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Dr Mourad PREURE, Expert Pétrolier International, Président du Cabinet EMERGY, à Liberté
"L'Algérie a les moyens d'avoir une grosse production d'hydrocarbures sur le long terme"
Publié dans Liberté le 09 - 10 - 2013

Selon le spécialiste, l'Algérie va vers une nouvelle ère pétrolière et gazière féconde, pour peu qu'elle sache saisir l'opportunité des ressources non conventionnelles, notamment ses ressources en gaz de schiste et qu'elle ait de l'ambition.
Quel est l'avenir pétrolier et gazier de l'Algérie ?
Inutile d'épiloguer longtemps sur le catastrophisme qui entoure nos réserves, je l'ai déjà abordé dans une précédente contribution et montré toute l'inanité et surtout le caractère suspect des conclusions annonçant la fin de l'histoire pétrolière et gazière algérienne. Les nouveaux entrants sur le marché gazier européen au premier rang desquels le Qatar (dont les installations gazières sont singulièrement opérées par des techniciens algériens formés par Sonatrach !) trouvent certainement intérêt à ce climat alourdi davantage encore par toute l'ambiance délétère injustement entretenue autour de Sonatrach et qui la met en danger.
Le fléchissement de notre courbe de production aujourd'hui n'est absolument pas irréversible, loin s'en faut. Il faut considérer que le trou d'air que traverse l'industrie gazière nationale particulièrement n'est pas le fait de conditions naturelles (un épuisement normal des gisements, suite à une exploitation normale), mais l'on a, du fait d'une gestion non orthodoxe du secteur de l'énergie une décennie durant, ralenti l'effort d'exploration sur une trop longue période, brouillé l'image de notre pays devant l'industrie pétrolière internationale, alors que l'Algérie était connue pour le sérieux, l'honnêteté et la compétence des cadres de Sonatrach, par la stabilité et le caractère attractif de sa réglementation, par le caractère hautement prospectif de son domaine minier, affecté gravement par une surproduction et une réduction du cyclage notre gisement de Hassi R'mel (qui est classé comme supergéant et considéré comme l'une des plus belles accumulations de gaz dans le monde) et induit en conséquence des remontées d'eau et une baisse de la production.
Cependant, le sous-sol algérien est très prospectif, autant en conventionnels (d'importantes découvertes sont annoncées qui sont au stade de l'évaluation) que très largement en non conventionnels, et je partage l'avis des experts qui pensent que nous avons les moyens de maintenir une courbe d'offre robuste sur le long terme.
Notre avenir gazier est devant nous, pour peu que nous ayons une vision et une stratégie. Par ailleurs, je suis de l'avis de mon ami Nazim Zouioueche, expert de référence dans l'amont pétrolier, pour dire que l'Algérie est d'abord un pays pétrolier, que les dernières plus grandes découvertes dans notre pays sont des réserves pétrolières. Mais je voudrais vous donner un seul chiffre : Hassi Messaoud, lorsqu'il a été découvert, contenait des réserves en place de 50 milliards de barils. On en a produit seulement 15%, et cela à un taux de récupération de 26 à 27%. Si on augmente le taux de récupération dans ce gisement de 2 à 3% c'est plusieurs décennies de production. Or la technologie (qui évolue très vite par ailleurs) permet d'atteindre dans certains gisements des taux de récupération jusqu'à 70%.
Dans tous les cas, je voudrais insister sur ceci : nous devons opérer un renversement de perspective stratégique et nous définir et nous affirmer comme un acteur pétrolier et gazier non plus seulement comme une source.
