Après deux ans de formation continue, ils se retrouvent privés du droit d'obtenir l'agrément nécessaire à l'exploitation d'une agence de voyages. On aura tout vu et tout entendu dans ce pays. Et la dernière aberration nous vient de l'Ecole nationale supérieure du tourisme et d'El-Aurassi et de sa tutelle qui, visiblement, distribuent des diplômes... sans valeur, mais pas gratuitement. C'est du moins ce qui ressort de l'histoire rocambolesque relatée par un groupe de diplômés indignés par "autant de mauvaise foi" alors que les textes réglementaires sont clairs à ce propos à tous les niveaux. "Nous étions aux portes de l'école comme il est d'usage pour acheter les diplômes des étudiants fraîchement licenciés. C'est une pratique connue de tous. On nous a expliqué alors que nous avions les qualifications nécessaires pour rejoindre l'école supérieure d'El-Aurassi et prétendre à un diplôme en bonne et due forme comme cela se fait avec des ministères et autres entités à travers des conventions", commencent par expliquer nos interlocuteurs. Et de poursuivre : "Nous nous sommes alors inscrits pour deux années de formation comme il est stipulé dans le contrat contracté avec les responsables de l'ENST. En contrepartie, nous nous sommes acquittés de la somme de 600 000 DA chacun pour nous retrouver avec un diplôme qui ne nous ouvre pas droit à l'obtention d'un agrément pour l'exploitation d'une agence de voyages. Imaginez alors notre désarroi", dénoncent-ils, invoquant "le refus" de la commission des agréments découlant du ministère du Tourisme et de l'Artisanat avec pour motif "manque de qualification". Les diplômés de l'Ecole supérieur du tourisme d'El-Aurassi s'interrogent alors "sur quelles bases décide-t-on des qualifications de chaque titulaire d'un diplôme de l'ENST et quelle valeur donne-t-on à cette formation ?". La loi est pourtant claire là-dessus et stipule dans le décret exécutif n°200-48 du 1er mars 2000 fixant les modalités de création d'exploitation des agences de tourisme et de voyages qu'il suffit de "justifier son aptitude par un diplôme d'études supérieures en tourisme et en hôtellerie". Les étudiants lésés frappent alors à toutes les portes pour chercher un brin d'explication à "cette injustice à leur égard" . En vain. Au ministère du Tourisme, le chef de cabinet serait loin d'être sensibilisé et ne trouve même pas l'utilité d'expliquer de telles aberrations. "Allez demander l'agrément à ceux qui vous ont délivré le diplôme", s'est-il contenté de répondre au porte-parole des étudiants plaignants lui indiquant que "seule la formation de bac + 4 était valable". Une formation à laquelle sont admis certains élèves qui ne disposent pas de la moyenne de 12/20 pour accéder à l'école. Une correspondance émanant du SG du ministère du Tourisme en date du 22 juillet 2014 est pourtant claire sur la question. Rien ne va plus à l'ENST La formation dans le domaine du tourisme, qui fait débat depuis déjà quelques années, se retrouve aujourd'hui à la croisée des chemins avec un niveau d'instruction qui laisse à désirer et des moyens dérisoires mis à la disposition des professeurs. C'est souvent une contribution personnelle qui est de mise de par le dévouement de ces hommes et femmes de métier qui le pratiquent par passion. Aujourd'hui, certaines voix s'élèvent pour dénoncer haut et fort une situation qualifiée de "critique" qui sévit au sein de l'école et qu'elles ne manquent pas de porter par écrit à travers une correspondance adressée à la tutelle. L'on relève, en premier lieu, cette curieuse demande de "la validation du programme de licence GHT par le ministère de l'Enseignement supérieur en juin 2012". Il est question aussi de "l'arrêt du programme de recrutement depuis 2013 malgré la disponibilité de postes budgétaires et la régularisation de paiement des enseignants intervenant dans le programme de perfectionnement et de recyclage dans le cadre des opérations OHB". La saignée ne s'arrête pas là et comprend "la mauvaise gestion du budget de fonctionnement de l'établissement notamment pour ce qui concerne la prise en charge des étudiants" sans occulter "l'ingérence intolérable dans des dossiers relevant de la pédagogie". Cela a trait, selon les plaignants, "au concours d'accès en 1re année (dossiers non conformes aux conditions), à l'intervention dans les résultats de délibérations de fin d'année, du début d'année universitaire tardive et de perturbation dans le calendrier pédagogique par un programme de formation des enseignants qui n'a donné, en réalité, aucune plus-value à ces derniers". La liste énumérée ne s'arrête pas là et concerne, par ailleurs, "la démission du président de CPS et usurpation de son poste, le blocage et l'attribution des bourses de courte durée au profit d'enseignants et le détournement du budget qui leur est alloué chaque année". La missive adressée au chef de cabinet du ministère du Tourisme parle également "de non-respect du corps enseignant" et révèle que "les étudiants continuent à recevoir les enseignements avec les moyens didactiques classiques et aucun module n'est dispensé avec des logiciels" en plus du fait que "le LMD n'a pas encore été adopté et l'école continue avec le système classique bac + 4 sans aucun poste de postgraduation (ni mastère ni doctorat)". Ils réclament, en définitive, l'ouverture d'une enquête pour faire la lumière sur de graves dépassements. N. S.