Cet événement humoristique d'une durée de trois jours, auxquels auront participé les humoristes Mourad Saouli, Lamri Kaouane ou encore Fodil Aïssoul, a drainé, dans sa première soirée, une assistance peu nombreuse. Organisé par Ad Libitum Events, l'événement humoristique "Alger aux éclats", qui s'est tenu du 27 au 29 du mois en cours au palais de la culture Moufdi-Zakaria, a connu, dans sa première soirée, mercredi, une présence plutôt timide du public. Inauguré par les comédiens Bilel et Bitchichi et Souad Bousahla, l'événement a tout de même permis de découvrir de nouveaux visages de la scène humoristique algérienne et leurs styles décalés. Révélé par l'émission "DZ comedy show", le comédien et ventriloque Bilel Ghazali, alias Bilel et Bitchitchi, était le premier à faire son entrée, d'abord seul, sur la chanson aux trois milliards de vues sur la plateforme Youtube, Despacito. Encouragé par son public, il intègre des paroles bien algériennes au succès de cet été. Quelques minutes dans le show, et Bitchichi, le pétulant singe de Bilel, fait son apparition. Il est clair que dès les premiers instants, c'est la marionnette qui vole la vedette à son maître, et à travers laquelle le comédien véhicule toutes ses observations, mêmes les plus acerbes, sur la société. Malgré quelques blancs et quelques personnes en moins dans la salle, le duo réussit à remettre son spectacle sur les rails, grâce à une bonne dose d'autodérision, de critiques sociétales nourries d'un humour grinçant, mais aussi une vive interactivité avec le public. Sur des airs de flamenco, la native de Sidi Bel-Abbès, Souad Bousahla, fait son entrée sur scène avec un costume rappelant celui des danseuses de ce genre musical. Avec le monodrame Maya, mis en scène par son époux Hichem Bousahla, et présenté depuis 2012 en Algérie, aux Emirats et en Europe, l'humoriste traite des thèmes de la "harga" féminine, avec beaucoup de dérision et de malice. Partisane du "vaut mieux en rire qu'en pleurer", elle met l'accent sur les travers des sociétés arabo-musulmanes et occidentales, qui sont moquées et caricaturées. Une approche que semblait apprécier le public de ce soir-là. Aussi était-ce une manière "d'atténuer le mal de notre jeunesse", qui se sent nulle part chez elle, comme le dira la comédienne. Dévoilant son impressionnante palette de talents, avec une quinzaine de rôles joués, Bousahla passe tantôt à l'humour, tantôt à la tristesse. À ce propos, elle nous dira que c'est "grâce à l'intelligence du metteur en scène qu'un thème aussi difficile a pu être transformé en un spectacle qui paraît léger. On s'est moqué de nous-mêmes. Notre réalité est tellement misérable qu'on se permet de s'en moquer", a-t-elle déclaré. Et de poursuivre : "En 2012, la situation sociale était moins pire, le phénomène de la harga s'était atténué. Mais aujourd'hui les choses vont mal, et ce thème restera toujours d'actualité. On l'a vécu, on le vit, nous le vivrons encore." Yasmine Azzouz