L'absence d'observateurs européens pour superviser l'élection du 17 avril est-elle à même de jeter un peu plus de discrédit sur le scrutin présidentiel ? Pour enlever toute connotation politique au refus diplomatique de l'UE d'apporter sa caution à l'élection, Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, a tenté hier, depuis Bruxelles où il participe à la conférence internationale sur la prévention aux génocides, d'expliquer que la décision de la Commission européenne "pourrait" être motivée par d'autres raisons que la date tardive de l'arrivée de l'invitation du gouvernement algérien. Ramtane Lamamra, qui justifie ainsi qu'Alger a bel et bien sollicité les observateurs européens au moment voulu, ajoute que "la non-présence de l'Europe n'est pas un handicap", car, a-t-il ajouté, les autorités algériennes ont invité des représentants des organisations internationales dont l'Algérie fait partie. Il s'agit, en fait, de la Ligue arabe, de l'Organisation de la conférence islamique et de l'Union africaine. Le ministre a précisé que les invitations ont été envoyées dès la promulgation du décret présidentiel portant convocation du corps électoral. Lamamra a informé, d'autres part, que les autres organisations ont décidé d'envoyer des précurseurs et en mobilisant des contingents importants pour superviser l'élection. "On peut se demander si l'UE n'a pas d'autres raisons que la date d'arrivée de cette invitation et je pense que ces raisons sont d'ordre budgétaire et organisationnel", a encore justifié le MAE, en ajoutant, toujours au conditionnel, que "la décision européenne pourrait être aussi motivée par le fait que l'Algérie n'était pas programmée dès le début dans l'agenda de l'UE, alors que la Mauritanie et l'Egypte le sont". Par ailleurs, le chef de la diplomatie algérienne, qui se dit respecter la décision "souveraine" de l'Europe, a indiqué que "certains de nos amis européens ont des réflexes autocrates". C'est là justement que la déception d'Alger se fait sentir. Le MAE, qui monte au créneau pour qualifier la décision de l'UE "d'autocrate", pourrait refléter la gêne des autorités algériennes d'avoir perdu un allié comme ce fut le cas lors des législatives de mai 2012. Pour rappel, lors de ces élections, le chef de la mission européenne, José Ignacio Salafranca, a été accusé par les partis politiques "d'avoir négocié le contenu de son rapport avec les autorités algériennes". Plusieurs formations politiques avaient accusé les observateurs internationaux de servir de trompe-l'œil "à une mascarade électorale". D'autres, pourtant ayant participé au processus électoral et proches du pouvoir, ont également dénoncé des résultats "préfabriqués". M. Salafranca avait évoqué, dans son rapport final, "le bon déroulement du scrutin sur ses aspects techniques". Ce à quoi le porte-parole de la délégation européenne avait répondu aussi que, globalement, les élections se sont bien déroulées du point de vue de "la bonne organisation logistique". Pour la prochaine présidentielle, Ramtane Lamamra a conclu que "le gouvernement algérien n'en fait pas une montagne de cette affaire". M. M Nom Adresse email