Selon les données de la Banque de France, les flux d'investissements directs français en Algérie se sont établis à -172 millions d'euros en 2015. La France désinvestit en moyenne 105 millions d'euros par an depuis 2013, confirmant la rupture de tendance avec les flux observés les cinq années précédentes (2008-2012), période au cours de laquelle l'investissement direct français moyen en Algérie s'est établit à 250 millions d'euros, relève un document du service économique régional d'Alger sur "les investissement directs étrangers en Algérie (IDE) en 2015". Le rapport, s'appuyant sur les données de la Banque de France, constate que les flux d'investissements directs français en Algérie se sont établis à -172 millions d'euros en 2015. "C'est la 3e année consécutive que la France effectue un désinvestissement net : -32,8 millions d'euros en 2014 et -109,7 millions d'euros en 2013", précise le document. Au cours de l'exercice 2015, indique le rapport, "cinq secteurs ont capté la majorité des IDE français à destination de l'Algérie". Il s'agit du poste "Métallurgie, produits métalliques, informatiques, électroniques et optiques" (52% du total des flux entrants à 27,4 millions d'euros), des industries extractives (9% à 4,8 millions d'euros), des industries de gestion des eaux et des déchets (9% à 4,7 millions d'euros), des activités immobilières (7% à 3,6 millions d'euros) et des activités de cokéfaction et de raffinage (6% à 3,3 millions d'euros). À la fin de l'année dernière, le stock d'IDE français était estimé à 1,8 milliards d'euros, en baisse de 13,3% par rapport à 2014, alors à 2 milliards d'euros. Il était principalement composé d'investissements dans les activités financières (hors assurance et caisse de retraites) (41% à 745 millions d'euros), le secteur automobile (22% à 384 millions d'euros), l'industrie pharmaceutique (6% à 103 millions d'euros) et l'industrie chimique (5% à 98 millions d'euros). Le rapport note que les industries extractives ne représentent plus que 3% du stock d'IDE, contre 9% en 2013, suite au retrait massif d'investissements en 2014 dans le secteur (-147,4 millions d'euros). L'intérêt de la France pour l'Afrique du Nord varie. Si la France s'est désinvestie en Egypte (-62 millions d'euros), elle a investi en Libye (88 millions d'euros), en Tunisie (137 millions d'euros) et au Maroc (235 millions d'euros). Plus globalement, note le document du Service économique régional d'Alger, les investissements directs étrangers en Algérie se sont effondrés en 2015, passant d'un investissement étranger net de 1,5 milliard de dollars en 2014 à un désinvestissement de 587 millions de dollars en 2015. "Les flux d'IDE marquent pour la première fois depuis 32 ans, un désinvestissement net des acteurs étrangers en Algérie", relève le rapport, indiquant que "l'Algérie est le seul pays d'Afrique du Nord à subir un désinvestissement, car même si le Maroc et la Tunisie voient le montant des flux d'IDE décroitre (respectivement -11% et -6%), ces derniers restent très substantiels (respectivement 3,2 milliards de dollars et 1 milliard de dollars). À l'échelle de la région, les flux d'IDE ont progressé de 3,7% en Afrique du Nord en 2015". Le document explique la diminution des flux d'IDE en Algérie en 2015 par la prise de participation majoritaire par l'Etat algérien des actions de Djezzy détenues par VimpelCom en janvier 2015. "Sans cette opération exceptionnelle, les flux entrant d'IDE en Algérie auraient suivi une tendance légèrement haussière par rapport aux deux années précédentes", estime le document, relevant que le stock d'IDE en Algérie s'élevait à 26,2 milliards de dollars l'année dernière, en régression de 2,2% par rapport à 2014. Le poids du stock des IDE en Algérie ramené au PIB en 2015 est de 14% (contre 32% pour l'Egypte, 44% pour la Libye, 49% pour le Maroc et 76% pour la Tunisie). "La part de l'Algérie dans le total des IDE en Afrique du Nord s'élève à 11,9% en 2015 contre 12,5% en 2014. L'Algérie demeure encore largement en deçà de ceux de l'Egypte et du Maroc, qui représentaient respectivement 42,9% et 22,1% du stock régional à fin 2015", constate le document. Meziane Rabhi