“La campagne sera féroce�

Couverture de la présidentielle

C’est ce qu’a déclaré, hier, Abdou Benziane, lors du premier forum organisé par Al Djazaïr-News.
La presse privée et publique ainsi que la Télévision nationale et leur rapport avec l’élection présidentielle ont fait, hier, l’objet d’un débat à l’occasion du premier forum de notre confrère Al Djazaïr News tenu à l’hôtel Sofitel, à Alger. Les trois conférenciers Abdou Benziane,— ex- DG de la télévision — Ghassan Abd El- Khaleq, président du club de la presse arabe et Walid, journaliste indépendant, ont passé en revue l’évolution de la presse algérienne et son interaction avec le débat politique ambiant. Tous les intervenants ont noté la “vitalité de la presse� algérienne et sa “diversité� mais surtout sa “liberté de ton extraordinaire qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde arabe, pas même au Liban�.
L’expert libanais Ghassan a mis l’accent également sur la richesse du débat politique en Algérie, même si parfois cela “frise la dérive�. Abdou B., qui passe pour être l’un des spécialistes des médias chez nous, fait lui un constat sans complaisance du paysage médiatique national imputant cependant une grande responsabilité au pouvoir par rapport aux outrances constatées dans le traitement de l’information en cette période électorale. Abdou B. résume sèchement : “la presse indépendante est en ordre de bataille.� Contre Bouteflika bien évidemment. Plus critique encore, l’ancien DG de la télévision nationale dit déceler des “déchets techniques� au sein de la presse privée et qu’il y a, d’après lui, “des journaux de mauvaise qualité comme il existe de grands journaux�. Abdou pense qu’il est “impossible� de stabiliser la situation actuelle de la presse à la veille de l’élection dans la mesure où il n’y a pas d’instruments de régulation et que la télévision nationale “est prise en otage�.
Là aussi, il impute la responsabilité au pouvoir qui a dissous le conseil supérieur de l’information alors qu’il a gardé la loi de 1990. Il pointe aussi un doigt accusateur en direction des autorités qui ont fait de la télévision et de la presse publique un “instrument de propagande� fermé à l’expression plurielle. “Quand on monopolise les médias publics, on ne doit pas s’attendre au même contenu dans la presse privée, ce sont les deux extrêmes�, assène Abdou Benziane.
Au passage, il écorchera Bouteflika qui a publiquement déclaré, lors de son passage à l’émission politique Baramidj, qu’il n’a pas l’intention d’ouvrir le paysage audiovisuel s’il venait à être réélu. “Je ne suis pas d’accord avec M. Bouteflika, la société algérienne a prouvé qu’elle est prête au débat contradictoire et au pluralisme médiatique et cela se vérifie avec les journaux privés�.
Si l’expert reconnaît que beaucoup reste à faire ou à parfaire dans la presse indépendante, il n’en tire pas moins une fierté de ce qu’il y a beaucoup de journaux et autant de grilles de lecture. “Je ne suis pas satisfait de tout ce qui s’écrit en ce moment mais je ne suis pas non plus d’accord avec Bouteflika parce qu’il y a réellement une demande sociale pour une télévision privée�.
Interrogé sur la couverture médiatique de la campagne électorale, Abdou B, tout en affirmant qu’il est “prématuré de la juger�, il prédit une “campagne féroce et sans pitié car la présidentielle du 8 avril constitue un tournant dans la vie politique nationale�. Il pense que la campagne de 1999 a été de loin “plus belle et plus passionnante jusqu’au retrait des six�. Abdel Khaleq Ghassan soutient, quant à lui, que la notion “d’indépendance� est relative et qu’elle n’existe même pas dans les démocraties avancées. “Vous savez, même Le Monde ou le Washington Post choisissent leur camp durant les échéances électorales, il y a, néanmoins, un minimum d’objectivité à observer�.
Cet expert libanais regrette néanmoins que “le commentaire ait pris le dessus sur l’information dans la presse algérienne�, précisant par ailleurs que les “journaux sont libres d’avoir des penchants politiques�.
Le troisième conférencier, lui, s’est félicité de “l’extraordinaire liberté de ton de la presse privée� mais reproche aux journalistes de n’avoir pas “suffisamment analysé� les programmes des candidats à la présidentielle.
H. M.