Abbas fait partie des prénoms masculins traditionnels, mais qui jouit, ces dernières années, d'un certain retour. Abbas provient de l'arabe ‘âbbâs ‘'renfrogné, sévère'', et, par métaphore, al ‘Abbâs ‘'le lion'' ; du verbe ‘abasa ‘'prendre l'air austère, être renfrogné, être sévère''. Le prénom connaît, en Algérie, une forme féminine, ‘Abbasia. Parmi les Abbas célèbres, citon Abbas Ibn al Farnas. Issu d'une famille berbère installée en Andalousie aux premiers temps de la conquête, ‘Abbâs Ibn al Farnas est né à Takurunna, dans la région de Ronda, dans la première moitié de 9e siècle. Les sources rapportent qu'il était un esclave affranchi, des Omeyyades. ‘Abbâs est d'abord cité comme poète panégyriste qui exerça ses talents à la cour de Cordoue, mais ses poésies sont aujourd'hui perdues. Il est surtout connu pour avoir ramené, au cours d'un voyage en Orient, le Sindhind, le fameux ouvrage qui contient les formules de calcul indien qui devait bouleverser la numération écrite en Orient et en Occident. Il s'est illustré également dans le domaine de l'astronomie, en perfectionnant les instruments existants. Il passe pour avoir construit des modèles originaux d'horloges et une sphère armillaire. Il a réalisé aussi un planétarium, gigantesque construction qui montre la position des corps célestes, en les disposant dans des salles ou des caisses. On attribue encore à ‘Abbâs Ibn al Farnas l'invention de la fabrication du cristal : en fait il a dû perfectionner les méthodes de taille de ce matériau. Esprit ingénieux, il ne se contentait pas d'étudier les phénomènes naturels : il chercha aussi à les reproduire. C'est ainsi que, subjugué par le vol des oiseaux, il a voulu, tel l'Icare de la légende, les imiter. Il a fabriqué une armature de plumes et d'ailes mobiles, pareilles à celles des oiseaux, et s'est lancé du haut d'une falaise. Il se maintint dans l'espace un certain temps et parvient même à parcourir une distance. Il a raté cependant son atterrissage et s'est fait mal en touchant le sol. Son contemporain, le poète Mu'min, qui était son rival, s'est moqué de lui. En tout cas, ce vol a impressionné beaucoup les contemporains de ‘Abbâs et son exploit fut longtemps évoqué dans les œuvres littéraires et passe dans le romancero espagnol. La performance de ‘Abbâs devait inciter les hommes de science, tels Olivier de Malmesbourg ou Léonard de Vinci, à se pencher sur les possibilités du vol humain. Ces études devaient aboutir, en 1890, au vol plané à la Lilienthal, puis à l'invention de l'aviation. M.A. H ([email protected])