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Être diplomate à Bagdad…
Avec des algériens d'Irak (II)
Publié dans Liberté le 04 - 01 - 2004

Toutes les ambassades ont triste mine à Bagdad. Après avoir subi les affres de la guerre puis celles des pillages, aujourd'hui, elles ont une autre hantise : les frappes au mortier et au katioucha des groupes de la résistance irakienne.
Le jeudi 25 décembre, en pleine fête de Noël, Bagdad s'est réveillé sur des tirs d'obus terribles. L'un d'eux, rappelle-t-on, avait touché l'hôtel Sheraton-Ishtar au 8e étage (sans faire de victimes), tandis que des colis piégés et des roquettes ont ciblé les ambassades de Turquie, d'Iran et d'Allemagne. Au plus fort des pillages, l'ambassade de la Jordanie a été réduite en poussière. Récemment, une charge explosive a été désamorcée in extremis devant l'ambassade de Tunisie. Celles d'Italie et d'Espagne, pays alliés des Américains, ont été ciblées aussi. L'on se rappelle les 14 soldats italiens tués il y a un peu plus d'un mois lorsqu'un engin a percuté de plein fouet un bâtiment occupé par des carabiniers.
Résultat des courses : toutes les ambassades de Bagdad ont rappelé leur personnel. “Aucun ambassadeur n'est à son poste”, nous confie un diplomate. À la détérioration de la situation sécuritaire s'ajoute un autre facteur : le flou juridique. L'Irak ayant statut de pays occupé, il ne peut pas en bonne logique accréditer les chancelleries étrangères sur son territoire tant qu'il ne jouit pas d'un gouvernement souverain à part entière. S'ensuit que la coalition a levé l'immunité diplomatique et peut perquisitionner n'importe quelle ambassade.
Le corps diplomatique algérien à Bagdad n'échappe pas à la règle. Le quotidien de nos diplomates est pareil, à peu de chose près, à celui des Irakiens : pénuries d'essence et d'électricité, absence de toute hygiène de vie, d'hygiène tout court, climat vicié, peur, terreur, et un avenir en suspens. Notre ambassade est sise au cœur du quartier résidentiel Al-Mansour, un quartier chic et relativement sécurisé. Tout autour du bureau principal de l'ambassade, des sacs de sable. “Nous les avons placés contre les fenêtres pour éviter les éclats de verre en cas de déflagration”, explique M. Chafik Baki, attaché diplomatique à l'ambassade.
L'ambassade algérienne comptait 21 employés : 7 diplomates dont le chef de poste, c'est-à-dire l'ambassadeur, et 14 employés de l'administration, tous des contractuels, des “locaux” comme on les appelle dans le jargon. L'ex-ambassadeur de l'Algérie en Irak, M. Boutoura Mustapha, a été rappelé comme tous les ambassadeurs. Il a été vu à Amman. Sur les 7 diplomates, 5 sont rentrés.
“Quand je pars en mission à Amman et que je regarde les informations à la télé, je n'ai plus envie de revenir. Pourtant, cela fait dix ans que je vis ici”, lance Hocine, un administratif de l'ambassade. “À la télé, on ne voit que ça : bombes, attentats, tueries, fusillades... Ils ramassent toutes les images se rapportant à l'Irak et vous bombardent avec. Alors, quand on est à l'extérieur, on se dit : qu'ils trouvent quelqu'un d'autre. C'est comme lorsqu'on voyait les nouvelles diffusées à propos de la situation en Algérie. On se dit : dès qu'on arrive à l'aéroport, ils vont nous égorger”, avoue un diplomate algérien. Comme le dit le premier responsable de l'ambassade : “Nous dormons le klach à la main.”
Habituellement, les diplomates en poste à l'étranger vivent avec leur famille. Ce n'est plus le cas des diplomates en service à Bagdad en raison du climat de guerre qui pollue la vie dans ce pays. “Je suis obligé de faire tout seul la cuisine. Je m'arrange comme je peux”, dit l'un d'eux, avant d'ajouter : “Je n'arrive pas à m'adapter à la cuisine locale. Le peu que je sais faire est mieux que ce que je trouve ici.” Pour les loisirs, pas la peine d'en parler. Exit les réceptions habituelles qui font corps avec la fonction diplomatique. À Bagdad, la sinistrose est partout et n'épargne aucun corps de métier. “Si je vais au resto, c'est juste pour changer d'air. Et pas question de prendre une voiture diplomatique, elle est vite repérée”, affirme notre interlocuteur.
