Un parti unique peut en cacher un autre

Alliance présidentielle

À bien des égards, l’alliance présidentielle apparaît comme un prélude à la normalisation de la vie politique.
Le fait mérite sans doute d’être relevé : Des partis que beaucoup de choses séparaient jusque-là , qui s’échangeaient même des “amabilités�, jusqu’à un passé très récent, transcendent “leurs divergences� pour mettre sur pied une structure désignée sous le vocable “d’alliance présidentielle�. Un peu à la manière de l’UMP française, la comparaison est d’Ahmed Ouyahia, ce nouveau pôle politique, dont les mobiles de la création n’ont rien à voir au demeurant avec ceux de son “sosie� français, ambitionne de “renforcer les conditions pour la réussite du programme de Abdelaziz Bouteflika�. Voilà l’objectif stratégique de ce cocktail “islamo-nationalo- démocrate�. Il y a aussi, comme le relèvent les trois compagnons de “fortune�, le souci de conférer à la pratique politique un cachet de “professionnalisme�. Dans cette optique, de nouveaux mécanismes de fonctionnement viennent d’être envisagés. Ainsi, dans le règlement intérieur paraphé par les trois partis, avant-hier, il est prévu la création d’une structure de direction, composée des présidents des trois partis pour diriger l’alliance ; d’une commission nationale mixte composée de trois représentants de chaque parti, espèce d’exécutif puisqu’elle se réunira chaque mois et endossera autant les dossiers que le suivi du programme sur le terrain ; d’un conseil national qui comprendra tous les membres des structures exécutives des trois partis, une sorte de structure consultative, à laquelle échoira le rôle d’évaluer, une fois par an, le travail de la commission mixte, et enfin de deux structures de coordination au sein de l’Assemblée et du Sénat qui seront composées des chefs de groupes parlementaires. Bref, tous les attributs d’une formation politique. Pourtant, à la question de savoir si ce pôle peut se transformer à la longue en grand parti politique, les trois partis sont formels : “Chaque parti gardera ses différences.� Faut-il alors prendre pour argent comptant les confessions d’un Ahmed Ouyahia, par exemple ? À vrai dire et à bien y regarder de près, l’on est bien face à une nouvelle forme de restructuration de la carte politique. Face à l’atomisation du pôle démocratique, la neutralisation du courant “dur� de l’islamisme, tout porte à croire que ce nouveau phénomène, pour reprendre encore une fois Ouyahia, constitue le prélude à la mise en place d’un grand parti “unique�, espèce de relique du FLN avec une façade démocratique. Preuve en est, l’essentiel des partis qui composent l’alliance sont issus du pouvoir ou ont évolué à sa périphérie.
Un FLN que la conscience collective confond avec le pouvoir depuis l’intronisation du défunt Houari Boumediene, un RND créé dans les “laboratoires du régimeâ€�, pour reprendre l’expression d’hommes politiques de l’opposition et qui, pour rappel, a accaparé la majorité parlementaire en 1997 grâce à une fraude inédite dans l’histoire et enfin un MSP, créé par l’appui de certains cercles décideurs pour contrecarrer à l’époque un FIS menaçant. Réfractaire à  toute forme d’évolution, frappé de “stérilitéâ€�, le régime aura ainsi à travers cette “allianceâ€� réussi à normaliser la vie politique. Il restera alors aux autres partis le choix de rejoindre la “courâ€� ou de disparaître. D’où sans doute cette formule subtile d’Ouyahia : “On invite les autres au café…â€�Â
K. K