Laurent Gbagbo, l'ancien président de la Côte-d'Ivoire a été acquitté hier des accusations de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI), qui a ordonné sa mise en liberté, infligeant ainsi un nouveau revers à la justice internationale. "La Chambre fait droit aux demandes d'acquittement présentées par Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé (ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes, fidèles à M. Gbagbo) concernant l'ensemble des charges retenues contre eux" et "ordonne la mise en liberté immédiate des deux accusés", a déclaré le juge président Cuno Tarfusser. Le juge a ajouté que cette décision avait été prise à l'unanimité car "l'accusation ne s'est pas acquittée de la charge de la preuve conformément aux critères requis par la justice internationale". La mise en liberté des deux accusés est cependant suspendue jusqu'à aujourd'hui afin de laisser le temps à l'accusation de répondre à la décision historique rendue par la CPI. M. Gbagbo, 73 ans et M. Goudé, 47 ans, sont tombés dans les bras l'un de l'autre après la décision du juge, sous les applaudissements de leurs sympathisants présents dans la tribune publique de la salle d'audience. En Côte d'Ivoire, la nouvelle de la prochaine libération de M. Gbagbo a été saluée par des cris de joie, des danses et des concerts de klaxons à Gagnoa, la ville natale de l'ancien président. Premier ancien chef d'Etat à avoir été remis à la Cour, M. Gbagbo, était jugé pour des crimes commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011, née de son refus de céder le pouvoir à son rival, l'actuel président ivoirien Alassane Ouattara. Les violences avaient fait plus de 3 000 morts en cinq mois. Les deux hommes étaient accusés de quatre chefs de crimes contre l'humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, pour lesquels ils ont toujours plaidé non coupable. La décision des juges, très attendue en Côte d'Ivoire, est un nouveau camouflet pour la CPI. Les tentatives précédentes de la Cour afin de juger des personnalités politiques de haut rang - la plupart en Afrique - ont toutes rencontré des obstacles. Dernier acquittement en date, celui de l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba en juin 2018.