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Dr Bachir Msitfa, expert en économie, à Liberté
“On a une importante hausse des prix”
Publié dans Liberté le 11 - 04 - 2012

Liberté : Nous abordons la troisième année du mandat présidentiel, quel bilan faites-vous de l'action du gouvernement en matière économique ces trois premières années ?
Bachir Msitfa : Du point de vue de la théorie économique, l'Algérie applique actuellement la politique de la stimulation de la demande interne inspirée de la théorie keynésienne sur l'intérêt et l'emploi. Cette politique se traduit dans le programme quinquennal 2010-2014, qui prévoit la dépense de 286 milliards de dollars US. Sauf que 40% de ce montant sont destinés au parachèvement du programme précédent, celui relatif au soutien à la croissance économique.
S'agissant de l'évaluation des trois dernières années, il y a lieu de constater des résultats palpables dans certains secteurs à fort besoin en investissements comme le bâtiment, les travaux publics et l'hydraulique. Notons aussi une augmentation de la demande des ménages en raison de l'accroissement des liquidités disponibles. À ce propos, il faut relever que les transferts sociaux représentent à eux seuls 35% des dépenses contenues dans la loi de finances et la loi de finances complémentaire pour 2012. Par conséquent l'objectif de stimuler la demande globale a été atteint, ce qui explique la stabilisation du taux de croissance hors hydrocarbures autour des 6%. Par contre au niveau de l'offre, il y a un vrai problème et une structure résultant de l'absence totale d'une politique de l'offre tant au niveau des entreprises du secteur public que privé. La cause en est la politique de la demande reposant sur la politique monétaire de l'Etat. C'est une politique qui est possible en raison de la rente et de l'équilibre monétaire global des recettes du Trésor lors des trois dernières années. Pour preuve, les prévisions de recette des exportations des hydrocarbures avoisinent les 100 milliards de dollars US pour 2012. Il faut souligner qu'une politique de l'offre s'appui sur la réhabilitation des secteurs productifs ; une vision permettant d'atteindre l'équilibre des marchés, et, enfin, sur la performance de la politique monétaire en particulier et économique en général. C'est là des facteurs qui demeurent inexistants en l'absence d'un ministère de l'Economie.
Cette absence de vision se manifeste par des résultats négatifs sur le plan de l'équilibre microéconomiques, avec une croissance tirée uniquement par la dépense publique, une inflation galopante qui a atteint les 9.34% en février dernier pour les produits alimentaires ; un niveau de création de postes d'emplois permanents très loin du niveau que devrait générer un tel niveau de dépenses gouvernementales ; l'augmentation du stock de chômeurs à 1,7 million demandeurs d'emploi ainsi que la faiblesse du tissu national de petites et moyennes entreprises. Pis encore, un faible niveau de création des PME dès lors que les données relevées sur terrain restent en deçà des objectifs tracés en matière d'entreprises productives. À noter, également, l'augmentation des importations pour l'exercice 2011 à un niveau historique représentant 25% du produit intérieur brut ou encore équivalent à 65% des exportations dans un contexte, faut-il le souligner, marqué par l'envolée des prix du brut. Durant la même période, nous relevons un recul de la part de l'industrie dans le PIB à 5% ; la baisse du ratio investissement/épargne global à 50%, ce qui voudrait dire que la moitié de l'épargne public est inutilisée à cause de la faiblesse de l'outil productif.
En définitive, nous constatons une reprise de la demande publique, accompagnée d'un recul relatif de l'offre, ce qui se traduit par une orientation vers une tendance inflationniste aggravée par un chômage structurel. L'effet sur les ménages est ainsi négatif avec déjà une perte de pouvoir d'achat prélude à un prochain recul de la demande interne, ce qui augure de nouvelles difficultés pour les entreprises productives et, par conséquent, sur l'emploi et le budget de l'Etat. À ce propos, je m'attends à plus de déficit dans les prochains budgets.
En 2009, promesse a été faite de créer au minimum 200 000 PME en cinq ans. Les statistiques d'étape sont plutôt pessimistes. Qu'est-ce qui freine l'accomplissement de cet objectif ?
