Résumé : Alors qu'ils préparaient leur mariage, Fayçal est surpris par une convocation à la caserne. Le devoir l'appelait. Il devrait effectuer son service national. Un peu chagriné de devoir mettre fin à ses projets immédiats, il propose à Nawel un mariage hâtif. Cette dernière est un peu ébranlée par sa décision mais tente de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Je me mets à réfléchir rapidement. Mon appartement était presque prêt. Nous pourrions nous accommoder de ce que j'ai pu acquérir comme meubles jusque-là. Il n'avait pas encore mis la main à la poche. Il devait s'occuper de l'achat d'une chambre à coucher et de quelques ustensiles de cuisine. Mais à chaque fois que je lui en parlais, il répondait qu'il y penserait sans pour autant que cela fût fait. -Alors tu es d'accord ? -Je suis d'accord Fayçal. Seulement, il faut bien que la famille soit au courant. Je vais en toucher un mot à mes parents dès ce soir. -Et bien sûr, s'ils refusent, tu vas trouver un prétexte pour reporter notre mariage. Je secoue la tête : -Non, je saurais comment présenter les choses. Nous nous marierons dans les prochains jours. Avant ton départ à la caserne. Il parut soulagé et ébauche un sourire, avant de demander : -Tu ne regretteras pas cette décision hâtive ? -Non... Pourquoi parles-tu de regrets ? -Je ne sais pas moi. Je sais que tu aurais aimé un mariage en grande pompe, avec robe blanche, cortège et tout le manège d'une fête dans une grande salle. -Certes, j'aurais aimé frimer devant mes amies et mes voisines, moi aussi. J'ai commandé de très belles toilettes. Mais je ne pense pas que ce soit ça le plus important dans notre union. Nous nous aimons. Le reste ne compte pas. Il soupire : -Oui... Nous nous aimons. C'est justement cet amour qui fait de nous des obligés l'un envers l'autre. -Mais non ! Voyons Fayçal, nous sommes amoureux l'un de l'autre. Pas des obligés. Nous n'avons de comptes à rendre qu'à notre amour. -C'est ce que je voulais dire. Nous sommes obligés de reconnaître que nous sommes les esclaves de nos sentiments. -N'est-ce pas là une belle rançon du bonheur ? Il hausse les épaules : -Si tu le dis. Sa désinvolture me choque. Mais je mets ses sautes d'humeur sur le compte de son départ à la caserne. -Alors, lui demandais-je, as-tu pensé à fixer la date de notre mariage ? Il hausse encore les épaules : -Le week-end prochain. Ça te va ? Je fronce les sourcils : -C'est dans quatre jours. -Oui. Je dois rejoindre la caserne dans dix jours tout au plus. Je porte la main à ma bouche : - Aussi vite que ça ? -Oui. Si ce n'était pas le cas, crois-tu que je t'aurais proposé de hâter notre mariage ? Je ne savais quoi dire. Même dans le cas où mes parents entreprendraient de faire un voyage-éclair pour assister à notre union, je ne pourrais être prête pour les recevoir et m'occuper d'eux. On était déjà en début de semaine. J'aurais juste le temps de les avertir. -Si tu trouves que cela va trop vite, je prendrai mon mal en patience. Fayçal avait dû remarquer mon air soucieux. Il me regarde dans les yeux et poursuit : -Rappelle-toi que c'est toi la fautive dans ce report. -Je ne suis pas la seule fautive. -Justement, si nous ne nous marions pas maintenant, tu vas devoir attendre deux années. Ma gorge était nouée. J'avais l'impression que Fayçal me mettait au défi. Je n'en comprenais d'ailleurs pas les raisons. -Je patienterai Fayçal. Peut-être que c'est un signe de la providence. Nous ne devrions nous marier que lorsque cela nous sera possible. Je veux dire lorsque toutes les contraintes seront levées. -Tu as des contraintes, toi ? -Non, pas vraiment. Je pensais à mon appartement qui n'est pas encore entièrement meublé, et à tous les préparatifs qui nous attendent. Peut-être qu'avec un peu de temps nous pourrions mettre les choses au point. Cela va de soi, puisque je vais m'occuper de tout durant ton absence. Il soupire : -Tu penses à des choses futiles Nawel. Moi je voulais qu'on s'unisse. Je ne peux plus attendre. Je rêve de toi chaque nuit. Je me mordis les lèvres. Moi aussi je ne voulais aucune contrainte entre nous. Notre projet de mariage prenait forme chaque jour un peu plus. Nous étions ensemble et heureux. Le reste n'était plus qu'une question de mois. Mais maintenant, ça sera une question de deux années. -Cela ne fait rien Fayçal. Chaque chose se réalisera en son temps. Je pense que le destin ne voulait pas nous bousculer. Il baisse les bras dans un signe d'impuissance et me lance d'une voix grave : -Alors, attendons le destin. (À suivre) Y. H.