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L'ARTISTE PTIT MOH À “LIBERTE"
“Le chaâbi, c'est ma source d'inspiration"
Publié dans Liberté le 31 - 01 - 2013

Chez Ptit Moh, Mohamed Abdennour de son vrai nom, la musique se vit, se ressent et surtout se travaille. Dans cet entretien, il évoque les différentes expériences musicales qui ont enrichi son parcours et permis de créer, en décembre 2010, la formation Ptit Moh Project (qui évolue aussi bien en quatuor qu'en sextuor). Même s'il est discret et n'aime pas beaucoup parler de lui, Ptit Moh est également revenu sur sa rencontre et sa collaboration avec l'un des grands maîtres de la chanson chaâbie, Amar Ezzahi, ainsi que sur l'aventure Gnawa Diffusion.
Liberté : Comment est né le projet Ptit Moh Project ?
Ptit Moh : Avant Ptit Moh Project, il y a eu la formation Djelsa. Plus tard, j'ai arrêté ce projet parce que c'était surtout une histoire d'amitié. C'étaient mes amis, et ce n'était pas vraiment des professionnels. J'avais monté le projet avec le saxophoniste de jazz français, Jef Sicard, que j'ai rencontré dans un big-bang de jazz. J'avais des compositions mais c'était plus un projet d'amitié. Au bout d'un moment, j'ai vu que le projet s'essoufflait. Même au niveau de la qualité du travail, je ne pouvais pas compter sur eux, car ce n'était pas des professionnels. C'était presque une histoire familiale au départ, c'est-à-dire que, musicalement, on ne pouvait pas aller très loin. J'ai donc laissé tomber, notamment par rapport aux projets que j'avais en parallèle. J'étais obligé de travailler et Djelsa était plutôt un projet musical qui me permettait de m'éclater.
Quant à Ptit Moh Project, il est né à la faveur du Festivalgerie (Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes). Les organisateurs m'ont appelé souhaitant me programmer seul. Je ne voulais pas passer en solo, car j'avais des thèmes et je me suis dit que j'aimerais bien être accompagné par des musiciens. J'ai proposé alors un quatuor ; qu'il y ait un piano qui fasse des harmonies, un saxophone qui fasse les thèmes avec moi et une percussion. Et c'est comme ça que le projet a été monté. Lorsqu'on m'a demandé comment je souhaitais qu'on l'intitule, je ne voulais pas trop me prendre la tête, alors j'ai dit Ptit Moh Project. Comme ça, avec cet intitulé, je pouvais développer des projets personnels, comme par exemple le chaâbi cosmopolite.
D'ailleurs, là récemment, j'ai fait un projet avec un guitariste français d'origine espagnole, Juan Carmona, qui joue du Flamenco. Ptit Moh Project est, en fait, un projet qui me permet de faire plein de choses différentes. Je peux faire du rock, du chaâbi pur et dur, comme je peux faire aussi du chaâbi avec du jazz ou du blues, etc.
Mais toujours le chaâbi qui revient...
Bien sûr. C'est quand même ma culture ! Et pour moi, ma culture passe avant tout. Le chaâbi, c'est ma source d'inspiration et c'est une musique qui me parle.
Et comment vous avez décidé de prolonger l'expérience avec cette formation ?
Avec Smaïl Benhouhou, qui est notamment le pianiste de Djamel Laroussi, on a pensé qu'on pouvait prolonger le projet, parce que ça commençait à sonner autrement. On a commencé à bosser tous les deux à la maison. J'avais quelques compositions, je lui ai demandé son avis et on a commencé à monter un répertoire. J'avais l'ancien répertoire, et d'autres morceaux que je n'avais jamais joués avec l'ancienne formation. Je me suis dit qu'il valait mieux partir sur d'autres bases, faire quelque chose de bien propre à ce projet, quelque chose de chaâbi avec un mélange, tout en gardant notre couleur chaâbie, parce que c'est important. Il y a eu aussi un travail sur les rythmes parce qu'on essaie d'utiliser les rythmes algériens, pas spécialement chaâbi.
Le projet est construit autour des musiques traditionnelles algériennes, le chaâbi surtout, fusionné à des expressions occidentales comme le blues, le jazz, le flamenco, etc., comment avez-vous songé à faire ce travail-là ?
En fait, c'est vrai que lorsque je suis arrivé en France, il y a plus de seize ans, j'ai rencontré de nouvelles personnes. Je faisais plein de trucs en parallèle avec des gens qui font du rock, du jazz, du blues ; je suis même parti jouer avec les pygmées au Gabon, j'ai fait plein de créations, j'ai rencontré des musiciens indiens, des américains, etc. En fait, j'ai fait plein de choses et plein de rencontres. Je me suis alors dit pourquoi ne pas faire cela avec notre musique. Notre musique, par exemple, ressemble à la musique indienne au niveau des rythmes, des mélodies, etc. Il y a des morceaux de chez nous, dans le chaâbi, par exemple, qui dès qu'on leur donne une couleur rock avec une guitare rock et des harmonies, on croirait que c'est un morceau rock. Il y a aussi des morceaux qui ressemblent au reggae. Je me suis dit pourquoi ne pas faire une fusion, même si je n'aime pas trop le mot fusion. Je voulais faire quelque chose de la manière dont je la ressens. C'est du ressenti et non pas fusionner un truc dans le sens faire du copier-coller et dire je fais quelque chose de différent. Je fais ce que je ressens par rapport aux musiques que je pratique actuellement. C'est tout, ce n'est pas sorcier !
