Le président sortant, Abdoulaye Wade, sollicite trois ans de plus pour terminer les chantiers d'infrastructures en cours. Son rival Macky Sall, bien placé pour l'emporter aujourd'hui, insiste sur sa volonté de lutter contre les "injustices sociales". Macky affronte M'poti, le vieux Wade, lors du deuxième tour de l'élection présidentielle, dimanche. Mathématiquement, avec 26% des suffrages lors du premier tour et le ralliement de Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, qui ont réuni 13 et 11% des voix, le candidat de l'Alliance pour la république (APR) est le mieux placé pour gagner, mais il n'exclut aucune hypothèse…La campagne électorale s'est très bien passée, elle constitue une leçon de démocratie pour un continent malade de ses dirigeants. Les Sénégalais n'en sont d'ailleurs pas à leur première leçon. Au premier tour, ils avaient déjà asséné le fait que l'Afrique sait ce que sont un isoloir, un scrutin et une vraie élection pluraliste. Le président sortant n'est pas passé comme il le souhaitait et comme l'ont fait ses pairs, comme une lettre à la poste. Il doit retourner aux urnes contre un vrai opposant. Malgré le haut degré de conscience des électeurs sénégalais, Macky reste quant même assez préoccupé par la volonté du président-candidat de créer des contre-feux violents. “Des milices privées auraient été recrutées pour agresser et cela me paraît inquiétant”, a-t-il averti lors de sa dernière sortie de campagne. L'opposition accuse également le président Abdoulaye Wade d'acheter des votes. Le Mouvement du 23 Juin né sur le modèle du Printemps arabe dit détenir des preuves que Wade et son équipe ont distribué des sommes importantes d'argent pour essayer d'acheter le soutien de porteurs de voix ou le vote de simples citoyens. Le camp présidentiel dément et soutient que l'opposition cherche simplement à préparer sa défaite au second tour de l'élection. Reste que la dernière ligne droite du second tour de la présidentielle s'est déroulée sans incidents graves. Pas de heurts durant les rencontres, caravanes, visites de proximité et meetings des deux candidats pour convaincre les électeurs. Wade s'est investi surtout dans la pêche aux consignes de vote auprès des chefs des puissantes confréries musulmanes, avec, jusqu'ici des résultats mitigés. Parallèlement, ses porte-voix ont ciblé les abstentionnistes du premier tour, soit près de 50% de l'électorat. Wade, qui demande à terminer ses travaux “pharaoniques”, autoroute à péage, nouvel aéroport international, s'est évertué à discréditer son adversaire sur la scène internationale. “Laissez-moi trois ans (selon la proposition de l'UA) pour finir mes chantiers”, tel a été son slogan ! Pour sa part, le challenger du chef de l'Etat sortant est revigoré par le soutien de tous les candidats recalés lors du premier tour de la présidentielle, du Mouvement du 23 Juin, regroupant des partis de l'opposition et associations de la société civile et du mouvement “Y' en marre”, ainsi que du roi du m'balax, Youssou Ndour. Ce dernier a déployé énergie et moyens pour mobiliser des foules grâce à son nouveau concept de “village électoral” qui comprend animation musicale, consultations médicales gratuites et forum sous forme de questions-réponses sur l'emploi des jeunes. Macky qui, sur le papier, peut l'emporter avec environ 60% des voix si les appels à voter pour lui des 12 candidats éliminés sont suivis, a demandé à ses partisans de rester vigilants, craignant un passage en force d'Abdoulaye Wade par la fraude. D. B