Le chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaâ, s'est rendu lundi à Paris pour une visite de deux jours au cours de laquelle il était accompagné de plusieurs ministres, et d'une délégation d'hommes d'affaires conduite par Mme Bouchamaoui, présidente de la centrale patronale. La composition de la délégation traduit clairement l'intention du Chef du gouvernement tunisien, qui est allé en France à la recherche d'un soutien économique et financier pour tenter de relancer la machine économique qui est entrée dans une phase de léthargie depuis trois ans et qui se trouve, aujourd'hui dans l'impasse. Le programme de cette visite comprenait, outre les entretiens classiques avec son homologue français et le président François Hollande, des rencontres avec des hommes d'affaires du Medef pour les inciter à investir davantage en Tunisie. C'est, en fait, le but principal de M. Jomaâ qui, assuré de l'aide publique promise, il y a, quelques mois, par le chef de l'Etat français et confirmée, récemment à Tunis, par son ministre des Affaires étrangères, cherche à établir des relations stratégiques avec l'ancien colonisateur et premier partenaire européen de son pays. Il devrait, en effet parler de la situation économique, sociale et sécuritaire de la Tunisie pour inciter les hommes d'affaires à investir en masse en Tunisie. Car, bien que le pays ait un besoin urgent d'aide pour combler le déficit budgétaire, M. Jomaâ pense beaucoup plus à la création d'emplois et au développement continu qu'aux correctifs conjoncturels. M. Jomaâ a qualifié ses entretiens à Paris de "cordiaux et constructifs". Qu'entend-il par "constructif" ? Est-il parvenu avec ses interlocuteurs français à la satisfaction des besoins de la Tunisie en matière d'aide et d'investissements ? Sur ces points, rien n'a été divulgué et rien n'est précis. Cependant, les observateurs se fondant sur les déclarations du ministre français des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Laurent Fabius, estiment qu'il serait parvenu à ses fins, du moins en partie à propos des plus importantes questions examinées, à savoir la coopération économique, l'aide financière immédiate et le volet sécuritaire, c'est-à-dire la lutte contre le terrorisme. À ce sujet, le chef de la diplomatie française avait dit ouvertement que si la Tunisie le demandait, la France l'aiderait dans la libération de ses deux otages en Libye. D'ailleurs, le Chef du gouvernement tunisien a affirmé que la menace terroriste existe et que les deux pays travaillent ensemble pour y faire face. De son côté, le Premier ministre français, Manuel Valls a affirmé que la France ne laissera pas tomber la Tunisie, déclarant "qu'il y va de l'intérêt de la France et de l'Europe de soutenir la Tunisie dans cette phase transitoire de son histoire". Pour rappel, la France avait promis 500 millions d'euros comme dons et prêts et a accepté le réinvestissement de 60 millions d'euros de la dette tunisienne. Autre question dont rien n'a filtré : le marché d'hélicoptères que l'ex-chef du gouvernement Ali Larayedh avait promis de conclure avec la France. M. Jomaâ a-t-il entériné ce marché ? Rien n'est moins sûr, faute de temps et de moyens de paiement. Les caisses sont vides et, constitutionnellement, son mandat ne dépassera pas la fin de l'année en cours. Cette visite devait avoir lieu les 1er et 2 avril et elle a été ajournée à la demande de la partie française, préoccupée à cette date par les élections municipales. En trois mois, Jomaâ a visité sept pays à commencer par l'Algérie suivie du Maroc, de cinq pays du Golfe et des Etats-Unis d‘Amérique. Avec ces pays, il consacré tous ses efforts et ses entretiens au développement de la coopération bilatérale. Avec la France, il a cherché à "gratter" encore plus pour que l'aide promise soit, substantiellement, augmentée. Dans ce contexte, rappelons que l'aide française à la Tunisie se chiffre actuellement à 10 milliards d'euros, soit 10% de l'aide mondiale. M. K Nom Adresse email