Ce que vous dites va dans le sens de ma première réponse qui veut que le programme présidentiel pour les cinq années de mandature est un programme de stimulation de la demande globale à travers le mécanisme budgétaire s'exprimant à travers la loi de finances et non un programme bâti sur une politique de l'offre, et ce, en raison de l'absence de mécanismes relatifs à l'offre, autrement dit des politiques de production mises en place par plusieurs ministères comme celui de l'économie. Il y a aussi le climat des affaires qui n'encourage pas à la création d'entreprises fortes. Il s'agit essentiellement d'entraves liées à l'administration, au coût du capital, à l'accès au foncier et aux crédits ainsi que la fragilité des instruments de financement comme la bourse. Il y a aussi l'étroitesse du marché intérieur à cause de la faiblesse du pouvoir d'achat des ménages et de la demande globale en dehors de la dépense publique. Le système fiscal, également, freine le développement de l'entreprise par l'effet conjugué de la complexité des procédures en place et du niveau élevé d'imposition. La corruption, pour sa part, annihile tout effort d'émergence d'un marché à la fois concurrentiel et transparent. Je désigne par là les lobbies du commerce extérieur et intérieur qui ne permettent pas au capital national de croître dans la sphère productive.
Plus dangereux encore, la faiblesse des mécanismes du gouvernement apte à administrer les services à destination du secteur privé comme ceux relatifs aux agences, aux programmes de mise à niveau et des fonds de soutien et de garantie des crédits. Cela est dû au fait que ce sont des mécanismes émanant et reposant sur une vision purement politique et non économique qui intègre la réalité des marchés et l'élasticité des forces qui l'animent.
Quelles solutions préconisez-vous pour sortir de cette impasse ?
Il faut dès à présent mettre en place un ministère de l'Economie et du Commerce extérieur pour rattraper le temps perdu dans la mise en place d'une stratégie économique basée sur les vérités du marché. Le rôle de ce ministère sera de définir la stratégie économique du pays à long terme et les politiques sous-jacentes sur le moyen terme ainsi que leur traduction par des programmes d'actions à court terme.
Il définira, également, les mécanismes idéals pour les réformes économiques et prendra les mesures adéquates pour assainir les marchés et orienter le commerce extérieur au profit de l'entreprise productive au lieu des familles commerciales alliées à la politique.
La question du chômage reste cruciale. Des formules ont été adoptées depuis 2008 mais les emplois d'attente semblent constituer l'écrasante majorité des postes créés. Pareillement, les mécanismes Ansej et Cnac sont mis à contribution pour financer des "projets" à la viabilité incertaine. Est-ce la bonne solution ?
Cela confirme à nouveau ma première analyse : nous n'avons de politique solide pour stimuler l'offre. Par conséquent, les politiques fondées sur la demande, le capital et le travail sont inexistantes. C'est ce qui explique la faiblesse de la demande sur l'épargne et de la demande sur la main d'œuvre. Le premier a conduit à la faiblesse de l'investissement privé et le second à un chômage structurel. Notre économie est bâtie sur le budget et l'intervention directe de l'Etat. C'est un modèle économique valable dans le seul cas d'un objectif de croissance globale.
Alors que les objectifs de productivité de l'entreprise et de création de vrais emplois nécessitent une économie fondée sur des politiques de l'offre. Ce sont les politiques de l'offre qui produisent les mécanismes de l'emploi appropriés en se fondant sur un tissu d'entreprises productives et un marché concurrentiel. Par contre, les mécanismes actuels de lutte contre le chômage en Algérie ne sont au mieux qu'un traitement social de la question pour ne pas dire un traitement politique dans une certaine mesure parce qu'ils n'opèrent pas dans l'environnement de l'entreprise mais dans le giron de l'administration.
De même que ces mécanismes n'obéissent pas à des études de marché sérieuses, donc ne reposent pas sur une approche économique qui doit être l'apanage d'un ministère de l'Economie et non de l'administration. C'est pourquoi nous appelons, depuis des années, à la création d'un ministère de l'Economie et du Commerce extérieur.
M. Y.


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