L'idée d'un musée régional à El-Goléa avait germé à l‘époque coloniale, avant de prendre forme à partir de 1958 pour abriter des centaines de pièces archéologiques, préhistoriques et surtout paléontologiques, sous la notoriété de René Leclerc. Quoi de plus rassurant à ces myriades de richesses et de témoins de la civilisation de l'homme et de l'évolution des espèces que la construction d'un musée. Des transformations ont été alors nécessaires afin de mettre place un musée en bonne et due forme. Si aujourd'hui le musée d'El-Menéa (ex-El-Goléa) regorge de pièces de valeur, de fossiles géologiques et paléontologiques on ne peut plus considérables, il n'en demeure pas moins que ce patrimoine national devra à l'avenir reprendre son statut le reclassant à sa juste valeur. à cet effet, sous le haut patronage du ministère de la Culture et la collaboration des autorités locales et la direction de la culture, la directrice du musée d'El-Menéa, assistée par une équipe de jeunes chercheurs très engagés et convaincus, a organisé des journées d'études sous le thème “Musée, école et tourisme”, et ce, du 19 au 21 décembre 2011. Des représentants de pas moins de douze wilayas y ont pris part. Un panel de spécialistes, chercheurs, universitaires, enseignants et encadreurs associatifs se sont attelés à réussir ces journées d'étude. Tous les intervenants s'accordent à dire : “Combien il serait nécessaire d'œuvrer pour l'extension du musée et à la création de postes budgétaires pour des spécialistes, stagiaires ou diplômés de l'université.” Pour certains, cela relève d'une décision politique. “Pour ce faire, il faudra que chaque partie présente vise des responsables décideurs afin de les convaincre de la justesse d'une telle entreprise”, dira le professeur Djerbal de l'université d'Alger. Pour Mme Chikhi, paléontologue à la retraite et auteur d'un récent ouvrage scientifique (Les collections des fossiles de l'université d'Alger, un patrimoine scientifique et historique, décembre 2011), l'urgence est de prendre une initiative allant dans le sens de la continuation de l'œuvre d'un seul homme (René Leclerc) et faire avec ce qu'il ya. L'idée est “d'établir un classement et redynamiser le travail avec la participation de paléontologues”. “Le musée ne dispose pas encore de normes reconnues dans la façon d'exposer les objets, à l'image d'ailleurs de beaucoup de musées nationaux, c'est ainsi que ces derniers n'attirent pas grand monde chez nous”, dira l'archéologue Aïcha Hanafi. La directrice du musée, Nora Aït Menguellat, qui a dû mettre de l'ordre depuis son installation, annonce la nouvelle : “La direction de la culture procédera à l'extension du musée, et nous sommes sur le point de programmer quelques travaux et réaménagements.” Par ailleurs, notons la même ferveur et le même dynamisme chez l'assistance. Certains témoins de la révolution émettent le vœu de voir un jour érigé un musée ou du moins un stand rassemblant la mémoire vive et les objets en les récupérant. Mme Oubraham Djouher, dans son intervention, osera même comparer nos musées à ceux des voisins du Maghreb ou d'outre-mer. La préhistorienne nous apprend qu'“au moment où les visiteurs se comptaient en millions par an (6 millions au musée Métropolitain, 4 millions au Louvre), le Bardot peine à dépasser le chiffre de 11 000 visiteurs”. Enfin, les multiples échanges d'expériences, de savoir et de savoir-faire pourraient d'ores et déjà jeter les prémices d'éventuelles résolutions et d'une certaine vision beaucoup plus pragmatique à l'avenir. LIMARA B.