Il convient de juger pendant le Ramadhan l'efficacité du dispositif de l'Etat destiné à assurer la disponibilité des produits de large consommation à des prix raisonnables. "Quand on décide de lutter contre la spéculation, il ne faut pas seulement accuser le petit commerçant. Il faut également étendre cette action aux spéculateurs qui activent en haut lieu..." Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection des consommateurs (Apoce), dénonce, à travers sa déclaration, la complicité d'une certaine administration dans la propagation des actes spéculatifs sur le marché national. Il déplore à ce propos le fait que des opérateurs, inscrits pourtant sur la liste noire des fraudeurs, aient bénéficié d'une autorisation pour réaliser des opérations d'importation. Son organisation vient de déclencher une enquête sur l'un de ces importateurs black-listés qui a bénéficié du feu vert des services compétents pour introduire sur le marché des quantités de viandes congelées. "Nous sommes en train de recueillir un maximum de données sur cette affaire pour constituer un dossier complet que nous comptons remettre en main propre au ministre du Commerce", affirme M. Zebdi, contacté hier. "C'est inadmissible qu'un importateur déclaré auparavant arnaqueur reprenne ses activités sans être inquiété", précise le président de l'Apoce. L'autre chantier dans lequel s'est lancée l'Apoce est une campagne de dénonciation des détenteurs de chambres froides informelles, devenues, selon M. Zebdi, une véritable source de spéculation. Les viandes congelées, la pomme de terre et autres produits alimentaires, stockés de manière irrégulière dans ces chambres froides illicites, font, actuellement, l'objet d'un suivi de la part des éléments de l'association. "Nous envisageons, avec l'aide des pouvoirs publics, de sensibiliser le consommateur pour qu'il puisse nous procurer, via le numéro vert 3311, les adresses de ces chambres froides informelles qui créent des perturbations sur le marché et causent la flambée des prix", indique Mustapha Zebdi. Par ailleurs, il reconnaît que depuis une dizaine d'années, les dispositifs mis en place par le département du Commerce dans le cadre des préparatifs du mois de Ramadhan, n'ont généralement servi à rien. C'est dire que les "équilibres entre l'offre et la demande demeurent toujours fragiles et la stabilité des prix n'a jamais été atteinte", souligne-t-il. M. Zebdi a, toutefois, ressenti pour le mois sacré de 2017, une volonté de la part de la tutelle de préserver le pouvoir d'achat des familles aux bourses moyennes. il cite comme exemple, l'installation de "marché solidaires" dits de "rahma", dans chaque commune au profit des nécessiteux. "Je crois, néanmoins, qu'il est encore tôt pour juger de l'efficacité ou de la contribution de ce dispositif par rapport aux objectifs tracés", relève-t-il. Par ailleurs, le consommateur doit, lui aussi, affirme le président de l'Apoce, contribuer, à travers son comportement, à la stabilité des prix en évitant la frénésie dans ses achats, le stockage des produits... Car, par une telle attitude, le consommateur a, lui aussi, une responsabilité dans l'instabilité des tarifs des produits et la spéculation sur le marché. B. K.