L'ancien président du FCE, Réda Hamiani, estime que l'aggravation de la fiscalité et la dépréciation du dinar pourraient compromettre la réalisation de l'objectif de 7% de croissance en 2019 que le gouvernement s'est fixé. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) souhaite que le gouvernement revoie certaines dispositions de la loi de finances complémentaire 2015 (LFC-2015). Il s'agit, notamment, du taux de l'impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) imposé au secteur des services et celui de la taxe sur l'activité professionnelle. "Nous allons revenir à la charge, dans le projet de loi de finances 2016, pour revoir l'IBS sur les services", a indiqué, hier, Abdessemed Salah Eddine, vice-président du Forum des chefs d'entreprise (FCE). Pour M. Abdessemed, le secteur des services, qui est très important en termes de création d'emplois et de contribution au produit intérieur brut, ne peut, en aucun cas, subir le même régime fiscal que les importateurs. "Les services représentent une part importante du PIB. Nous avons un gisement important d'investissement dans ce secteur", a-t-il souligné, lors des "Débats du FCE", un rendez-vous mensuel que l'organisation patronale veut instituer comme un nouvel espace de débats et d'échanges autour de dossiers économiques de l'heure. Le premier invité des Débats du FCE était le directeur général des impôts, Monsieur Abderrahmane Raouya. Le DG des impôts est revenu sur les dispositions de la loi de finances complémentaire. Il a cité le taux de l'impôt sur les bénéfices des sociétés fixé à 19% pour les activités de production de biens, 23% pour les activités de bâtiment, de travaux publics et d'hydraulique, ainsi que les activités touristiques et thermales, à l'exclusion des agences de voyages, et 26% pour les autres activités. Il a évoqué, également, le taux de la taxe sur l'activité professionnelle ramené à 1%, sans bénéfice des réfactions pour les activités de production de biens et 2% pour les activités du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique avec une réfaction de 25%. M. Raouya a, également, parlé des mesures de simplifications au profit des entreprises et de réajustements de certaines taxes, entre autres la taxe foncière. "Ce sont des mesures d'annonce", a indiqué le DG des impôts, plutôt que d'un dispositif qui s'applique immédiatement. Le DG des impôts a annoncé qu'une grande opération de recensement sera menée dans les prochains mois pour identifier l'ensemble "des occupants", pour l'application de la taxe foncière à partir de 2016. Concernant l'IBS sur les sociétés, il a laissé la porte ouverte. "Le projet de loi de finances 2016 est encore en discussion. Nous pourrons en discuter et nous verrons ce que l'on peut faire. Dans la situation actuelle, l'Etat ne peut se permettre des moins-values. Il faut trouver le juste milieu", a-t-il souligné. L'ancien président du FCE, Réda Hamiani, a relevé l'aggravation de la fiscalité dans la LFC-2015. Selon lui, la diminution de l'IBS prévue dans la LFC-2015 ne concerne que 5% du produit intérieur brut. "En aggravant la fiscalité et quand on met en parallèle le glissement de la parité du dinar, l'économie algérienne se trouve dans une situation contraignante", a-t-il indiqué, estimant qu'on cherche une croissance économique en coupant l'herbe sous le pied aux éléments qui la constituent. "Quand on additionne la parité du dinar qui dégringole plus le budget qui vise à contenir les dépenses, on ne pourra pas parler de 7% de croissance. De mon point de vue, on ne pourra pas voir 4,6% de croissance", estime M. Hamiani. Le FCE, dans son plaidoyer, a appelé à "engager une réforme fiscale profonde visant à simplifier l'environnement fiscal de l'entrepreneur, à encourager la prise de risque, à développer un système de fiscalité locale favorisant la décentralisation de la décision économique". Selon le DG des impôts, la fiscalité pétrolière réalisée au premier semestre 2015 a atteint plus de 1 240 milliards de dinars, alors que la fiscalité ordinaire dépasse 1 500 milliards de dinars. M. R.