Pourquoi vous n'aimez pas trop le mot fusion ?
Parce que des fois, il y a des fusions qui ne marchent pas. Lorsqu'on dit fusion, c'est comme si on avait envie de coller quelque chose avec une autre. Je pense qu'on peut les appeler des rencontres où chacun amène son âme, ses tripes. Pour moi, c'est plutôt des rencontres que des fusions. Le mot fusion ne me parle pas, je ne sais pas pourquoi.
Et musicalement, comment ça se passe ?
Je suis un mélomane et j'écoute un peu de tout. À travers cela, je suis inspiré. Bien sûr, il y a l'inspiration et il y a aussi la transpiration ! Je travaille beaucoup aussi. J'essaie de bosser énormément et de réfléchir. On n'a rien créé, parce que certains parlent de création. La création c'est l'affaire de Dieu ! Il y a des choses qui restent ancrées en nous, et on essaie de les faire sortir, selon son goût. C'est une question de goût. C'est comme acheter une maison et la décorer selon son goût.
Votre répertoire s'articule autour de compositions originales et de reprises...
Ce ne sont pas vraiment des reprises. Par exemple, pour le morceau El-Kaoui, je n'ai repris que les paroles, la musique est ma composition, de a à z. Pour, Achaq Ezzine, c'est pareil, la mélodie est ma composition. Les paroles sont reprises parce que je n'écris pas beaucoup. J'écris de temps en temps des petits textes comme ça. J'ai écrit une douzaine de textes, mais ce sont de petits textes, des petites chansonnettes. Nahwa fen bladi, par exemple, ce sont mes paroles. Pareil pour Yobadi. À travers ce morceau d'ailleurs, je rends hommage aux saints de La Casbah (Sidi Bougdour, Sidi Abderrahmane, Sidi El-Ouali Dada, etc.), parce que j'y suis originaire ; mes parents y sont nés. J'évoque également les parents dans ce morceau, qui est à la base, un morceau traditionnel marocain de Gnawa. Mais j'ai utilisé d'autres rythmes, comme par exemple Nesraf au début qui est un rythme andalou, après je suis passé sur un rythme wahrani, et il y a une partie valse. Ce morceau à l'origine, je l'ai composé avec une guitare.
Justement, sur scène vous alternez mandole-guitare...
J'alterne la guitare et la mandole sur le projet. Et sur les enregistrements, je fais un peu de tout : oud, goumbri, banjo. Là où il y a des cordes, je joue. Je gratte un peu de tout.
Vous avez fait vos débuts avec le maître Amar Ezzahi. Parlez-nous un peu de votre rencontre avec lui et de ce que vous avez appris de l'expérience à ses côtés...
La première fois que j'ai joué avec lui, j'avais 17 ans. J'étais fan d'Amar Ezzahi depuis mon jeune âge. J'étais très jeune lorsque mon père (Allah yerahmou) m'a emmené dans une fête de mariage à La Casbah, animée par Amar Ezzahi. À l'époque, j'avais 12 ans, et c'est comme ça que je suis devenu fan de ce grand monsieur, qui est, pour moi, une icône, un grand maître, et une référence, pour moi, dans la musique algérienne. Dans le chaâbi, pour moi, c'est la référence, parce que je l'ai côtoyé, j'ai passé beaucoup de temps avec lui, et je voyais son niveau. Et avec du recul maintenant, je considère que c'est une personnalité hors norme.
Pour ce qui est de ma rencontre avec lui, c'est grâce à ammi Madjid qu'on appelle Tino parce qu'il était beau gosse et avait l'allure d'un Italien. Ammi Madjid Tino me voyait toujours dans le quartier avec une guitare. Il a écouté et aimé ce que je faisais. Un soir, il m'a dit : il faut que je te présente quelqu'un. Lorsqu'il m'a annoncé que c'était Amar Ezzahi, j'avais du mal à croire mes oreilles, et lui ai dit que j'étais un grand fan. Je me rappellerai toujours de la date de ma première rencontre avec lui.
