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"La communauté algérienne en France est interloquée"
Nacer Kettane à propos DE l'article 51 du projet de révision de la Constitution
Publié dans Liberté le 24 - 01 - 2016

Nacer Kettane, membre du Conseil économique, social et environnemental français et P-DG de Beur FM et de Beur FM-TV, tout comme il est président fondateur de Beur TV, la chaîne Méditerranée, rend compte, dans cet entretien, du sentiment de frustration et de colère des ressortissants algériens à l'étranger, suite à la double peine que leur infligent les projets de révision des Constitutions algérienne et française.
Liberté : Les binationaux sont pris entre le marteau et l'enclume. En Algérie, l'article 51 du projet de révision de la Constitution empêche les porteurs de double nationalité d'accéder à certaines hautes fonctions politiques, alors qu'en France, c'est l'épée de Damoclès qui sera suspendue au-dessus de leur tête avec la proposition de déchéance de la nationalité. Quel est votre sentiment à ce sujet ?
N. Kettane : Le projet d'interdire aux binationaux l'accès à un certain nombre de fonctions plonge la diaspora algérienne dans une incompréhension inversement proportionnelle à l'amour et à l'attachement dont témoignent les Algériens du "monde" à l'Algérie, leur pays de "toujours".
Faut-il rappeler les sacrifices des aînés pour libérer l'Algérie, en étant le berceau du nationalisme algérien et financier de la Révolution (porteur du trésor du FLN) ? Si cet article venait à être formalisé, ce serait une insulte à l'Histoire et une hypothèque sur un des atouts majeurs de l'Algérie quant à son développement et son ouverture sur le monde. Les deux pays doivent se ressaisir. La démocratie française bicentenaire semble avoir "mal" à la République et prête le flanc à la lepénisation des esprits, et s'engage sur un chemin dangereux et instable, porteur de toutes les dérives, celui du reniement.
Une forme de déclin que les fossoyeurs de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen entretiennent et dont ils se délectent. La jeune République algérienne, à travers la réforme constitutionnelle voulue par le président Bouteflika, est en train de parachever patiemment la construction démocratique du pays.
Offrir aux binationaux la capacité de choisir leur forme d'engagement, ne pas les emprisonner dans des "non-choix" réducteurs permettraient d'enrichir la cohésion et la mixité sociale, de booster le pool économique euroméditerranéen, et contribueraient à placer l'Algérie de façon privilégiée et stratégique sur l'échiquier mondial. Si François Hollande ne veut pas "sortir" de l'Histoire par la petite porte, il doit reconsidérer sa position.
C'est le lot des grands hommes que de pouvoir rassembler. Quant à l'Algérie, la volonté de construire une société apaisée est manifeste : officialisation de la langue amazighe, interdiction d'instrumentaliser l'islam à des fins politiques, intégration du logement social pour les plus démunis, etc. Elle s'honorerait de continuer à "ouvrir les bras" aux Algériens du monde entier qui sont aussi ses enfants !
Comment la communauté algérienne en France a-t-elle accueilli cette proposition d'amendement de la Constitution algérienne ?
La communauté algérienne en France et ailleurs aussi je suppose, même si c'est en France qu'elle est nombreuse, ne comprend pas cette proposition. C'est l'incompréhension totale. Elle est interloquée. Au moment où il se passe un tas de choses dans l'émigration algérienne, où les chefs d'entreprise créent une chambre de commerce franco-algérienne, où les professions libérales, médecins et avocats se mobilisent, où des élans positifs se sont constitués pour être des traits d'union entre la France et l'Algérie pour un développement franco-algérien et franco-maghrébin, les gens ne comprennent pas.
J'en veux pour preuve que des personnes telles que la sénatrice Laïla Aïchi, et des députées comme Tokia Saïfi députée européenne, Bariza Khiari, vice-présidente du Sénat ou encore Louiza Ferhat maire adjoint de Paris 15 et Fadela Mehal conseillère de Paris veulent faire entendre leur voix à ce sujet. Je pense qu'il faut garder cet élan.
Certains observateurs relèvent une contradiction entre cette disposition et l'article 29 de la Constitution qui énonce que les citoyens sont égaux devant la loi. Comment la loi fondamentale du pays peut-elle contenir une telle discordance ?
Nous sommes Algériens parce que nous sommes de grands-parents algériens. Il n'y a pas d'Algériens à moitié, à 30%, à 20%, etc. Si nous sommes Algériens, nous le sommes à part entière, de A à Z et nous avons les droits et devoirs inhérents à la nationalité algérienne. Récemment, le gouvernement a ouvert des pistes aux enfants de pieds-noirs, à tous ces gens qui reviennent. Quelle différence pour quelqu'un d'origine turque, française ou espagnole ? Pour moi ce sont des Algériens. Il y a un effort fait par le gouvernement algérien pour réconcilier toutes ces origines et que finalement nous sommes Algériens parce que nous sommes nés en Algérie, que nous avons vécu en Algérie et que nous aimons l'Algérie. Nous ne pouvons donc pas couper l'algérianité.
