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Vox populi, vox dei?
Lettre de Philadelphia
Publié dans Liberté le 21 - 04 - 2011

“Les révolutions sont des temps où le pauvre n'est pas sûr de sa probité, le riche de sa fortune et l'innocent de sa vie.” (Joseph Joubert)
Devoir moral ou religieux pour les uns, conviction ou opportunité politique pour les autres, les manifestations et contestations publiques, qu'elles soient d'ordre socioéconomique, politiques ou culturelles, qu'elles soient tolérées ou réprimées, récupérées ou dénoncées, n'en continuent pas moins d'en devenir des phénomènes de société universelle ,avec leurs héros-icones et leurs martyrs.
Les hausses constantes du prix des aliments notamment le pain (Nancy 1771, Versailles 1789),l'oukase brandi à tout va pour casser toute velléité de révolte, l'irrévérence à la dignité humaine furent les ferments du ras-le-bol populaire, la révolution française s'en suivit avec ses Danton et Robespierre
La philosophie prolétario-anarchiste,du temps du penseur russe E. Bakounine et sa lutte des classes, la révolte du Potemkine, les descentes dans la rue pour se faire “entendre” n'ont cessé depuis de faire école et retracer leurs épopées ne va pas sans nous replonger dans l'altruisme éclairé du Mahatma Gandhi, du pasteur Martin Luther King, apôtres légendaires de la non-violence, des mouvements de protestation estudiantin des années 1960,sur fond de guerre du Vietnam, de Lech Walesa, des chantiers navals de Gdansk la communiste, des images, oh, combien saisissantes !,du jeune Chinois bravant le tank de la place Tian an'men, de l'Italien Carlo Giluani,né en 1978,premier martyr altermondialiste lors du sommet du G8 de Gênes juillet 2001, de José Bové et sa légendaire moustache à l'Astérix, du mouvement de contestation paysanne universelle.
C'est dire que les cris de liberté, de justice sociale et de démocratie se faisaient de plus en plus stridents dans un tourbillon de démesure, de disparités, d'incertitude de l'avenir, en somme, des causes à effet, en physique : la pression engendre l'explosion.
Et partant, la protesta et les soulèvements populaires que connaissent les pays arabes de la côte Atlantique jusqu'aux confins de l'Arabie, illustrent si besoin était, le marasme et le mal de vivre des sans-logis, des sans-boulot, des sans-le-sou, et enfin de ceux, malades mentaux pour la plupart, qui n'ont plus droit à rien, ni le goût, ni les moyens de vivre. Un vague à l'âme poussant bon nombre de vieux, de jeunes et de moins jeunes au suicide, à l'exil (nos jeunes harraga en savent quelque chose)et plus grave encore à l'immolation.
Comment saurait-il en être autrement lorsque l'on sait que l'oligarchie, le népotisme, les passe-droits, les compromissions, la corruption, les alliances contre nature ,et pour boucler la boucle, des “têtus” présidents accrochés à leurs acquis et privilèges, refusant d'admettre que chaque chose a un temps, seul le temps est infini, qu'il est temps pour eux de céder la place, bref, autant d'ingrédients du tsunami politique qui secoue présentement le monde arabe
Et pour paraphraser notre illustre aïeul Mouloud Feraoun :
“Quand trop de sécheresse brûle les cœurs,
Quand la faim tord trop d'entrailles,
Quand on rentre trop de larmes,
Et comme quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher
Enfin, il suffit du bout de bois d'un esclave pour faire dans le ciel de Dieu et dans les cœurs des hommes, le plus énorme incendie”.
Ainsi en est-il de la Révolution tunisienne, le martyr du jeune Mohamed Bouazzizi, suite à une brimade très vexante d'une policière en mal de puissance, touché dans sa dignité et son amour-propre n'a pas trouvé mieux que de s'immoler par le feu.
Un feu, du reste, mué en brasier dont les étincelles se sont propagées bien au-delà de Tunis pour s'en aller allumer d'autres foyers en Egypte, à Bahreïn, au Yémen,en Algérie pour ne citer que ceux-là.
Déjà, les révélations secrètes de WikiLeaks sur les agissements des dirigeants arabes mis à nue online avaient suscité l'ire populaire, la rue arabe bouillonnait devant la forfaiture, l'asservissement de leurs dirigeants et la trahison de leurs intérêts nationaux, il est à se demander le pourquoi ,le timing et les desseins inavoués d'une telle initiative.
Et l'information véhiculée tantôt par internet et ses réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Google),tantôt par les chaînes télévisuelles impartiales ou partisanes, ont, par ricochet, soulevé bien des gens indécis.
