Jusqu'à présent, Nicolas Maduro se montre inflexible et rejette l'ultimatum des Européens, qui lui exigent de nouvelles élections dans un délai de huit jours. Le président du Parlement vénézuélien, Juan Guaido, a appelé à de nouvelles manifestations pour samedi, après s'être autoproclamé la semaine dernière comme président par intérim du pays, en remplacement du président élu Nicolas Maduro qui dénonce un coup d'Etat avec la bénédiction des Etats-Unis. Ce nouvel appel à manifester intervient au lendemain de l'ultimatum donné par des pays membres de l'Union européenne à M. Maduro, lui exigeant la tenue de nouvelles élections dans un délai de 8 jours. Mais le président du Venezuela a catégoriquement rejeté cet ultimatum qu'il considère comme une ingérence flagrante dans les affaires internes du pays, préférant appeler au dialogue avec l'opposition, comme cela avait déjà été suggérée par l'ONU, durant le week-end, afin d'éviter un bain de sang. Mais l'acharnement à évincer la gauche chaviste du pouvoir semble l'emporter chez les grandes puissances, à leur tête les Etats-Unis, ainsi que chez certains pays d'Amérique du Sud, aux dirigeants acquis aux thèses de Washington. Pour le moment, Caracas tente de trouver une issue à la crise, comptant entre autres sur le soutien des alliés russe, chinois et turcs, en plus de nombreux pays membres de l'ONU qui dénoncent ce coup de force contre Maduro. Pour rappel, six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné à Nicolas Maduro jusqu'à dimanche pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme président. L'Union européenne quant à elle "prendra des mesures" si des élections ne sont pas convoquées "dans les prochains jours", y compris concernant "la reconnaissance du leadership" dans le pays. Affaibli par la crise économique qui secoue le Venezuela depuis la chute des prix du pétrole en 2014, Nicolas Maduro a été la cible de plusieurs tentatives avortées de putsch. Visiblement bien conseillé, Juan Guaido cherche aujourd'hui à fissurer la loyauté de l'armée qui continue à soutenir M. Maduro, malgré quelques défaillances, dont celle du chargé militaire de l'ambassade vénézuélienne à Washington. Pour les rallier à son camp, le président du Parlement promet une amnistie générale pour ceux qui acceptent de le soutenir. Mais pour le moment, il semble peu convaincre malgré une campagne médiatique hostile à l'étranger au président Maduro. Dimanche, Nicolas Maduro a appelé l'armée à maintenir son "unité et sa discipline" contre "la tentative de coup d'Etat impérialiste", en référence à la détermination des Etats-Unis de mettre à sa botte tous les pays d'Amérique du Sud et faire ainsi échec à la révolution socialiste qui a ramené à "gauche" ce continent qui a souffert des décennies durant de la dictature. Le pape François a dit hier redouter un "bain de sang" et souhaité "qu'ils se mettent d'accord". Lyès Menacer