Rappelez-vous à un moment donné, ce sont les intégristes qui avaient essayé de découper les Algériens, au sens propre comme au figuré, malheureusement. Les intégristes avaient décidé qu'il y avait des Algériens de bas étages et des Algériens de hauts étages. Ils s'étaient arrogé le droit de décider qui était un bon Algérien et qui était un mauvais Algérien. Et nous avons vu ce que cela a donné.
Une décennie de crimes, d'horreurs et de terrorisme. Donc à partir du moment où on commence à hiérarchiser les choses, c'est dangereux.
Donc, je crois que les Algériens du monde entier qui aiment l'Algérie, souhaitent la réussite du processus démocratique. La réforme constitutionnelle voulue par le président de la République va dans ce sens parce qu'elle crée les conditions d'une cohésion sociale.
Je pense, notamment à l'officialisation de tamazight. Je pense aussi à l'interdit fait à l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques. Je pense, également à l'intégration du droit d'accès au logement social pour les plus démunis.
Tout cela, ce sont des facteurs de cohésion sociale. C'est une Constitution qui va dans le bon sens. Elle parachève la construction démocratique du pays. Je crois quelle n'a pas besoin de petites choses comme ça qui font un peu désordre.
Concrètement, que faut-il faire pour tenter de faire entendre la voix de l'émigration avant qu'il ne soit trop tard ?
Une pétition est en train de se préparer à l'initiative d'un certain nombre de personnalités binationales pour mettre en exergue le rôle de la communauté algérienne à l'étranger et son apport au pays. Elle constitue une force de frappe pour l'Algérie. C'est quelque chose qui permet à l'Algérie de déployer un certain nombre d'atouts sur le plan stratégique, au niveau politique et culturel. Ces binationaux sont quelque part des ambassadeurs.
Alors comment peut-on priver ces ambassadeurs de fonctions ? Il y a un anachronisme que nous ne comprenons pas. Et puis nous nous posons la question de savoir à partir de quand nous sommes à 10% Algérien, à 50% ou à 80%. C'est l'incompréhension totale qui prédomine.
Moi je pense qu'il y a eu un tas d'événements qui s'étaient passés. On se rappelle la création d'un secrétariat d'Etat chargé de l'émigration. C'était extrêmement intéressant à l'époque. Il y a eu les rencontres du Mithaq (Djenane el-Mithaq à Alger) où la diaspora algérienne du monde entier - d'Europe, du Canada, des Etats-Unis - s'était réunie pour trois jours, j'y étais et nous avions conclu à l'installation d'une instance représentative de cette diaspora.
L'idée avait fait son chemin et le Président devait la nommer et brutalement nous n'avons plus entendu parler de ce projet. Donc, cette proposition contenue dans le projet de Constitution vient un peu briser cet élan qui existe chez les dirigeants algériens. Il faut aujourd'hui tout mettre sur la table pour se ménager une porte de sortie honorable.
Tout en sachant que les jeux sont pratiquement faits, avec un Parlement d'emblée acquis à la cause...
Je pense que les débats auront lieu au sein de la société civile, dans la presse, au Sénat. Le débat devrait avoir lieu. Moi je compte en tout cas sur la sagesse du président Bouteflika et sur les hautes autorités comme le président du Conseil constitutionnel et le Premier ministre pour une porte de sortie et revenir sur quelque chose qui ne fait pas avancer l'Algérie.
Pour revenir à ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée, notamment après la proposition faite par le gouvernement français d'amender la Constitution pour prévoir dorénavant la possibilité de déchéance de la nationalité pour les binationaux, comment justement la communauté émigrée, puisque c'est elle qui est visée par cette disposition, vit-elle cette situation ?
Longtemps vécue comme un atout, une plus-value, en particulier pour les chefs d'entreprise ainsi que par les tenants du dialogue interculturel, les bi ou multinationaux sont désormais voués aux gémonies de part et d'autre de la Méditerranée.
Alors que Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre de François Hollande, clamait haut et fort en 2013, au cœur d'Alger, lors de sa visite d'Etat, que la binationalité était l'un des ferments essentiels pour construire des passerelles durables et de vrais rendez-vous entre la France et l'Algérie ; les derniers attentats en France et la morosité algérienne (pétrole à 30 dollars !), semblent sonner le glas à ce qui était perçu alors comme un accélérateur d'idées, d'échanges et un facteur de stabilité.
En France, le projet de déchéance de la nationalité vient déchirer l'article 2 de la Constitution, diviser le pays, assigner à résidence une partie des Français, les désigner à la vindicte ; à l'amalgame. En un mot : elle les criminalise ! En 1981, nous nous étions battus pour faire abroger la "double peine" inique et honteuse qui touchait d'abord les jeunes d'origine algérienne.
En 2015, François Hollande semble vouloir instaurer la "triple peine".
Cette proposition de l'extrême droite reprise à son compte plonge l'ensemble de la gauche, mais aussi un large pan de la droite, dans un effroi glacial ! Loin d'être symbolique, cette mesure plonge plus d'un tiers de la population française dans des interrogations sur leur avenir et complique un peu plus les débats sur l'identité, la nation, la République.
Entretien réalisé par : Hamid Saïdani


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