La pérennité de leurs régimes despotiques n'est en fait que le fruit de la pontification , du culte de la personnalité, de la passive complaisance ,voire de “l'à-plat-ventrisme” de leurs “sujets”. Ceci ne va pas sans rappeler cette terrible sentence d'un anarchiste du XVIIe siècle,proférée peu de temps avant son exécution : “Prends garde ! Foule moutonnière,acclameuse de sabres, de drapeaux et de politiciens,ayant vécu en esclave, tu crèveras en esclave…”
Et, indubitablement, l'histoire nous rappelle que chaque pharaon a son Moïse, la fuite en avant du président Benali et de la régente de Carthage ,de sa fratrie, spécialistes tentaculaires de l'apparat et de l'opulence, du président Moubarak et de sa progéniture, cantonnés dans leurs derniers retranchements ,ont essayé vaille que vaille d'endiguer cette ruée humaine en lâchant férocement leurs chiens, leurs sbires, leurs baltaguia et leurs chameaux pour mater ce crime de lèse-majesté, il n'en fut rien.
Le cours de l'histoire a fini par les engloutir sans façons et sans gloire, n'en déplaise aux imams de service, et au tribun Mouammar Khadafi après sa burlesque sortie médiatique en leur faveur. Il était loin de se douter, du salon feutré de sa kheïma, que le vent du changement s'était levé du côté de Benghazi, la ville rebelle qui en paya un lourd tribut en sang et en larmes afin de se débarrasser du joug de leur saltimbanque président. Son apparition menaçante et son zenga zenga, font beaucoup rire, mais c'était sans compter qu'il n'y a pas plus dangereux qu'une bête traquée et blessée, et l'apocalypse promise par Seïf el Islam, le rejeton du guide de la Jamahirya,n'en est qu'à ses balbutiements avec son lot de martyrs, quasi quotidien. Cette inextricable situation libyenne met en exergue l'hypocrisie occidentale, et cache mal les relents revanchards de certains de ses dirigeants sur le régime de Tripoli, qui dans un passé récent, lui faisaient la courbette.
Le Conseil de sécurité de l'ONU, gardien de surcroît de la paix, ne s'embarrasse guère de scrupules, l'or “noir” étant de mise, la célérité démontrée sur le dossier libyen sur la foi d'un battage médiatique très pernicieux, ne va pas sans rappeler le dossier irakien de triste mémoire, la série de mesures imposée : gel des avoirs, embargo sur les armes et limitation des voyages des principaux dirigeants. Et en un temps record, la Cour pénale internationale est saisie, Interpol et ses alertes oranges, entraînent dans son sillage une Union européenne, défendant bec et ongles, le principe d'une “zone d'exclusion aérienne” avec un voile pudique de légalité arabe comme support. Dans cette optique, la Ligue (aux ordres) arabe ne s'est pas faite attendre pour faire exaucer ce vœu, et par le truchement de Amr Moussa, créa un grave précédent contraire à sa charte, en octroyant le sésame légal d'une intervention militaire étrangère sur un de ses pays membres en lieu et place d'une force d'interposition de paix arabe, il faut bien payer au diable son tribut. L'usage de la force étant acquis, les spécialistes des attaques et frappes “chirurgicales” -nous y avons été berné ,cynique métaphore, il n'existe pas de chirurgie sans douleur- s'emploieront désormais à traquer du Khadafi,sans se sourciller des dommages collatéraux. “Casser de l'Arabe” par OTAN interposée.
Mon propos n'est pas de défendre un despote connu et reconnu, mais il est à se demander le laxisme affiché sans ambages des Francais,des Anglais et des Américains durant les émeutes de Tunis et du Caire. Michèle Alliot-Marie n'a pas trouvé mieux que de proposer le “know-how” de la répression aux pays nord-africains, intérêts économiques obligent… “Les grandes puissances n'ont pas de principes, seulement des intérêts” disait un jour Henry Kissinger
Et ce n'est pas sans raison que Benghazi, fief des insurgés libyens, est devenu, l'espace d'un temps, un nid d' espions de tout acabit des puissances mondiales. Le récent fiasco des M16 et des SAS, lors d'une mission “diplomatique” dans la région ,a mis dans l'embarras le gouvernement anglais, même le philanthrope français, à géométrie variable, Bernard Henry Levy, dont la probité intellectuelle, sérieusement émiettée avant et pendant la guerre d'Irak, et du siège de Gaza s'est mis de la partie, par le truchement et la tartufferie du siècle, formulée par la France : le droit d'ingérence humanitaire, que le Conseil de sécurité s'est empressé de voter, et qui maintenant inspire bien des inquiétudes. Il ne fait aucun doute que c'est une véritable épée de Damoclès, prête à frapper pour peu que de sordides intérêts des grands de ce monde soient menacés.
En définitive, il ne faut pas être grand clerc pour deviner les motivations et les guéguerres que se livrent les officines secrètes dans ce tohu-bohu sécuritaire pour se frayer une place bien en vue dans les loges princières du tout nouveau Conseil national libyen et par là-même, s'assurer des 2 millions de barils/jour de l'or noir qu'est le pétrole.
Le zist et le zest affichés par les présidents des pays anglo-saxons et français quant à ce qui ce passe ailleurs, au Yémen, à Bahrein, au royaume wahhabite, en Algérie et au Maroc est du moins très révélateur.
Dès lors continuera-t-on à dire Vox populi, vox dei ?
B. F.
Philadelphia.03/14/2011


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