Les affaires de trafic de drogue constituent l'essentiel des dossiers enrôlés dans la troisième session de l'année. Hier, le tribunal d'Oran a condamné deux personnes, dont un ancien patriote âgé de 68 ans, à 15 de réclusion criminelle, et un troisième complice à perpétuité par contumace. Les trois accusés étaient poursuivis pour des faits de trafic de drogue allant de l'importation à la commercialisation en passant par la détention, le transport, la distribution..., le tout en bande organisée. Cette affaire remonte à mai 2016 lorsque, agissant sur renseignements, les services de police de la wilaya de Tlemcen ont intercepté un pick-up près de la commune de Sebdou. Les deux occupants du véhicule prennent immédiatement la fuite, et alors que des éléments de la police se lancent à leur poursuite, la fouille du véhicule permet la découverte de 380 kg de résine de cannabis. Un seul fugitif sera rattrapé quelques instants plus tard. B. Salah, 29 ans, le chauffeur ne fera aucune difficulté pour reconnaître les faits. Il donnera même des détails sur son accompagnateur présumé, un certain O. Naïm, dont l'oncle, A. Ali, serait le propriétaire de la drogue. Alors que le neveu disparaît dans la nature, les enquêteurs interpellent A. Ali, sexagénaire et chef supposé de la bande de trafiquants, et saisissent à son domicile deux voitures particulières. La perquisition ne donnera pas d'autres résultats. Fort des déclarations du chauffeur, d'appels téléphoniques échangés entre Naïm et son oncle, le magistrat instructeur décide d'inculper B. Salah et A. Ali et de les écrouer pour trafic de stupéfiants. Auditionné en premier lors du procès, B. Salah maintient ses déclarations : la marchandise lui a été confiée à la frontière par des Marocains qui l'avaient transportée à dos d'âne, et Naïm l'avait accompagné du début de l'opération à l'intervention de la police. Il soutiendra également que la drogue appartenait à son compagnon de box, A. Ali, pour lequel il avait déjà réalisé une opération similaire. Très remonté, celui-ci rejettera en bloc toutes les accusations et déclarera, au contraire, avoir toujours lutté contre le trafic de drogue en collaboration avec les services de la gendarmerie et de l'armée. Ce que le représentant du ministère public refusera de croire en accusant le septuagénaire, patriote dans les années 1990, de trahison en requérant pour les trois accusés la peine maximale, soit la prison à perpétuité. Pour la défense, les choses ne sont pas aussi simples. Alors que l'avocate de B. Salah a plaidé les circonstances atténuantes en mettant en avant la situation sociale difficile de son client – qui le rend facilement manipulable par les gros bonnets de la drogue – et la cohérence de ses propos tout au long de l'enquête, les avocats d'A. Ali ont plaidé l'acquittement en mettant en doute la neutralité de l'enquête. "Nous avons demandé au magistrat instructeur de délivrer une commission rogatoire afin que nous entendions les militaires avec lesquels notre client collaborait, mais nous avons été déboutés", a dénoncé l'un des défendeurs, en soutenant que son client a été sacrifié sur l'autel d'un conflit existant entre la police et la Gendarmerie nationale. Après délibérations, le tribunal a condamné B. Salah et A. Ali à 15 ans de réclusion et deux millions de dinars d'amende, et O. Naïm à la prison à perpétuité. Samir Ould Ali
