La démarche solitaire de Bouhara

Il veut un congrès refondateur du FLN

Abderrezak Bouhara se distingue par une vision singulière du règlement la crise au FLN. Ce sénateur, désigné par le président Bouteflika, explique dans une contribution rendue publique, hier, la nécessité d’organiser un “congrès refondateur du parti�. Comment ? En le précédant d’une “conférence nationale préparatoire au congrès�. Cette conférence, dont il recommande la tenue dans un délai d’un mois, devrait concerner, dira-t-il, “exclusivement des militants ayant la qualité de membre d’une structure organique, d’élu ou de haut responsable au sein des institutions de l’État et des organisations sociales et syndicales�. L’objectif de cette rencontre étant, note-t-il, d’“arrêter le projet de l’ordre du jour et du règlement intérieur du congrès et de discuter les avant-projets de résolution du congrès�. La conférence, de l’avis de Bouhara, devrait déboucher sur l’élection “d’une direction provisoire� du FLN, la définition de la date du congrès et la constitution d’une commission devant présider à sa préparation. Dans sa contribution, le sénateur évoque deux variantes de la composante des participants à la conférence nationale : la première devrait regrouper jusqu’à 600 personnes constituées de cadres dirigeants, d’anciens membres de l’instance exécutive nationale, des militants qui ont exercé ou qui exercent de hautes responsabilités au sein de l’État et des organisations sociales et syndicales, des militants membres du Conseil de la nation, des militants ayant assumé les fonctions de mouhafadh, les coordinateurs de wilaya du mouvement de redressement, des membres du CC du VIIe congrès élus par leurs pairs au niveau des wilayas…). La seconde variante devrait réduire sa composante à 350 participants. S’en suivra ensuite la tenue du congrès proprement dit. Les travaux de ce dernier devraient s’articuler essentiellement autour de “l’avenir du FLN, ses grandes finalités politiques pour le prochain cinquantenaire ainsi que sur des thèmes, tels que la réconciliation nationale�.
La proposition formulée par le sénateur du tiers présidentiel concernant l’élection “d’une direction provisoire du FLN�, lors de la conférence nationale n’est pas dénuée d’arrière-pensées politiques.
À plus forte raison émanant d’un fervent supporter du président Bouteflika ayant fait campagne pour lui. Cette proposition signifie que Bouhara ne reconnaît pas la légalité de l’actuelle direction du FLN. Et le recours à la tenue de la “conférence de préparation du congrès� s’apparente à une parade dont l’objectif étant de contourner l’obligation de se conformer au cadre légal du VIIe congrès pour la tenue des huitièmes assises du parti de la majorité. N’est-ce pas que Bouhara déclare dans l’entame de sa contribution que “les comportements antidémocratiques et les pratiques d’enfermement sectaires qui ont dominé les VIIe et VIIIe congrès ont exacerbé toutes ses contradictions internes�. Pour autant, la démarche de Bouhara est aux antipodes de celles prônée par le comité des “douze� de Abada et le mouvement dit de “redressement� piloté par Abdelaziz Belkhadem qui insiste sur l’impératif d’un cadre légal pour la tenue du congrès. N’ayant reçu aucune adhésion ni audience auprès des militants FLN à ses propositions de sortie de crise maintes fois rendues publiques dans la presse, Abderrezak Bouhara persistera-t-il dans sa démarche solitaire où beaucoup le soupçonnent de vouloir prendre la direction du parti ?
N. M.