre les différentes régions du pays. Comme il faut noter les hésitations des pouvoirs publics, dans un passé récent, à s'orienter résolument vers la mise en place des conditions de développement d'une économie verte, basée notamment sur les énergies renouvelables, même s'ils ont, de tout temps, affiché une volonté politique dans ce domaine. Seulement au niveau du principe, serions-nous tentés de le dire, sans pour autant lui donner un prolongement en termes de programmes concrets sur le terrain. Ces mêmes pouvoirs publics semblent s'acheminer désormais vers une prise de conscience de ces nouveaux enjeux, sous la pression des nécessités de sortir d'une économie mono-exportatrice. C'est ce qui transparait de façon globale, d'abord dans les programmes quinquennaux de développement 2004- 2009 et 201O-2014, à travers notamment la part très importante des investissements consacrés au développement durable (ressources en eau, santé, aménagement du cadre de vie, enseignement supérieur et recherche scientifique et technique…) et de façon particulière ensuite, à travers la nouvelle stratégie énergétique à long terme, spécialement dans son volet énergies nouvelles et renouvelables. Dans cette optique, le ministre de l'Energie et des Mines, lors de la présentation, le 6 décembre, du code de l'éthique au niveau de Sonelmgaz a dévoilé un ambitieux programme de développement des énergies renouvelables sur une période de 20 ans, qui vise entre autres, l'approvisionnement du marché européen et à assurer la sécurité énergétique du pays dans l'avenir. Ce programme sera soumis au gouvernement en 2011. Cette réorientation de la politique de développement des énergies alternatives dans le cadre de partenariats stratégiques, particulièrement avec les entreprises allemandes, à travers notamment le méga-projet Desertec, vient d'être clairement affirmée par le président de la République lui-même, à partir de Berlin, lors de sa conférence de presse donnée le 8 décembre courant, à l'issue de sa visite officielle en Allemagne. Les lignes commencent donc à bouger, il en était vraiment temps ! C'est à ce prix, et seulement à ce prix, qu'il deviendra possible, peut-être, de croire en une réelle volonté du pouvoir politique de construire l'économie de l'après-pétrole. Pour se faire, il devra s'atteler à mobiliser et associer toutes les forces entrepreneuriales et créatrices de richesses du pays, qu'elles soient publiques ou privées, pour s'investir et participer à la promotion d'une économie verte.