Zeddam Aïcha est en passe de boucler son neuvième mois de sit-in devant le siège de la wilaya de Relizane, rappelle une correspondance adressée par le bureau local de la LADDH au nouveau wali de Relizane et dont une copie a été transmise à notre rédaction. Exclue de son logement de fortune, le 3 décembre 2014, suite à l'éradication du bidonville de Oued Djanti organisée sous les auspices de la daïra de Zemmora, elle a élu domicile, en compagnie de son fils âgé de 5 ans, depuis le 20 décembre dernier, devant le parvis de la wilaya de Relizane. Le représentant de l'ONG dresse un sévère réquisitoire de la gestion de l'opération de résorption de l'habitat précaire organisée par les autorités locales de Zemmora et de ses retombées sur les plans tant social qu'humain. La LADDH inscrit au passif du chef de la daïra de Zemmora et de l'ex-wali de Relizane le calvaire vécu par cette famille monoparentale. La Ligue dénonce ainsi "la mauvaise foi" des services de la daïra de Zemmora qui ont multiplié les embûches devant elle afin de la décourager de faire valoir ses droits. C'est ainsi que, faisant fi du statut de femme répudiée de cette mère de famille, la daïra a argué le fait qu'elle n'avait pas droit à un logement du fait que son ex-conjoint avait déjà bénéficié d'un LSL (logement social locatif) à Sétif. Ce prétexte fallacieux ayant été éventé grâce à la production d'un arrêt du tribunal spécifiant expressément son statut de femme divorcée, les responsables de la daïra ont tenté de justifier l'injustifiable par le fait que Zeddam Aïcha était originaire de la commune de Dar Ben-Abdallah et non de Zemmora, alors que la carte d'identité de la malheureuse délivrée par cette même daïra prouve le contraire. Ayant épuisé son "arsenal d'artifices bureaucratiques", l'administration adopta une autre approche, celle du "bâton et de la carotte". On fit ainsi miroiter à l'infortunée protestataire la perspective de bénéficier d'un logement social lors d'une hypothétique distribution de logements à venir à Zemmora, alors qu'au moment des faits et même à l'heure actuelle, une quarantaine de logements RHP sont encore vacants, souligne le représentant de la LADDH. La tactique de la carotte ayant fait long feu, on passa à celle du bâton. Une véritable campagne d'intimidation de la part de responsables locaux afin de mettre fin au sit-in de cette femme réduite à l'état de SDF a été instituée. C'est ainsi que la DAS (Direction de l'action sociale) s'est brusquement rendue compte, plusieurs mois après le début de sa protesta, que son enfant était en "danger moral" et l'a fait interner de force à l'asile des personnes âgées de Relizane. Elle nous dira, après sa fuite, s'être retrouvée enfermée avec les aliénés mentaux errants que la police avait "raflés" pour les soustraire à la rigueur de l'hiver. Ce n'est que suite à un sursaut d'indignation de la société civile de Zemmora et un communiqué virulent de la LADDH qu'on lui permettra de reprendre son sit-in devant la wilaya. Depuis, aucun responsable local n'a daigné mettre fin au calvaire de cette famille. Le précédent wali qui "a brillé par son apathie", selon la LADDH, a préféré éluder le problème, refilant à son successeur la "patate chaude". Le cas Zeddam Aïcha est emblématique à plus d'un titre. Elle réunit tous les critères de l'exclusion et de la précarité à son degré le plus extrême : elle est femme, sans emploi ni qualifications, et chef de famille monoparentale. Elle symbolise avec sa petite famille, le destin des petites gens, des sans-voix, des "sans-dents", des éclopés de la société, abandonnés au bord de la route, délaissés dans le meilleur des cas sinon broyés par un système inhumain. M. S