Résumé : Nora ne voulait pas assister à la soirée, mais c'était compter sans Fares. Ce dernier, vint la retrouver pour l'inciter à se joindre aux autres. La soirée s'annonçait gaie. Nora est vite emportée dans ce tourbillon de joie et de musique. Fares lui propose de danser mais elle refuse et se contente de regarder les autres s'amuser. Elle allait répondre, lorsque la vieille dame qui venait de se rasseoir auprès d'elle, après avoir fait quelques tours de danse dans les bras d'Angelo, lui prend le bras : -Dora... Tu es mariée ? La question posée sur un temps pourtant très simple et très franc, la déroute. Elle ne voulait pas raconter sa vie, et se contente de répondre : -Non... Non, je ne suis pas mariée. -Une femme aussi jeune et aussi belle que vous devrait profiter de la vie Dora... Ayez au moins un petit ami. Elle regarde Fares et sourit avant de poursuivre : -Fares est très gentil, et je suis certaine que vous vous entendrez à merveille. Nora rougit, et le jeune homme s'empresse de prendre un air détaché pour répondre : -Nora est libre de choisir ses amis... Elle doit gérer sa vie comme elle l'entend. -Oui. Je ne dis pas le contraire, lance la vieille dame, mais une femme aussi ravissante se devrait de penser un peu à elle. Nora ouvrit la bouche pour répondre, puis se ravise. Elle n'est pas obligée d'argumenter sa situation. Cette femme voulait juste lui faire une petite remarque sur sa façon de vivre. À vrai dire, tout le monde dans la pension était intrigué par sa discrétion et son isolement. Elle sourit à la vieille dame qui se levait : -Je vais danser encore un peu... J'avoue que mes rhumatismes me font souffrir, mais tant que mes jambes bougent, je n'aimerais pas rater l'occasion. La soirée se déroula dans une ambiance très sympathique. Tour à tour, les hommes avaient invité Nora à danser, mais elle avait poliment décliné à chaque fois. Fares ne l'invita pas. Il connaissait sa réponse, et évitait de se faire rabrouer. On avait découpé le gâteau, et Maria avait versé du thé pour tout le monde. Nora prend son assiette et alla s'asseoir dans le fauteuil le plus reculé. L'homme d'affaires la rejoint et lui lance une boutade : -Alors on a peur de se faire bousculer ? Elle lui sourit : -Parfois, il faut savoir prendre ses distances. -Pas trop cependant... Surtout à votre âge ma chère demoiselle. La vie est beaucoup plus gaie lorsqu'on sait l'apprécier à sa juste valeur. Il s'éloigne en brandissant son index, et Nora se dit que ce soir, elle avait réellement pris conscience de l'image qu'elle donnait. Chacun la prenait pour ce qu'elle n'était pas. Elle repense au passé, et aux bons moments qui avaient filé comme le vent. Aujourd'hui, elle se devait de reprendre pied et de faire face à ses déboires. Elle dépose son assiette sur une petite table, et s'étire avant de bailler. Elle avait sommeil. La fatigue de la journée se faisait ressentir. Elle se lève alors et souhaite une bonne nuit à l'assistance avant de monter dans sa chambre. Fares lui sourit. Il était heureux de l'avoir persuadée de se joindre à eux ce soir. Le week-end suivant, Nora décida de faire un tour en ville pour s'acheter quelques affaires. Elle venait de recevoir son premier salaire, et Mme Claude lui avait même rajouté un petit pourboire. Elle était si contente de ses services qu'elle ne jurait plus que par elle, et avait été jusqu'à lui proposer de partager son appartement. Nora hésitait encore à quitter la pension. Elle n'était pas sûre non plus de rester dans cette ville où on commençait à la connaître. Le boulanger, l'épicier, la pharmacienne et quelques voisins la saluaient quotidiennement et faisaient toujours un brin de causette avec elle. Elle était respectée et appréciée, mais l'ombre de Achour planait sur elle telle l'épée de Damoclès. Elle avait toujours peur qu'il la retrouve ou que la police ait écho de sa présence chez Mme Robert. Sa logeuse la traitait avec beaucoup de sympathie, elle n'aimerait pas lui causer des ennuis. On était dimanche. La seule journée où elle pouvait se reposer et dormir un peu le matin. Elle s'était levée un peu avant 9 h. Après le petit-déjeuner, elle avait pris son sac à main pour flâner à travers les grands quartiers. Les magasins fermaient entre 12h et 15h pour marquer la fin de semaine. Nora avait encore deux bonnes heures devant elle pour faire ses achats. Elle se permet une petite tenue de sortie, une paire de chaussures et quelques lingeries, puis quelques produits d'entretien et de beauté. À vrai dire, elle n'aimait pas trop se maquiller, mais Mme Claude l'avait encouragée à user de temps à autre de quelques cosmétiques. Les femmes sont nées pour être belles. Et elle possédait déjà une beauté naturelle destinée à être mise en valeur. La vieille dame lui avait demandé d'abandonner sa queue de cheval et de laisser ses beaux cheveux bruns flotter sur ses épaules. Cela la rajeunissait et lui donnait un air de madone qui n'était pas pour lui déplaire. Nora avait suivi ses conseils. Au point où elle en était, elle avait besoin de se sentir de temps à autre dans sa peau. Un peu comme un naufragé qui s'accrochait à un rocher, alors que la rive est encore loin. Ses paquets dans les bras, Nora s'apprêtait à rentrer à la pension, lorsqu'elle se rappela qu'elle devait s'acheter une boîte d'aspirine, et quelques vitamines. Ces derniers temps, elle souffrait quotidiennement au petit matin de vertige et de nausées, et parfois même de vomissements. (À suivre) Y. H.
