Résumé : Le temps s'écoulait sans que pour autant elles ne se soient calmées. Chaque jour, elles trouvaient un prétexte pour se quereller. Karima se comportait mal avec son mari. Ouacila ne cessait d'implorer Allah pour que son fils prenne une seconde épouse... Karima ne s'était pas arrangée avec le temps. Elle était devenue colérique et insolente. Elle entrait en conflit tous les jours que Dieu faisait avec Ouacila. Celle-ci n'y allait pas par quatre chemins et s'en remettait à Allah. - Ya Karima, Allah yaâtik derba ! Elle priait pour qu'Il lui donne un coup et qu'elle puisse assister à ce spectacle. Pendant ce temps, Mohamed, en bon gestionnaire, acheta un terrain et un local dont il confia la gestion à sa mère. Contre l'avis de son mari, elle établit un registre du commerce. - Je suis mon fils les yeux fermés, et s'il faut que j'aille en prison après, j'irais ! Je suis prête à tout pour lui ! Mes oiseaux sont bien éduqués ! Jamais ils n'ont fauté durant leur jeunesse, alors pourquoi l'un d'eux le ferait-il maintenant ? C'est ainsi que le local transformé en bureau de tabac et journaux vit le jour. Ouacila surveillait les comptes au quotidien et lui montrait la recette le soir. Comme depuis toujours, "Mra ouness", la mère courage, participait aux achats du local en plus de la gérance. Mohamed avait réussi à l'éloigner de la maison où l'ambiance était électrique. Ce nouvel environnement lui permit de respirer et de se faire de nouvelles connaissances. Ouacila était ravie, et le soir elle avait plein de choses à leur raconter. Karima était révoltée d'avoir à rester à la maison et du manque de confiance de son mari. Elle aurait pu assurer la gestion. Elle était jeune. Il aurait pu lui donner l'occasion de faire ses preuves. Elle se révolta un soir alors qu'il traînait encore dans la cuisine. - Tu ne penses qu'à ta mère ! Nous, on n'existe pas ! - Laisse-moi tranquille ! Fiche-moi la paix ! Et bonjour les dégâts ! Il ne s'attendait pas à ce qu'elle fasse de sa vie un enfer. Tout en ayant un œil sur le commerce, Ouacila continuait à surveiller ses petits-fils. Ils avaient arrêté leurs études au cycle moyen. Mohamed les avait obligés à suivre des formations professionnelles ponctuées d'attestations. L'un devint cuisinier et l'autre électricien. Des emplois éphémères étaient occupés, épisodiquement, sans stabilité et sans avenir. Ouacila était malheureuse en les voyants ainsi. Elle n'avait jamais apprécié que Karima ne suive pas ses conseils. Si elle l'avait écoutée ou lui avait permis d'assurer leur instruction sans s'en mêler, ses petits-fils ne seraient pas dans cette situation. - A cause de toi, mes petits-fils sont la honte de leur père ! - Bof ! iichou bark ! Qu'Allah leur prête longue vie ! Ce sont des garçons ! Ils gagneront leur vie comme tout le monde ! - Karima, prends exemple sur moi ! Tu sais comment j'ai élevé mes enfants, avec un père chômeur ! - Ce temps est révolu ! - Tu le regretteras plus tard ! La famille eut d'autres soucis, en particulier avec le patriarche qui avait une santé fragile. Les symptômes de la maladie d'Alzheimer commençaient à se manifester. Il avait des changements d'humeur, oubliait trop souvent pourquoi il était sorti, ses affaires, les noms de ses amis. Il avait un problème de langage. Toute la famille le surveillait. Mohamed était stressé. Quand il était au bureau, il ne cessait d'appeler pour savoir comment il allait et quelle gaffe il avait fait. Il n'avait plus envie de rentrer à la maison. En plus des querelles des deux femmes de sa vie, il avait mal de voir son père ainsi. Il commença à prendre l'habitude de rentrer très tard à la maison. Parfois, il restait discuter au téléphone avec une inconnue. Ils avaient sympathisé depuis quelque temps, et les jours où ils ne se parlaient pas, il lui semblait avoir manqué un moment important. Un moment vital... (À suivre) A. K. Nom Adresse email