Les inondations provoquées par de très fortes précipitations ont forcé quelques dizaines d'habitants de la commune d'Ibn Badis à quitter leurs maisons. Encore un épisode de pluie record à Constantine. Cette fois, c'est dans la commune d'Ibn Badis où des pluies torrentielles se sont abattues, dans la soirée de jeudi, provoquant en moins de 90 minutes, de graves inondations. Fort heureusement, aussi impressionnantes soient-elles, ces dernières n'ont causé aucune perte humaine. A contrario, les dégâts matériels sont importants. Plusieurs dizaines de familles se sont retrouvées sans toit, notamment celles qui habitent au rez-de-chaussée, dans les quartiers Zoubekri-Amar, Djaâfarou-Abdellah et des frères Taâyoyche, car complètement submergés par les crues. Des voitures ont été emportées par les torrents violents et des dizaines de commerces ont été infiltrés par des coulées de boue. "C'était une monstrueuse montée des eaux, et la vague emportait tout sur son passage", témoignent quelques habitants des quartiers qui ont été les plus touchés. Vendredi matin, la ville encore sous le choc Hier, la ville s'est réveillée encore sous le choc. Mais déjà, les habitants étaient à pied d'œuvre, et s'organisaient pour aider les sinistrés, pour lesquels les gestes de solidarité sont les bienvenus, d'autant qu'ils vivent, depuis plus de 24 heures, dans des conditions précaires. En effet, les inondations provoquées par les très fortes précipitations, ont forcé quelques dizaines d'habitants de la commune d'Ibn-Badis, à quitter leur maison. Il faut dire que l'urbanisation anarchique et la vétusté des logements ont aggravé la situation. Certains ont même été évacués en urgence et ont dû chercher refuge dans les mosquées, pour la nuit, en attendant de leur trouver des solutions. "Mais l'on se remet difficilement du choc subi la veille", nous dit-on. C'est le cas d'Amine qui a vu la maison qu'il habite avec sa famille, depuis plusieurs années, complètement envahie par les eaux. "On n'a pas eu le temps d'emporter quoi que ce soit, c'était très rapide, nous avons juste eu le temps d'évacuer les lieux", raconte notre interlocuteur. Il ne découvrira les ravages que l'eau a pu provoquer, que le lendemain, car celle-ci a atteint jusqu'à un mètre par endroits. Mais dans son malheur, Amine a pu compter sur la solidarité des voisins qui n'ont pas attendu l'arrivée des secours et se sont immédiatement mobilisés afin d'évacuer le maximum de personnes, notamment les enfants et les personnes âgées. Khaled a connu aussi une grosse frayeur, lorsqu'il a été piégé dans son véhicule en pleine crue. "J'ai été surpris par la crue, et je ne pouvais ni avancer ni reculer", raconte-t-il. "À un moment j'ai cru que je vivais les dernières secondes de ma vie, parce que je croyais que l'eau allait continuer à monter, fort heureusement, elle a fini par s'arrêter", poursuit-il. Sur les vidéos relayées sur les réseaux sociaux, tout au long de cette nuit cauchemardesque, on entendait même des gens qui criaient à l'aide. Les commerces ont également été touchés par les inondations. Pour les propriétaires, les travaux et le nettoyage vont durer encore plusieurs jours. "L'eau s'est évacuée et on a nettoyé le plus possible. Mais les traces sont encore là, il y a encore de la boue", témoigne le propriétaire d'un magasin d'alimentation générale. De l'autre côté de la rue d'autres magasins ont également été inondés. L'incurie des pouvoirs publics pointée du doigt Dans le plus grand désordre, la commune d'Ibn-Badis a tenté d'organiser les secours. En vain. Malgré le bulletin météo qui annonçait l'arrivée de la pluie sur plusieurs wilayas de l'est du pays, les éléments de la Protection civile ont été pris de court et les pouvoirs publics sont, encore une fois, pointés du doigt. Les habitants de la commune imputent, pour la énième fois, la faute aux pouvoirs publics auxquels ils reprochent de toujours sous-évaluer le phénomène des inondations, autrement dit l'absence d'une réelle politique de prévention, d'autant que cette situation, vécue à maintes reprises, avait fait en 2015 quatre morts et beaucoup de dégâts, à la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Lynda NACER