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“ON UTILISE MAL NOS RESSOURCES”
Abdelhak Lamiri, PHD en gestion, à Liberté
Publié dans Liberté le 14 - 09 - 2011

Dans cet entretien, l'économiste souligne que l'Algérie n'a pas retenu les leçons de la crise financière internationale ainsi que celle de la dette publique en Europe et aux Etats-Unis
Liberté : Quel pourrait être l'impact de la crise de la dette en Europe et aux Etats-Unis sur l'Algérie ?
Abdelhak Lamiri : Les mécanismes de transmission des effets pervers des crises contemporaines sont complexes et multiples. Il y a tout d'abord les effets quantitatifs. Tous les économistes s'accordent à dire que, pour l'économie algérienne, le canal d'impact le plus visible et le plus puissant réside dans les fluctuations des prix de l'énergie qui peuvent être déprimés durablement si la crise mondiale persiste. Au cas où la récession dure au-delà des trois prochaines années, des prix pétroliers au-dessous de 40$ le baril ne sont pas à exclure. Les recettes vont être diminuées de moitié au moment où nous devrions financer les plans de la dernière chance pour la constitution d'une économie efficace, hors hydrocarbures. Les exportations hors énergie, qui peinent à se développer, vont être laminées et passeront sous la barre de 1 milliards $.
Cependant, l'impact le plus important se situera au niveau de la riposte de nos stratèges économiques. La crise des subprimes nous a révélé un phénomène d'une ampleur sans précédent. Partout dans le monde, on a interprété la crise comme une faillite de la régulation des pouvoirs publics. Les Etats ont laissé un secteur financier octroyer des crédits à des agents économiques incapables de rembourser ; et créer et vendre des titres basés sur ces revenus hypothétiques. Le correctif devait concerner un meilleur encadrement de la sphère financière par les régulateurs. Nous avons été le seul pays à conclure que la crise constitue un échec du secteur privé ; et par conséquent le retour à l'étatisme est inévitable. Nous avons produit une fausse conclusion et orienté les politiques économiques vers cette piste sans issue. Il est normal que les entreprises publiques performantes soient financées, mais pas les canards boiteux qui détruisent plus de richesses qu'ils n'en créent. J'ai bien peur que la persistance de la crise ne soit une autre occasion pour conforter nos hauts décideurs dans leurs fausses certitudes. Il y va de l'avenir de notre pays. Nous sommes en train de dépenser une somme astronomique de 500 milliards de dollars qui produira des effets dérisoires sur l'émergence d'une économie hors hydrocarbures. Il est anormal que d'excellents projets privés soient gelés et des entreprises boiteuses soient financées uniquement parce qu'elles sont publiques. Il faut en terminer avec cet apartheid économique.
Quelles leçons devraient tirer l'Algérie de la crise de la dette ?
Il y a énormément d'enseignements à tirer. En premier lieu, l'économie mondiale vient d'entrer dans une zone de turbulences qui risque de durer longtemps. Il faut que l'on apprenne à vivre avec de pareilles fluctuations. La constitution d'un fonds de régulation des ressources a été une décision sage de la part de l'Etat. Il peut servir à atténuer les fluctuations de nos ressources. La seconde leçon est d'ordre général. Les pays qui dépensent peu et rationalisent bien l'utilisation des leurs ressources se portent mieux que les dépensiers à outrance. La dette publique représente 42% du PIB pour la Suède et 145% pour la Grèce. Le premier pays se porte bien parce qu'il dépense peu mais gère efficacement ses ressources. Le second est au bord de la faillite parce qu'il a trop et mal dépensé dans le passé. Les dépenses pharaoniques que nous consentons ne vont pas nous tirer d'affaire ; au contraire elles vont habituer l'économie à vivre des dépenses publiques peu efficaces. Si on alignait nos dépenses publiques sur la moyenne mondiale, nous aurions un taux de chômage de plus de 30%, une croissance nulle et des problèmes sociaux insurmontables. La rente ne peut pas continuer à nous tirer d'affaire au-delà des dix à quinze ans. La leçon la plus importante est la suivante : mieux vaut dépenser peu et bien qu'énormément et sans efficacité.
Pensez-vous que les placements de nos réserves en devises, principalement en bons de Trésor américain, soient judicieux ?
La gestion des réserves de change est une question plus ou moins tranchée par les connaissances économiques. En premier lieu, on commence par énoncer les principes, les objectifs recherchés. L'Algérie a toujours clamé qu'elle valorise la sécurité et la liquidité ; c'est-à-dire ne pas risquer et disposer le plus rapidement possible de ces ressources en cas de besoin. On aurait dû diversifier nos placements un peu plus en achetant davantage de bons allemands, japonais, un peu plus d'or, etc. pour ne pas dépendre des fluctuations du dollar. Actuellement, avec le recul sensible de l'euro, nous sommes dans une position favorable ; mais si le dollar s'effondre nous serions les grands perdants. C'est dire que nous pouvons avoir une meilleure sécurité et liquidité avec plus de diversification. Mais le problème central de l'économie algérienne ne réside pas dans la gestion de ses réserves de change.
Comment expliquez-vous que l'Algérie continue à adopter une position passive en matière de gestion des réserves de change ?
La passivité s'explique par le confort de l'inertie. Nous nous sommes habitués à un management trop simple de nos réserves de change. En premier lieu, il faut une meilleure diversification. En second lieu, on commence à avoir trop de réserves inactives. On a au moins 3 à 4 fois plus que ce qui est normal. Nous avons des investissements étrangers en Algérie (qui peuvent s'effectuer par des nationaux) dont le taux de rendement dépasse les 50% ; alors que l'on gèle des ressources à 3%. Nous n'avons pas suffisamment formé les ressources humaines capables de gérer activement les réserves ou des fonds souverains. Certes, la Chine a investi plus de 1200 milliards de dollars en divers titres financiers américains. Mais le pays consacre la part du lion de ses surplus financiers à l'achat d'entreprises étrangères high-tech, comme IBM PC, pour transférer la science, la technologie et le management dont a besoin le pays pour booster sa puissance économique. La crise mondiale offre l'opportunité d'acheter des entreprises internationales à des prix dérisoires pour booster notre économie. Nous avons là une piste très sérieuse d'une meilleure utilisation des réserves. Mais au-delà de ceci, l'utilisation optimale de nos ressources financières consiste à les transformer en un système éducatif (de la crèche à l'université) de qualité mondiale pour recycler les citoyens opérationnels, en plus de former les nouvelles générations. Nous avons besoin de financer une modernisation technologique et managériale de toutes nos institutions publiques et privées. Le financement de l'économie productive (hors hydrocarbures) est également prioritaire. Il est inadmissible qu'avec toutes les ressources dont nous disposons nous n'avons pas de banques d'investissements. Bien évidemment que beaucoup de personnes bien intentionnées essayent d'y trouver des solutions palliatives, mais, lorsqu'on gère une économie sans vision stratégique, on ne peut que mal utiliser les ressources dont on dispose.


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