Car comme source, nos perspectives et notre potentiel sont limités, mais comme acteur, les perspectives stratégiques sont infinies. La puissance pétrolière et gazière de notre pays réside dans l'expertise et la puissance de Sonatrach, non plus dans nos réserves et production. Il faut créer les conditions pour que Sonatrach s'affirme comme une compagnie pétrolière de référence dans le monde et entre dans le top ten, les dix premières compagnies dans le monde. Il faut la renforcer et lui permettre de faire des acquisitions d'actifs à l'étranger. Ceci doit faire l'objet d'un suivi au plus haut niveau de l'état. En contrôlant des segments internationaux de la chaîne pétrolière et gazière, en acquérant, en découvrant des réserves hors de nos frontières, en accédant à l'aval gazier et à la génération électrique en Europe, en pénétrant par des acquisitions le secteur des renouvelables, en se plaçant en position de veille dans l'électronucléaire, elle se renforcera, ouvrira des perspectives stratégiques réelles à notre pays, à nos PME, à nos universités et garantira l'indépendance énergétique de l'Algérie sur le long terme, elle décuplera la puissance de notre pays.
Comment, selon vous les hydrocarbures peuvent-ils révolutionner l'industrie pétrolière et gazière et, considérant les importantes réserves dont nous sommes crédités, que devons-nous
faire ?
La scène énergétique est aujourd'hui marquée par de profonds bouleversements, où les hydrocarbures non conventionnels jouent un rôle majeur. Le changement est multidimensionnel et prend tantôt une dimension politique, tantôt technologique, tantôt il se manifeste dans de nouveaux comportements consuméristes. Les mutations à l'œuvre dans l'économie mondiale, qui prennent la forme d'une crise systémique aiguë, sont dans le fond portées par l'émergence d'un nouvel ordre consacrant un nouveau leadership (on pourrait dire un nouveau paradigme de gouvernance mondiale).
En effet, nous sommes résolument entrés dans l'ère post-Yalta. Cinquante-ans durant, nous avons connu un monde bipolaire, puis depuis la chute du mur de Berlin, vint un monde unipolaire traversé par de fortes convulsions. Aujourd'hui naît sous nos yeux un monde multipolaire où se négocient dans la douleur les nouvelles règles, le nouveau leadership. L'énergie sera la clé des équilibres géopolitiques de demain, car les ressources fossiles s'épuisent en même temps que les nouveaux pôles de la croissance mondiale se caractérisent par une boulimie énergétique dont on ne connaît pas les limites. Les prix du pétrole exercent un effet de levier aujourd'hui aux états-Unis et à long terme en général sur le développement des gaz de schistes. Car les prix pétroliers, du fait de l'épuisement des réserves, sont orientés structurellement à la hausse. Les structures recelant ce type de gaz contiennent aussi des liquides dont la valorisation favorable rentabilise la production, car les prix du gaz (3,5 dollars le million de BTU au Henry Hub) sont nettement en deçà des coûts de production qui se placent autour des 5 à 6 dollars le million de BTU. L'exploitation des gaz de schistes restera durablement coûteuse et non rentable par elle-même, car les plateaux de production des puits sont très courts.
Cependant, les volumes de ressources en jeu sont tels, à mon avis, qu'il ne peut pas ne pas y avoir de révolution technologique qui permettra leur production à un coût optimum et avec un impact environnemental maîtrisé. Les thèmes technologiques sont ouverts. La fracturation hydraulique, excessivement polluante et consommatrice d'eau, laissera place à d'autres technologies vraisemblablement : fracturation pneumatique, par arcs électriques, etc. De même, les recherches se dirigent aussi vers les additifs chimiques qui seraient biodégradables, voire vers le traitement des rejets. En règle générale, il faut considérer que les périodes de prix élevés (nous en connaissons une aujourd'hui) précèdent toujours des révolutions technologiques et accompagnent une nouvelle géopolitique des réserves.
Comme les chocs haussiers de la décennie soixante-dix ont précédé et rendu possible le développement de la mer du Nord et des zones de production hors Opec en général, avec le progrès technique qui a permis le développement des plates-formes semi-submersibles qui ont permis de produire au-delà de 300 m de tranche d'eau, puis les barges à positionnement dynamique pour des profondeurs atteignant 1000 m et plus.