Eux aussi se sont donc armés d'outils de base pour survivre à Bagdad : un jerrican d'essence, une kalachnikov et une torche électrique ou, à défaut, un paquet de bougies. Et puis, vous ne manquerez pas de voir dans une partie ou une autre de la maison un groupe électrogène. “Encore faut-il trouver le gas-oil pour le faire fonctionner. Il nous bouffe 300 dollars par semaine pour une autonomie de 15 heures d'affilée maximum. Nous sommes obligés d'acheter le carburant au marché noir, et avec ça, il n'est pas disponible.”
L'électricité nationale, “Al-Watania” comme ils l'appellent ici, n'est disponible que quelques heures. En été, Bagdad est une oasis dressée sur un puits de pétrole bouillant. La température atteint facilement les 50°, voire 60°. En Irak, on ne meurt pas que sous les obus. On peut mourir de suffocation par ce climat insoutenable. On peut mourir aussi (et surtout) d'ennui. Et d'attente. La longue attente de ce jour nouveau qui ne veut décidément pas se lever. De fait, à la baisse générale de rythme vu qu'ils ne sont là que pour “garder la boutique”, les diplomates travaillant à Bagdad doivent aussi s'habituer à une certaine… “claustrophobie” : ils sont interdits de sortie, pour d'évidentes raisons de sécurité, limitant au maximum leurs déplacements. Ils sont, ainsi, de facto, en “auto-résidence surveillée”. Et pour traiter avec la coalition, il leur faut faire toute une gymnastique : envoyer un courrier au ministère irakien des Affaires étrangères qui transmettra, puis la coalition qui répond par courrier par la même voie.
“Les ministères en Irak sont devenus des “boîtes aux lettres”, fait remarquer une voix sous cape, avant de nous faire cette confidence : “Je connais le directeur du protocole du ministère irakien des Affaires étrangères qui travaille avec son propre véhicule et qui vit une véritable misère à cause de la panne d'essence. Tout cadre supérieur qu'il est, il fait la queue durant des heures par jour. C'est tout le drame de ce qu'est devenu l'Irak aujourd'hui !”
M. B.
Younès, l'archéologue Kabyle
Nous l'avons croisé par hasard à Bagdad où il était revenu chercher ses relevés de notes pour s'inscrire à des études de post-graduation à la faculté d'archéologie de Amman.
Younès Razkallah, 26 ans, petite barbichette de voyage, était major de sa promotion en Algérie, et même “lauréat” comme il dit, c'est-à-dire “le major des majors” ; un crack. Son monde, ce sont les fouilles et tout ce qui est ancien. Moins de 3 000 ans d'âge, s'abstenir.
Younès est originaire de Bougie, plus précisément d'Akbou. Pendant les événements de Kabylie, il était à Bagdad. “J'ai débarqué en Irak exactement le 2 novembre 2000, mais je ne ratais rien des événements”, dit-il. En Algérie, il avait travaillé sur la période romaine. Au milieu des vestiges sumériens, chaldéens, babyloniens et autres abbassides, il était comme un poisson dans l'eau. L'Irak est certainement le paradis des archéologues.
Younès était sur le point de soutenir sa thèse de magistère, consacrée aux maisons romaines, quand la guerre a éclaté. Il a quitté l'enfer de la guerre in extremis. “le 18 mars au matin, avec mes propres moyens, en compagnie d'un groupe d'étudiants”, précise-t-il. “Je devais soutenir en avril 2003. La guerre en a décidé autrement.” À cause de cette satanée guerre, Younès perd trois ans de sa vie. Pour cause.
L'Algérie a réaffecté les étudiants qui étaient en Irak vers d'autres capitales arabes, chacun selon sa spécialité. Younès se retrouvera ainsi en Jordanie. “Une fois à Amman, ils m'ont dit que je devais tout refaire à zéro, et qu'au maximum, ils me dispensaient de refaire trois modules, car là-bas, ils ont le système modulaire”, explique l'étudiant d'Akbou.
Il est donc venu chercher ses relevés de notes “au moins pour sauver trois modules”, lance-t-il. Que peut-il souhaiter pour 2004 ? “Que toutes les crises connaissent leur dénouement, que ce soit en Irak ou en Algérie, particulièrement la crise kabyle”, dit celui qui se surnomme avec humour “l'arch de Bagdad”…
M. B.
Demain Entretien avec le responsable de l'ambassade d'Algérie à Bagdad


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