En se présentant avant-hier devant les membres de la commission des affaires économiques et financières au Conseil de la nation, le ministre des Finances, Mohamed Djellab, a livré un message qui fait froid dans le dos des Algériens, habitués, jusque-là, à une gestion populiste de la rente pétrolière. Si l'on se fie aux dires du ministre, les citoyens doivent, désormais, se serrer la ceinture et se préparer à payer rubis sur l'ongle des prestations sociales assurées jusqu'ici par l'Etat. Le message aurait pu passer si le grand argentier du pays avait pris le soin d'évoquer dans son exposé la part d'effort que l'Etat algérien est appelé à consentir pour faire face à l'impact de la baisse des prix des hydrocarbures sur les cours mondiaux et ce que cette évolution du marché charrie comme fonte des recettes engrangées en devises étrangères. L'Etat ne doit-il pas commencer par donner l'exemple à ce propos avant de réclamer quoi que ce soit aux administrés ? Les pouvoirs publics poursuivent, en effet, leur politique de dépense irréfléchie sans se soucier des conséquences que cela peut avoir sur les finances du pays, et l'Etat avec ses démembrements continue à fonctionner comme si de rien n'était. Si le pouvoir politique a réellement l'intention de préparer l'Algérie à un passage dans les meilleures conditions de la crise financière qui pointe déjà, il devrait d'abord commencer par envoyer les signaux nécessaires à la société, à défaut de quoi ses mesures ne susciteront que contestation et désapprobation. Et lorsqu'on évoque la réduction du train de vie de l'Etat, cela ne doit pas être un vain mot. Les pouvoirs publics doivent lui donner un contenu par les actes et des mesures concrètes, comme par exemple la réduction, par le biais d'artifices à trouver, des salaires astronomiques des principaux responsables de l'Etat et des parlementaires, mais aussi des énormes avantages qui leur sont accordés. Autre idée à cogiter dans le même ordre d'idées, celle de donner un coup de fouet aux dépenses liées au fonctionnement de nos représentations diplomatiques dont les effectifs, trop pléthoriques, grèvent lourdement les dépenses publiques. Un pays comme le Danemark avait montré la voie à ce sujet, il y a quelques années, lorsque son gouvernement avait, pour raison d'économie, annoncé la fermeture d'un certain nombre de ses ambassades, dont celle d'Alger. Les immenses recettes engrangées, depuis le début des années 2000, grâce aux revenus des hydrocarbures, ont malheureusement contribué à donner à nos dirigeants des réflexes dépensiers immodérés, voire démesurés. La dotation des parcs automobiles des institutions, à commencer par la présidence de la République et les corps de sécurité, la gendarmerie et la sûreté, notamment, de véhicules de dernière génération par centaines, voire par milliers, a coûté à l'Etat des milliards et des milliards. Sur un autre volet, l'Etat a continué à dépenser sans compter pour renflouer les caisses d'entreprises publiques grabataires par le biais de subventions ou de plans de sauvetage qui découlaient plus d'une politique populiste et électoraliste que d'une réelle volonté de sauver un outil de production bénéfique pour l'économie nationale. Mais tant que l'argent coulait à flots, cela ne semblait pas choquer outre mesure. Mais, aujourd'hui que la vache à lait donne déjà des signes avant-coureurs de tarissement, cette politique dépensière outrancière commence à livrer ses méfaits dans toute leur splendeur. H. S.