Le consulat de Tunisie ciblé

De violentes émeutes à Tébessa

La foule déchaînée a pris d’assaut l’imposant immeuble abritant le consulat de Tunisie situé dans le quartier chic de Bel-Air. Après avoir saccagé tout ce qui se trouvait à leur portée, les émeutiers ont remplacé l’emblème national tunisien, accroché au fronton de l’édifice, par celui de l’Algérie. Les forces antiémeutes, dépêchées sur les lieux, ont trouvé du mal à repousser les assaillants et maîtriser la situation aux alentours de l’édifice consulaire. Une foule surchauffée faisait face aux forces antiémeutes qui les empêchaient de “forcer la porte de la vieille ville� pour reprendre l’assaut du consulat de Tunisie. Tout le site allant du cinéma Maghreb jusqu’à l’hôpital de la ville, qui lui fait face, ressemble à un champ de bataille. Selon des témoins oculaires, tout a commencé au début de la journée d’hier. Une véritable panique s’est emparée de la population tébessie à la vue des convois de véhicules rentrant au pays via les deux postes frontaliers de Bouchbka et de Ras El-Aïn. Certains nous ont raconté que pas moins de 300 véhicules endommagés sont rentrés à Tébessa dès le lever du jour, et ce, jusqu’à 10h 30, heure de l’éclatement des violences qui ont ciblé le siège du consulat. Nous mêmes, entre midi et 14 heures, avons compté le passage de quelque 20 véhicules, dont un bus, tous dans un état lamentable.
Les récits des “premiers rentrés au pays� n’ont fait qu’attiser la tension. Il faut le dire, chaque famille de Tébessa compte au moins un des siens parmi les 30 000 supporters ayant fait le déplacement tunisien.
Selon un témoin, lui-même portant les traces de blessures, les premières échauffourées ont commencé aussitôt de l’après-midi avant même le début de la rencontre. En possession de tickets pour accéder au stade Taïb-M’hiri, d’une capacité limitée à 18 000 places, des centaines de fans des Fennecs, venus porter leur soutien aux Verts dans leur tentative d’apprivoiser les Lions de l’Atlas, se sont vu interdire l’accès au stade. Une fois le deuxième but marocain inscrit, la sortie des supporters qui étaient à l’intérieur du stade, pourchassés par les policiers tunisiens, a créé la grande confusion. Un autre témoin, d’un certain âge et habitué à passer ses vacances en Tunisie, ne comprend pas le comportement de certains citoyens de ce pays. Il explique : “Connaissant la région, nous avons emprunté des raccourcis pour quitter Sfax. Même les gendarmes tunisiens avaient apprécié notre initiative. Seulement, une fois à l’intérieur du pays, on a été la cible des villageois qui s’en sont pris à nous avec rage�.
Alors que nous quittions la ville, la tension commençait à baisser et plusieurs jeunes ont troqué les pierres qu’ils tenaient par l’emblème national et sont partis dans des… “Viva l’Algérie�.
W. B.