À en croire nos entrepreneurs, tout baigne pour les affaires depuis que Sellal est arrivé. Pour les entrepreneurs algériens, entendons-nous bien. Les autres, les étrangers, s'ils ne se bousculent pas au portillon de l'Andi, et s'ils se plaignent du climat national des affaires, c'est “parce qu'ils ne connaissent pas l'Algérie", comme nous le disait, récemment, Benhamadi. Pas le ministre, l'autre, celui qui est dans les affaires. En VRP convaincu, le patron de Condor rappelle qu'il y a “plus de facilités pour les investisseurs en matière de douane, de fiscalité et aussi d'aide à l'emploi". Et d'ajouter : “Je ne dis pas que tout est parfait. Il y a un grain de sable, il est vrai mais, c'est parce que des fonctionnaires ne font pas leur travail ou sont malintentionnés." Le frère Benhamadi donne même un exemple miraculeux : “Nous avons pu embaucher 800 employés sans que cela ait un impact sur la masse salariale globale, et ce, grâce aux dispositifs d'aide à l'emploi"... ! Si les entrepreneurs de Ouargla “connaissaient l'Algérie" autant que ceux de Bordj Bou-Arréridj, sûr que l'on n'aurait pas cette inquiétante question du Sud ! Dans la lancée de cette prise de conscience, Réda Hamiani a, de son côté, déclaré “sans ambiguïté" l'adhésion de son organisation “à la politique actuelle en matière économique conduite par les pouvoirs publics", et confirmé “sa disponibilité à travailler sans relâche à son succès". On ignore ce qui, depuis l'avènement du “gouvernement de technocrates", a changé dans le climat des affaires, mais le président du Forum des chefs d'entreprise doit certainement avoir aussi vu ce qui nous aura échappé. Car, enfin, le climat des affaires, c'est bien l'effet conjugué de la législation, de sa gouvernance et des mœurs des responsables politiques et économiques du pays. Or, sur ces points précis, rien de nouveau : pas une virgule de la loi de finances complémentaire pour 2009, qui encadre les investissements étrangers et le financement des importations, n'a été abrogée ; l'Etat de droit qui protège les investisseurs contre la bureaucratie n'a pas encore été institué ; et la pratique des intermédiaires corrupteurs entre investisseurs et responsables politiques vient de se confirmer de manière éclatante. Il y a affaires et affaires. Désormais, il faudrait partir d'une définition claire de ce que l'on entend par “affaires", avant de parler de “climat". Auquel cas Saipem et SNC-Lavalin seraient tout désignés pour saluer ce “climat". C'est dans ce fâcheux contexte que le FCE est venu saluer la naissance du “comité pour l'amélioration du climat des affaires". On ignore d'ailleurs pas pourquoi, puisque son président reconnaît, en même temps qu'il “salue cette initiative", que “ce n'est pas pour autant que les problèmes vont disparaître". En fait, les autorités l'avouent : l'intention n'est pas de faire évoluer le climat des affaires mais d'“œuvrer à améliorer ce classement (153e place en 2012) à travers un véritable travail de communication et de consultation avec toutes les parties prenantes en charge de l'image de l'Algérie et de son environnement des affaires". Un meilleur rang dans le classement “Doing Business" de la Banque mondiale. Une opération qui consisterait à changer le climat sans en changer les données météorologiques. Une opération de blanchiment du climat. M. H. [email protected]