Sur fond de conflit israélo-palestinien

Dix-Septième sommet ordinaire de la Ligue Arabe

Les observateurs du monde arabe restent sceptiques quant à une issue positive de ce sommet.
Trois thèmes domineront ce rendez-vous des rois, chefs d’État et de gouvernement arabes à Tunis. Outre les réformes de l’institution elle-même, le sommet discutera du projet américain de démocratisation du Moyen-Orient et surtout de la gênante question du conflit du Proche-Orient.
En effet, dans cette conjoncture marquée par le terrorisme d’État qu’Israël a adoptée pour se débarrasser des leaders de la résistance palestinienne, il apparaît inapproprié de parler de plan de paix. L’absence à ce rendez-vous du président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, empêché de quitter son quartier général à Ramallah par l’armée israélienne, n’arrange point la situation pour les participants. Devant cet état de fait, il est impossible d’aborder le sujet sereinement. L’assassinat du chef spirituel du Hamas a complètement chamboulé cette réunion au sommet. Le plan de paix saoudien qui devait être étudié à cette occasion sera certainement remis aux calendes grecques, car il serait “inopportun qu’une initiative de paix émerge de ce sommet en ce moment de colère dans le monde arabe�, comme l’a affirmé l’analyste Turki Hammad établi en Arabie Saoudite.
La gêne est d’autant plus grande lorsque des manifestants arabes dénoncent l’impuissance de leurs gouvernants à défendre les Palestiniens et demandent l’ouverture des frontières pour permettre aux “soldats du djihad� d’aller combattre Israël. Le dossier sera d’abord traité par les ministres des Affaires étrangères réunis en conclave, depuis hier, dans la capitale tunisienne, avant d’être soumis aux souverains, chefs d’État et de gouvernement aujourd’hui. L’ombre de cheikh Ahmed Yassine planera sur les travaux de ce sommet. Selon les experts des questions du Moyen-Orient, il est fort probable que le sommet aboutisse à un appel aux Américains pour qu’ils s’impliquent davantage dans le processus de paix et empêche Israël d’agir à sa guise. L’autre sujet qui sera abordé et qui semble sérieusement préoccuper les dirigeants arabes, notamment ceux du Moyen-Orient, est l’initiative américaine visant à démocratiser cette région du monde. L’on se rappelle encore des réactions hostiles émanant notamment du raïs égyptien et du roi saoudien, qui y ont vu une “ingérence� dans les affaires intérieures de leurs pays. Hosni Moubarak avait même déclenché une offensive diplomatique au cours d’un périple européen dans le but de s’allier certaines puissances occidentales contre l’Administration Bush. Ce sera l’occasion de réitérer le non aux Américains. L’autre point à l’ordre du jour est relatif aux réformes de la Ligue arabe, que beaucoup de membres considèrent comme dépassée par les événements. Plusieurs propositions de réformes ont été présentées au secrétariat général de l’institution. Comme de coutume, les divergences sont nombreuses et il est impossible d’aboutir à un accord sur la question. L’Égypte, juge et partie, grâce à l’avantage du poste de secrétaire général dont elle détient le monopole, cherchera à faire passer son projet de réformes agrémenté de retouches jordaniennes. La résistance ne fera pas défaut, quand on sait que beaucoup de membres ont une vision différente du sujet.
Enfin, des informations sur le probable report de ce sommet ont circulé avec insistance. Cela a conduit Amr Moussa, le secrétaire général de l’institution, à tenir une conférence de presse vendredi pour rassurer quant à la tenue du conclave. “Le sommet se tiendra à la date prévue, et il n’est pas question de le reporter�, a-t-il notamment déclaré à la presse. Cela étant, les observateurs s’attendent à ce que la montagne accouche d’une souris, à l’instar de tous les sommets précédents.
K. A.