C'était le 2 juin 1983, le mariage de Mourad Ferguène, l'ancien boxeur. C'était la première fois que j'ai rencontré Ezzahi. Je suis monté sur scène en tremblant. Il m'a demandé de m'asseoir à ses côtés. Je tremblais tellement que j'avais le trac. Mais ce n'est que deux ans plus tard, à l'âge de 19 ans, que j'ai commencé à travailler avec lui. Plus tard, lorsqu'il m'a sollicité pour jouer avec lui, il m'a raconté qu'il avait un peu peur pour moi parce que je n'avais même pas 17 ans, j'étais jeune et tout maigrichon, alors que lui travaillait toute la semaine et avait peur que je ne tienne pas le rythme. J'ai travaillé une seule autre fois, un an après la première rencontre. J'ai effectivement commencé avec lui à l'âge de 19 ans, jusqu'à mes 26 ans, jusqu'à ce qu'on s'arrête, après tout ce qu'il y a eu dans le pays. Le travail s'est arrêté, avec tout ce qui se passait, on ne pouvait pas exercer notre métier. Deux après, j'ai fait mes bagages et je suis parti, parce que je me suis dit que j'aimais la musique et que je ne pouvais pas rester sans travail. J'ai alors préféré partir. C'est mon histoire avec Ezzahi, avec lequel j'ai appris beaucoup de choses.
Par exemple ?
Il m'a appris par exemple les modes. Il m'a appris comment jouer lent et rapide. En fait, il me “drivait", il m'apprenait le travail d'un soliste, parce que j'étais soliste avec lui ; j'étais son banjoïste. Il m'a aussi appris la vitesse de réaction, parce que c'était quelqu'un qui improvisait énormément, alors j'ai fini par apprendre ses suites. C'est comme les suites d'accord. Dès qu'il fait une mélodie, je sentais qu'il allait sortir et improviser, et je le suivais. Il m'a donné cette faculté de le suivre spontanément, sans réfléchir. C'est lui qui m'a appris tout ça et ça m'a énormément aidé quand je suis arrivé en France.
Et comment ça s'est passé pour vous lorsque vous êtes parti en France ?
À l'origine, je suis autodidacte. Je n'ai jamais lu la musique, fait une école ou le conservatoire. En fait, je travaille juste à l'oreille. Et quand je suis arrivé en France, j'étais obligé d'apprendre quand même comment ça marche, parce que j'ai rencontré des gens qui parlaient de mesure, de double croche, de noir, contretemps, de contrepoint, et j'étais obligé d'apprendre. J'ai pris des cours particuliers pendant presque trois ans, pour arriver à lire, à déchiffrer la partition, apprendre on va dire l'alphabet de la musique. Mais à l'oreille, j'ai beaucoup appris aussi. Alors je travaille avec les deux systèmes. Je travaille énormément à l'oreille, l'oral, et je déchiffre. Je sais comment ça se passe au niveau de l'harmonie, des accords, etc. J'étais obligé d'apprendre pour pouvoir me débrouiller en Europe.
L'expérience qui se poursuit à présent avec Gnawa Diffusion a également été très enrichissante. Qu'apporte cette aventure à Ptit Moh Project ?
J'ai rencontré Amazigh et j'ai enregistré avec lui, fin 1998, Bab El-Oued Kingston. Il m'avait invité sur quatre titres. Il cherchait après moi parce qu'il souhaitait une couleur chaâbie. Il m'a appelé, et je suis parti les voir à Bordeaux. J'ai enregistré et suis rentré à Paris.
Deux mois plus tard, il me rappelle pour me dire qu'il avait quelques dates et qu'il souhaitait que j'accompagne le groupe dans une tournée. Je pensais qu'il allait m'envoyer quelques dates, mais lorsqu'il m'a envoyé le planning, il y avait dans les 80 dates (l'Île de la Réunion, Norvège, tout le Moyen-Orient, Canada, etc.). J'ai vu cinq ou six dates et je croyais que c'était celles-là que j'allais faire, mais en fait, c'était juste des dates qui attendaient la confirmation. Lorsque j'ai reparlé avec Amazigh, j'ai accepté de tourner avec eux, et c'est parti comme ça l'aventure Gnawa Diffusion. J'ai appris beaucoup de choses avec ce groupe, et Amazigh aussi m'a laissé travailler comme je voulais. Il est très ouvert musicalement. Gnawa c'est un mélange de rock, de jazz, etc., il y a plein d'influences, et j'ai appris beaucoup de choses. Le Gnaoui, je l'ai appris avec eux. J'écoutais un petit peu le Diwane mais ce n'est pas la même chose, je ne connaissais pas vraiment la culture des Gnawa. Et tout ça a une influence sur Ptit Moh Project, car il y a de super musiciens dans cette formation, la première et la deuxième formation. Je ne suis qu'un petit musicien qui apprend tous les jours quelque chose de nouveau pour avancer. Et je travaille durement pour avancer, tous les jours.
L'album Ptit Moh Project sera-t-il prêt prochainement ?
On réfléchit actuellement au lieu de l'enregistrement. On a quelques morceaux prêts. Il y aura une douzaine de titres sur l'album. L'album sortira cette année, d'ici l'été.
S. K.


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