Rude compétition au sein des princes saoudiens pour le trône. Le roi Abdallah en convalescence à New York place ses proches… Le roi d'Arabie Saoudite va mieux, il est en convalescence dans sa résidence new-yorkaise après avoir quitté l'hôpital de New York où il avait été admis, il y a un mois, pour y subir des opérations du dos, a annoncé dans un communiqué l'agence officielle saoudienne SPA. Le message envoyé par le président américain au monarque saoudien laisse entendre que ce dernier se remettra et donc qu'il reprendra les rênes de son royaume. Est-ce suffisant pour clôturer le débat sur la succession d'Abdallah âgé de 86 ans ? Le caractère exceptionnel de l'annonce qu'il serait hospitalisé aux Etats-Unis avait alimenté, on s'en souvient, des rumeurs sur l'avenir de la direction du royaume wahhabite, un acteur-clé dans la politique au Moyen-Orient et sur les marchés des hydrocarbures. En fait, le royaume saoudien est toujours dans un virage difficile. Leur roi est de santé fragile et ses successeurs désignés le sont également. Ce n'est pas un secret : les deux premiers dans l'ordre de succession sont également malades et un flou entoure le troisième dauphin. D'où le piaffement de jeunes princes sentant imminent le moment de la relève. Certains n'hésitent plus à faire connaître des aspirations à conduire un processus de réforme dans leur pays. C'est probablement la raison qui avait incité les autorités saoudienne à cette transparence sans précédent pour annoncer l'évacuation du roi Abdallah Ben Abdelaziz vers Washington, dans un centre spécialisé dans le traitement des maladies de dos, afin qu'“il effectue des examens plus approfondis suite à son hernie discale, ayant provoqué une accumulation de sang et des douleurs lancinantes suite à une pression sur les nerfs”. En l'absence de consensus dans les milieux des princes les plus influents, parmi les fils du fondateur du royaume, Abdelaziz al-Saoud, sur l'accession au trône de l'émir Nayef, ministre de l'Intérieur et deuxième vice-président du Conseil des ministres, Abdallah avait rappelé son frère l'émir Soltane Ben Abdelaziz qui séjournait au Maroc, et lui a délégué, en vertu d'un décret royal, la gestion des affaires de l'Etat pendant son absence. L'émir Soltane, cadet de quatre ans du roi, a passé le plus clair de son temps, au cours de ces deux dernières années, entre New York et Agadir, après une intervention chirurgicale qu'il a subie pour un cancer dont la nature et la localisation n'ont pas été précisées. Il semble que la compétition pour le trône a commencé et qu'elle ira crescendo au sein des milieux princiers, dans la mesure où chaque clan essaie de consolider ses positions actuelles et lorgner vers de nouvelles responsabilités, au cas où elles venaient à être vacantes. Le roi a lui aussi pris des décisions significatives, en désignant son fils aîné, l'émir Motâab Ben Abdallah, en tant que chef de la Garde nationale, et ministre d'Etat. Avec cette désignation, le processus de passation du pouvoir à la deuxième génération franchit ses premiers pas, selon des observateurs pour qui il n'est pas exclu que l'émir Mohamed Ben Nayef soit désigné à la place de son père au ministère de l'Intérieur, si ce dernier réussit à être plébiscité en tant que prince héritier, en cas de vacance de la fonction. L'émir Nayef est considéré comme le vrai gestionnaire des affaires du royaume, étant donné les prérogatives qui lui sont attribuées en ce sens qu'il préside les réunions du Conseil des ministres, en l'absence du roi. Au cours de la dernière période, il ne s'est pas borné à ses responsabilités sécuritaires en tant que ministre de l'Intérieur, mais a commencé à évoquer des questions d'ordre économique et politique. Par ailleurs, parmi les postes les plus décisifs qui sont également objet de convoitises, figure celui des Affaires étrangères, dans la mesure où des informations rapportées dans les coulisses font état de la volonté de l'émir Saoud al-Fayçal de partir à la retraite, pour des raisons de santé suite aux multiples opérations qu'il a subies au dos. Le nom de son frère l'émir Turki al-Fayçal, ancien chef des renseignements saoudiens, et ex-ambassadeur à Washington, revient pour lui succéder. La lutte pour la succession a ainsi commencé, la lutte est serrée entre les différents clans de la famille royale, qui commencent à se manifester ouvertement, malgré les tentatives de les cantonner derrière les portes closes. Le roi a également prorogé de cinq ans les fonctions du mufti du royaume, cheïkh Abdelaziz al-Cheïkh. Un poste de haute importance pour la succession au trône.
