Les représentants du culte musulman ont définitivement abandonné le recours à la méthode scientifique de calcul, mise en pratique en 2013. Comme leurs compatriotes au pays, les Algériens de France devront attendre jusqu'à demain soir pour savoir si le jeune du Ramadhan commencera lundi ou mardi. La Grande mosquée de Paris réunira dans la soirée de ce dimanche, à partir de 18 heures, une commission de "la nuit du doute", en présence des membres des organisations musulmanes, fédérées au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM). Dans un communiqué, le recteur Dalil Boubeker a expliqué ce choix par le souhait "d'unir dans une volonté commune et fraternelle l'ensemble des musulmans de France autour d'une même date". En ayant recours à la méthode traditionnelle, à travers l'observation de la lune à l'œil nu, les représentants de l'islam de France veulent surtout prévenir le risque d'un éventuel démarquage avec le reste du monde musulman, et surtout l'Arabie Saoudite qui abrite les Lieux saints de l'Islam et sert en quelque sorte de cicérone. Un précédent existe et a eu lieu en 2013. Le CFCM avait décidé, pour la première fois, de se saisir des données astronomiques en annonçant les dates du début et de la fin du Ramadhan, plusieurs semaines à l'avance. Le but était de permettre aux jeûneurs de s'organiser en perspective du mois sacré. Or cette option, somme toute logique, s'est avérée désastreuse. Un énorme cafouillage avait été provoqué à la suite de la proclamation par l'Arabie Saoudite, du début du Ramadhan pour le jour suivant celui annoncé préalablement par les autorités religieuses en France. Sous la pression de certaines organisations, le CFCM avait été contraint de décaler sine die l'entame du jeûne, obligeant ceux qui l'avait observé à le rompre dans la journée. Dalil Boubeker qui dirigeait le Conseil à l'époque avait justifié cette décision par le souhait des musulmans de France d'exercer leur pratique religieuse en même temps que leurs semblables dans le monde. Aujourd'hui, il reconnaît avoir fait une erreur tout en affirmant "avoir été sensible aux arguments sur les facilités que cela octroyait pour les administrations et le monde du travail". "On pensait que les avantages étaient supérieurs aux inconvénients", a-t-il expliqué ces derniers jours, au site communautaire Saphir News. Des associations religieuses avaient en 2013, grandement profité de la confusion pour discréditer encore un peu plus le CFCM, créé par l'ex-président Nicolas Sarkozy en 2003, et qualifié de jouet entre les mains des autorités françaises. Une seule voix sort du lot, en appuyant encore aujourd'hui, le recours exclusif à la science pour déterminer le début du Ramadhan. Il s'agit du Conseil théologique musulman de France (CTMF). Dans un communiqué rendu public, cette organisation affirme que "les données scientifiques précises concernant le mois de Ramadan 1437 H, fixent la conjonction lunaire le dimanche 5 juin 2016 à 2h59 GMT (4h59, heure de Paris. Elle déclare de ce fait que le premier jour du Ramadhan sera le lundi 6 juin. Selon ce même calcul, l'Aïd est fixé de son côté au 5 juillet. Selon les estimations du CFCM, la France compte environ 4 millions de musulmans. Selon un sondage réalisé en 2011 par l'IFOP (Institut français d'opinion publique), 71% des membres de cette communauté déclarent suivre le jeûne. Une pratique en nette augmentation depuis quelques années, particulièrement auprès des jeunes. S. L.-K.