Sur le plan des technologies d'exploration et de production, les années quatre-vingt ont apporté les évolutions révolutionnaires dans l'imagerie du sous-sol, comme la sismique en trois dimensions, et dans le forage avec le measurment while drilling qui a fait que le forage n'est plus une opération aveugle, ce qui a permis le développement des forages dirigés, des forages mutidrains, horizontaux et à grand déport. Ces révolutions technologiques ainsi que cette nouvelle géopolitique des réserves induite ont consacré la suprématie des pays OCDE et renversé durablement le rapport des forces engendré par les nationalisations et les chocs haussiers des années soixante-dix. Aujourd'hui aussi nous vivons un nouveau bouleversement, avec d'abord le découpage à la tronçonneuse de la géopolitique des réserves du Moyen-Orient que l'on a obligeamment affligée du doux patronyme de "printemps arabe". Les révolutions technologiques à l'œuvre, encore une fois rendues possibles par les prix élevés du pétrole, vont consacrer cette fois-ci la marginalisation définitive et irréversible des pays producteurs, qui prendra la forme d'un new deal consacrant le remodelage du paysage pétrolier avec de nouveaux oligopoles, de nouvelles "seven sisters" englobant compagnies pétrolières internationales de référence et compagnies nationales représentant les pays à fortes réserves.
La révolution des gaz de schistes y est une pièce maîtresse, car elle a consacré l'indépendance énergétique américaine ou du moins l'indépendance des états-Unis par rapport au pétrole moyen-oriental. C'est une évolution considérable qui nous place résolument dans une perspective d'après-Yalta. Depuis la rencontre entre le président Roosevelt et Ibn Saoud en 1945 sur le croiseur Quincy dans les eaux du golfe Persique, rencontre qui a consacré la prise de contrôle du Moyen-Orient pétrolier par les états-Unis, la révolution des gaz et pétrole de schistes est à mon avis le plus important événement de l'histoire pétrolière. Là aussi, sur le plan des technologies de production, outre tout ce qui concerne les hydrocarbures non conventionnels (et il faut y inclure aussi les pétroles extra-lourds et les schistes bitumineux), d'autres révolutions technologiques sont à l'œuvre avec l'offshore profond et ultraprofond aujourd'hui au-delà d'une tranche d'eau de 2000 m, demain de 3000 m.
Enfin, la transition énergétique depuis un modèle carboné vers un modèle non carboné, non fossile est une autre dimension des changements à l'œuvre. Dans ces conditions, on comprend bien qu'il serait irresponsable pour Sonatrach d'ignorer le développement des schistes qui révolutionneront la géopolitique des hydrocarbures de demain et rebattent les cartes, car les ressources sont plus proches des zones OCDE et des pays émergents grands consommateurs.
L'importance des ressources nationales en non conventionnels doit être considérée comme une chance pour nous de nous affirmer comme un acteur énergétique non plus seulement comme une source. Elle doit ouvrir des perspectives à notre industrie et nos universités, au même titre que les renouvelables d'ailleurs. Nos ressources en gaz conventionnels et non conventionnels ainsi que l'expertise indiscutable de Sonatrach dans toute la chaîne gazière nous qualifient pour être un des acteurs clés dans le remodelage à l'œuvre de la scène énergétique internationale, où le gaz sera l'énergie à la plus forte croissance. Il s'agit pour Sonatrach de se placer dans une position de veille active, d'acquérir des entreprises intervenant dans les non-conventionnels.
Les opportunités existent, car comme toute industrie émergente elle connaît une évolution darwinienne, les entreprises prennent des risques et se fragilisent ce faisant. Au vu de notre potentiel naturel et de son expertise, Sonatrach peut construire des partenariats avec des leaders dans des conditions favorables, ce qui lui ouvrira des perspectives stratégiques, lui permettra d'accéder à des théâtres d'opération extérieurs, d'accélérer son développement technologique.
K. R
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