Résumé : Après avoir écouté Ammi Ahmed jusqu'au bout, Faouzi reprend espoir. Il doit coûte que coûte rencontrer la famille de Si Mustapha. Mais avant cela, il doit tout d'abord vérifier si Hakima portait une tache de vin sur sa cuisse droite. Pour cela, il contacte Hamid à la rédaction, et lui demande de lui confirmer ce renseignement. Nawel repousse son assiette et se met à détailler Adel. Ce dernier, le moment d'euphorie passé, semblait timide et gêné. Elle sourit en le regardant, et se dit qu'elle était peut-être la seule femme au monde à s'attabler, pour la seconde fois en quelques jours, avec un homme qu'elle connaissait à peine. Ammir Kumar traversa ses pensées. Il l'avait invitée d'une manière un peu chevaleresque certes, mais elle n'avait pu se soustraire à son regard de feu. Et aujourd'hui, il y a ce jeune fou qui a peur d'une injection, mais qui n'a pas hésité non plus à s'imposer à elle. Elle pousse un soupir qui n'échappa pas à son compagnon : - à quoi penses-tu Nawel ? Elle revint sur terre et répondit d'une voix calme : - à ma sagacité. - Ta sagacité ? - Oui. Je ne suis pas une femme facile à inviter. J'ai toujours fui la société, mais il se trouve qu'aujourd'hui, je fais fi de tout bon sens pour te suivre. - Mais il n'y a aucun mal. Je t'ai invitée à déjeuner. - Vraiment ? - Bien sûr. Tu en doutes ? - Tu appelles tout le cirque que tu as fais une invitation ? Adel se met à rire : - Excuse-moi, je t'ai brusquée… Je ne sais pas ce qui m'a pris. - L'atmosphère des hôpitaux ne te sied pas. Tu voulais quitter les lieux au plus vite en “m'emportant” avec toi. Il sourit : - Je ne suis pas non plus comme ça d'habitude. Tu ne m'en veux pas j'espère ? Nawel sourit : - Et si je t'en voulais ? Que ferais-tu ? - Eh bien… Je ne sais pas…Je pourrais peut-être me mettre à genoux comme le faisaient les chevaliers d'autrefois, pour te supplier de me pardonner. Ils rirent, et Adel prend une cigarette et s'apprête à l'allumer. Nawel l'en empêche : - Arrête ça. Je ne supporte pas la fumée de cigarette. Adel se reprend et dépose la cigarette qu'il avait déjà au bout de lèvres. Nawel poursuit : - Si tu veux vivre longtemps et en bonne santé, bannis le tabac de ton quotidien. Adel sourit : - C'est le médecin qui parle. - En connaissance de cause. Si tu continues à me tenir tête, je te promets une belle série d'injections. Adel souriait toujours : - Si tu dois me les administrer de la même façon que la précédente, je m'y prêterai avec plaisir. - Ce n'est pas toujours évident… Je pourrais charger un infirmier de cela. Adel se rembrunit : - Ah non ! S'il te plaît pas ça. Nawel le regarde curieusement : - Tu projettes ta phobie autour de toi… On le ressent si bien qu'on a l'impression que tu portes cette peur depuis des années. Adel hoche la tête : - Tu touches le point culminant. Bravo ! Il se verse un verre d'eau et remplit celui de Nawel avant de poursuivre : - Ma phobie des injections remonte à mon enfance. Un jour, mon père m'emmène dans un hôpital pour un vaccin. Je devais avoir à cette époque quatre ou cinq ans… Il faisait chaud ce jour-là, et il y avait beaucoup d'enfants qui, comme moi, attendaient d'être vaccinés. Mon père s'impatienta et demanda à un infirmier de notre voisinage de passer m'administrer le vaccin le soir à la maison. Ce dernier s'amène avec un arsenal de seringues et de flacons qu'il étala devant mes yeux, avant de préparer l'injection en question. Je pris mes jambes à mon cou. Une course poursuite s'ensuivra à travers toute la maison… On me rattrapa et on me tint fermement devant mon tortionnaire. Ce dernier prendra alors sa revanche et m'administra le vaccin d'une façon si brutale qu'il toucha une veine. Mon sang coula… On prit peur, et on m'emmena aux urgences de l'hôpital. Un autre infirmier me prit en charge et “colmata” ma plaie. L'incident fut clos. Mais depuis ce jour, j'ai développé une phobie pour les hôpitaux, les blouses blanches, et bien entendu les seringues et les injections. Adel prend son verre d'eau et le but d'un trait : - Ce récit est-il suffisant pour vous convaincre docteur ? (À suivre) Y. H.