Communément appelés les “artistes", les voleurs de véhicules changent de méthode lors de chaque opération. Il est clair que les services de sécurité adaptent également leurs méthodes d'investigation, mais les automobilistes ne ferment pas l'œil. Y compris chez eux. Ils sont tout simplement traumatisés. Le fléau prend des tournures gravissimes, à tel point où les Algériens doutent, dans leur propre quotidien, de chaque geste qu'ils font pour que leur voiture, fourgon ou camion ne disparaissent pas dans la nature. L'étude et l'analyse rendues publiques par les services de la Gendarmerie nationale sur le vol de véhicules durant l'année 2012 en disent long et interpellent les automobilistes et les propriétaires de véhicules utilitaires ou autres à davantage de vigilance. En effet, les unités de la GN ont constaté 1 102 faits, dont 487 cas en milieu urbain et 615 autres en milieu rural. Selon un document exhaustif, il ressort que 253 cas ont été traités et solutionnés, ayant permis l'arrestation de 528 personnes, dont 10 femmes (227 écrouées) et la récupération de 195 véhicules volés sur les 1 102. Détaillant les faits, la GN précisera que parmi le nombre global des véhicules volés, il a été enregistré 802 vols de véhicules légers et 301 lourds. Il est vrai que par rapport à 2011, il a été enregistré une baisse de 20,43% en matière d'affaires traitées et une hausse de 4,97% en matière de personnes arrêtées (503 personnes arrêtées). L'inquiétude gagne les victimes. Nul n'est à l'abri. L'hiver, la période propice Aussi, les voleurs dominent mieux le sujet en période hivernal (vents, pluie, froid, manque d'éclairage et de visibilité) pour agir. En effet, la plupart des vols ont été commis durant le mois de janvier, où il a été enregistré 128 faits, soit un taux de 11,62%, suivi du mois de novembre et octobre avec respectivement 123 et 116 faits, soit des taux respectifs de 11,16% et 10,53%. Mais pas seulement, puisque l'évaluation du phénomène par mois durant l'année 2012 fait ressortir neuf points importants. À commencer par la nature des affaires constatées. En ce sens, signale-t-on, les différentes enquêtes menées par les unités de la GN, les témoignages et les déclarations des victimes montrent que la majorité des vols sont perpétrés sans violence. Les voleurs préfèrent passer à l'acte sans laisser de traces. Les graphiques en notre possession indiquent que les vols sous la menace de violence sont au nombre de 90 cas, dont 60 réalisés lors des braquages en recourant aux armes blanches (bâtons, couteaux, sabres, bombes lacrymogènes, barres de fer...). Des méthodes classiques aux technologies Mais comment opèrent les malfaiteurs ? Selon le document de la GN, ils utilisent deux méthodes. La première est classique où les voleurs recourent à un matériel simple qu'on peut trouver sur le marché (tournevis, arrache-clous, etc.) alors que dans le deuxième mode opératoire, plus développé, les voleurs exploitent les moyens technologiques, notamment un matériel spécial (une clé standard, un appareil qui permet de désactiver l'alarme à distance, utilisation des clés qui contiennent des puces formatées, etc.). Il faut savoir que les voleurs ne prennent plus de risques et ne s'attaquent plus aux véhicules vétustes. À cet effet, cette étude précise que les véhicules neufs, de différentes marques (asiatique et européenne), sont la cible privilégiée des malfaiteurs. Il a été enregistré 802 véhicules légers et 301 véhicules lourds volés. Ce qui donne une totalité de 1 103 véhicules volés. L'exploitation des différentes personnes arrêtées par les enquêteurs a montré que la plupart des voleurs ciblent les véhicules asiatiques pour deux raisons : la demande grandissante des pièces de rechange et la demande de ces modèles par les revendeurs sur le marché informel. Généralement, les malfaiteurs agissent en groupe, entre 2 et 5 personnes, dont l'âge varie entre 18 et 30 ans, en majorité, suivies des 30 et 45 et plus rarement plus âgées (+45 ans). Au chapitre des horaires choisis pour commettre les forfaits, les “artistes" agissent la nuit, soit entre 20h