Il semble que les élections locales 2012 connaissent une difficulté inédite : la pénurie de candidatures. Particulièrement celles dites de “remplissage" : celles-ci englobent les candidatures qui, dans une liste électorale, correspondent à la catégorie des suppléants conçue pour parer aux éventuelles défections ultérieures d'élus. Le niveau de difficulté varie, bien sûr, en fonction de l'importance organique du parti, de son degré d'ancrage social et, surtout, de ses chances d'obtenir des sièges dans la commune ou la wilaya considérées. En situation normale, les queues de liste et les places de suppléants sont vouées à des adhérents de partis qui, bien qu'assurés de ne pas être élus, acceptent de se prêter au jeu par devoir militant. Aujourd'hui que la vie politique a été réduite à un simple sport de compétition individuelle autour de positions statutaires, la solidarité organique ne joue plus. Le parti est devenu le prétexte à des ambitions personnelles, là, on servait, collectivement, l'ambition du parti. Le privilège et l'entrisme institutionnel ont pris le pas sur la finalité politique. Sauf à se faire payer, en retour, d'une manière ou d'une autre, il n'y a pas beaucoup de volontaires pour faire les figurants pour servir les ambitions des autres. Dans un univers où la promotion politique doit se traduire en avantages indemnitaires et en opportunités rentières, l'élection locale n'est pas très alléchante, comparée à l'élection législative : ici, le bénéfice économique et statutaire de la fonction s'est fait particulièrement attrayant ; là, une Assemblée communale dépouillée de ses anciennes prérogatives sociales et sans avantages indemnitaires n'est plus si prometteuse. Sans compter que la fonction municipale est devenue un métier à risques. Elle est le terrain de diverses tentations, mais aussi celui du plus grand nombre de cas de sanctions judiciaires des commis de l'Etat : le directeur des libertés et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales rappelait récemment que 289 élus dont 109 présidents d'APC ont fait l'objet de poursuites judiciaires pour différents délits liés à l'exercice de leur mandat (violation de réglementation, détournement de deniers publics, conclusion de marchés contraires aux lois en vigueur). Pour sûr qu'il y ait autant d'indélicatesse que d'incompétence dans ce triste bilan, tant la fonction municipale, trop dévalorisée par l'affairisme et la pratique du trafic d'influence, n'attire plus les candidatures qualifiées pour une réelle prise en charge d'une entreprise de développement local. Les collectivités locales sont ainsi les premières victimes d'une normalisation politique qui a fait des partis des appendices du circuit rentier global. Ce ne sont pas des partis créés par agrément et qui ne sont en rien les produits de mouvements de fond dans la société qui peuvent susciter la structuration d'équipes de gestion locale fondée sur le partage de la préoccupation altruiste de promotion économique, sociale et culturelle de leur localité. À force de vouloir se donner un système politique où un personnel coopté est payé pour étouffer l'expression politique citoyenne, le pouvoir a fini par démobiliser, puis détourner les Algériens de la gestion des affaires de la Cité. On s'occupe tous de “nos" affaires. M. H. [email protected]