À quelques jours du renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation dont le scrutin se tiendra le 29 décembre, la fièvre des sénatoriales gagne la vie politique de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. Les élus locaux sont entièrement absorbés par cette campagne et oublient même leurs activités quotidiennes. Neuf candidats – l'un représente le FLN avec le P/APW Abdelkrim Mebarkia ; le second représente le RND avec Abdellah Bentoumi ; le FFS avec deux représentants : Chellig Abdelghani et Nadjib Bouzid ; le PLJ avec quatre candidats : Morsli Mabrouk, Messaadi Djamel, Saâdaoui Maïche et Medjdoub Mustapha ; le neuvième candidat est l'adjoint P/APC de Zemoura, Bouguera Lias – sont officiellement en lice pour ce rendez-vous, qui tient en haleine la scène politique locale, même si les coulisses ne laissent presque rien voir de leur agitation. La traque des voix est lancée depuis le premier tour des primaires sénatoriales et chacun mène, à sa manière, sa bataille pour rafler le maximum de voix. Deux grosses pointures des tendances politiques fortement représentées au sein des assemblées populaires communales (APC) et de wilaya (APW), à savoir le Front de libération nationale (FLN) avec 177 élus (sans compter ceux qui ont rejoint le parti après les élections et ceux arrivés juste avant les primaires), chapeautés par 3 députés et 1 sénateur, et le Rassemblement national démocratique (RND) avec 181 élus au total, dont 2 députés. Le FLN qui détient le siège du sénat entend bien le conserver, et donc réaffirmer sa position de première force politique de la wilaya et du pays. Avec un candidat peu connu sur la scène politique mais très apprécié dans le milieu footballistique, social et économique, par sa présidence auparavant du CABBA, et le patron d'une société et sa présence aux côtés des Bordjiens. Avec ce nouveau visage, le vieux parti a voulu marquer un changement de cap et surtout donner un autre souffle à cette formation toujours dominée par des dinosaures de la politique. D'ailleurs, ce choix est très apprécié par la population, les militants et les jeunes élus, même des autres formations politiques. Mais peu soutenu par les anciens ténors du parti unique. "J'ai la détermination d'unir les forces de notre région pour en tirer le meilleur et aller vers le mieux. Je veux participer à l'édification du devenir de notre région et de notre pays. Il est impératif que nous incarnions ensemble cette unité crédible et salvatrice qui doit transcender les divisions idéologiques et partisanes qui ont longtemps inhibé le développement de notre wilaya", nous a déclaré le candidat FLN. Le RND garde le cap. Il n'a rien changé. Toujours la même tête : ex-sénateur, élu APW et représentant du parti au niveau local. Malgré le nombre important d'élus que compte le parti, les défections sont importantes. Le candidat au cours de sa carrière politique, depuis les années 90, s'est fait beaucoup d'ennemis et d'opposants au niveau même de son parti. "Ce sont toujours les mêmes qui reviennent à chaque échéance électorale", dira un jeune élu RND qui ajoute que "le parti a des jeunes qui peuvent apporter du sang nouveau mais ils sont marginalisés pour ce genre de rendez-vous nationaux". Pour les spécialistes de la politique locale, le jeu entre ces deux candidats (FLN-RND) est très serré, même si le premier reste favori. Pour le PLJ, avec ses 4 candidats, le FFS avec ses 2 prétendants et un indépendant, leur présence est juste un acte démocratique. Ils n'ont ni une majorité ni un consensus. Des connaisseurs de la vie politique locale se demandent pourquoi tout ce nombre de candidats qui savent que leur chance de réussite est minime, voire inexistante ? De nombreuses réunions sont organisées à travers les communes, par les staffs des candidats concernés par ces élections, pour tenter de mobiliser les rangs propres à chaque camp, et convaincre d'autres indécis, au sein des formations politiques qui n'ont pas engagé de candidats représentant leur propre parti, du choix qui leur ferait gagner une voix. "Notre candidat dominera ces élections, il n'y a aucun doute là-dessus, mais cela n'empêche pas qu'il faut encore rallier d'autres élus locaux à notre cause", avouera un ex-député FLN. Tout l'enjeu de ces élections réside, en effet, dans ce point précis des voix indécises, car hors de cette incertitude les jeux sont presque faits. Rien n'est jamais gagné d'avance dans ce genre d'événement, où les calculs ne sont jamais parfaits, pas avant le décompte final des voix le jour J. Chabane BOUARISSA