et 4h du matin. En ce sens, il a été enregistré 636 faits, soit un taux de 58%, alors que 466 vols ont été commis le jour, soit un taux de 42%. Quant aux lieux privilégiés, la majorité des vols sont perpétrés dans les milieux ruraux avec 615 faits et les milieux urbains avec 487 faits. L'étude précisera, en outre, que la moyenne du nombre de véhicules volés par jour est de 3. Ce qui dénote la détermination des réseaux. L'Algérois, la Kabylie et l'Oranie en tête Et si les faits sont concentrés au centre du pays (379 affaires et 119 personnes arrêtées), avec des taux plus élevés, l'Est et l'Ouest ne sont pas épargnés, notamment sur les routes nationales et les chemins de wilaya. Ces affaires sont réparties plus particulièrement à travers les wilayas d'Alger (85 cas), Tizi Ouzou (76 cas), suivies de Blida avec 45 faits et Boumerdès avec 40 faits. En 2e position, l'est du pays, avec 318 affaires et l'arrestation de 180 personnes, dont 91 ont été écrouées et la récupération de 73 véhicules volés. Les wilayas les plus touchées sont Sétif avec 45 cas, Béjaïa avec 41 cas et Constantine avec 30 cas. En 3e position, les unités de la GN de l'Ouest ont enregistré 271 affaires, ayant permis l'arrestation de 149 personnes, dont 48 ont été écrouées et la récupération de 56 véhicules volés. Oran est la plus affectée par ce crime, avec 129 cas, suivi de Mostaganem avec 36 cas et Mascara avec 25 cas. En dernière position, le Sud où il a été enregistré 117 affaires, ayant permis l'arrestation de 68 personnes, dont 29 ont été écrouées et la récupération de 20 véhicules volés. Les wilayas les plus touchées sont Ouargla (60 cas), suivie d'El-Oued (19 cas) et Ghardaïa (18 cas). En dernière position, le sud-ouest du pays est aussi touché avec 13 affaires ayant permis l'arrestation de 8 personnes, dont 4 placées sous mandat de dépôt, et la récupération de 2 véhicules volés. Ce qu'il faut retenir Les services de la GN, à travers les enquêtes menées en 2012, indiquent que les voleurs opèrent beaucoup plus en milieu rural, les endroits isolés et peu fréquentés. Généralement, les véhicules volés sont décortiqués et revendus en pièces détachées avec la complicité de professionnels du métier. Aussi, le passage à l'acte est souvent prémédité et la victime est ciblée au préalable. Les malfaiteurs utilisent des méthodes d'escroquerie et de malice pour piéger leurs victimes, comme c'est le cas dans les agences de location de véhicules. En outre, les malfaiteurs ciblent les victimes étrangères à la localité en les identifiant par le numéro d'immatriculation de leurs véhicules, avant de les pister. Comme ils ciblent ceux qui stationnent leurs véhicules dans la rue (au niveau de leur quartier) ou dans les parkings sauvages. Autre méthode en vogue, ils utilisent la gente féminine afin d'appâter leurs victimes potentielles et les entraîner vers des lieux isolés pour accomplir leurs agressions. Ces faits, précise la GN, sont perpétrés à l'égard des usagers de la route lors d'un stationnement pour divers motifs, sachant que les victimes sont seules, ce qui facilite l'agression. Enfin, selon la GN, les voleurs habitent généralement les environs et les alentours où se déroule l'acte du vol, ce qui leur permet de s'échapper rapidement. Et là, les véhicules volés peuvent être transportés avec l'aide de complice (chauffeur de camion dépannage ou remorquage). La GN mise sur le numéro vert 10 55 La GN a pris une série de mesures préventives et répressives pour lutter contre ce fléau. En plus d'un maillage sécuritaire et des services complémentaires, dans les endroits ayant connu ce genre de faits et l'intensification du contrôle de véhicules, la GN opte davantage pour les patrouilles de jour comme de nuit et la mise en place d'un plan d'action efficace, en sus du contrôle des marchés de vente de véhicules, de pièces de rechange usagées et de carrosseries. En revanche, la GN appelle à la participation des citoyens, via le numéro vert 10 55. Un numéro, rappelle-t-on, qui a sensiblement contribué à la récupération des véhicules volés et au démantèlement de grands réseaux. F B