Dans le cadre des 3es Journées cinématographiques d'Alger (JCA), qui se tiennent à la Cinémathèque algérienne (26, rue Larbi-Ben-M'hidi, Alger), et qui prendront fin demain vendredi, une série de documentaires ayant pour thème la musique, a été projetée mardi après-midi. Outre la présentation de “Tagnawittude" de Rahma Benhamou El-Madani, ou encore “La Danseuse" d'Abdelilah Al-Jaouhari, et “Mouss et Hakim" de Samia Chala, un documentaire coproduit par le Maroc et le Qatar, portant sur le parcours de la formation mythique Nass El-Ghiwane, a été projeté. Réalisé par Omar Benhamou, “Nass El-Ghiwane" revient sur la naissance, le parcours et l'évolution de chacun des membres de cette formation musicale, qui a apporté un nouveau souffle, comme un souffle révolutionnaire, à la musique marocaine, et celle du Maghreb de manière générale. Ce documentaire de 90 minutes est construit sur plusieurs témoignages de membres du groupe encore en vie, notamment Omar Sayed, Allal Yaâla, et Moulay Abdelaziz Tahiri (membre du groupe entre 1970 et 1974). Les témoignages proviennent également des fans de Nass El-Ghiwane, de membres de l'association éponyme et de personnalités artistiques marocaines, comme le cinéaste Hassan Benjelloun, ou encore l'homme de théâtre, Tayeb Seddiki, auprès duquel Larbi Batma, Boudjemaâ Hagour dit Boudjemiê ont fait du théâtre. Le déclic pour la création d'un groupe musical se produit lors d'une tournée théâtrale à Paris en 1970, suite à l'invitation de Mohamed Boudia. C'est là que les premiers textes de ceux qui vont s'appeler “New Dervich", mais une personne leur suggère de trouver une appellation qui s'inspire de leurs textes pour trouver un nom qui trouvera un écho auprès de la jeunesse marocaine. Avant de détailler le parcours de chacun des membres du groupe qui ont tous été imprégnés par le patrimoine, le théâtre, l'art de la halqa, Omar Benhamou s'est intéressé à “Haï El-Mohammadi", une banlieue de Casablanca, quartier ouvrier qui accueillait en son sein des personnes en provenance de toutes les régions du Maroc. Le réalisateur a réduit, tout de même, l'apport considérable de Maâlem Abderrahmane Kirouj, dit Paco, disparu dimanche dernier (et enterré lundi à Essaouira). Si l'influence de Boudjemiê et de Larbi Batma sont sans équivoque sur Nass El-Ghiwane, l'influence qu'a eu Maâlem Paco l'est tout autant, mais il est dommage que cela n'apparaît pas suffisamment dans le documentaire d'Omar Benhamou, même si certains intervenants dans le documentaires relèvent que Maâlem Paco a travaillé avec des stars mondiales de la musique, comme Jimmy Hendrix, Peter Gabriel ou certains membres de Led Zepplin. Dans le documentaire, le réalisateur n'insiste pas beaucoup (et c'est dommage !) sur le côté subversif de ceux que Martin Scorcese a qualifié de “Rolling Stones de l'Afrique". Le film manque également en images d'archives et en musique, et les seules fois où l'on voit de vieilles images, elles sont projetées sur un grand écran de cinéma. Une manière pour le réalisateur de revendiquer une objectivité inutile. En tout cas, et malgré ses moments difficiles, ce documentaire vient nous rappeler à quel point Nass El-Ghiwane ont été à l'avant-garde. Et comme le dit si bien un informateur dans le documentaire, ce groupe a réussi à réunir trois points importants qui peuvent signifier la recette de leur succès : “Révolution, patrimoine et engagement". S. K.