L'infatigable militant vient d'être battu pour la première fois de sa vie dans le dernier combat qu'il devait mener. Après des semaines de combat acharné contre la maladie, le coordinateur national du Mouvement démocratique et social, MDS, Hamid Ferhi, est décédé, mardi, en fin de journée. Il avait 60 ans. Sa dépouille était exposée, hier, au siège de son parti à Alger. Il va être inhumé, aujourd'hui, à Staouéli, à l'ouest d'Alger. Après deux malaises, les médecins du service de cardiologie de l'hôpital Issad-Hassani de Beni Messous, à Alger, ont été impuissants ; Hamid Ferhi, qui venait d'être admis dans leur service vendredi, a été victime d'un accident vasculaire cérébral de forme sévère. Mal soigné au départ, l'ancien coordinateur du MDS avait également une tumeur pulmonaire. C'en était trop pour l'infatigable militant qui vient ainsi d'être battu pour la première fois dans le dernier combat qu'il devait mener dans sa vie. Car, des combats, Hamid Ferhi, en a mené sa vie durant. Ce natif de Staouéli, originaire de Larbaâ-Nath-Irathen, a revêtu tôt l'uniforme de militant. Il a adhéré au Pags, le Parti d'avant-garde socialiste, issu du Parti communiste algérien. à l'ouverture politique en 1989, l'ancien professeur de français est naturellement propulsé au comité central du nouveau parti que gère désormais El-Hachemi Chérif, en successeur de Sadek Hadjrès, un des leaders historiques du Parti communiste. Ferhi, toujours affable et discret, était de tous les combats menés par son parti et une bonne partie des "démocrates algériens". Pour rester en phase avec ses convictions et se consacrer au "combat", le défunt avait poussé l'engagement jusqu'à abandonner sa carrière d'enseignant. Vivant dans le dénuement, il avait refusé de céder aux chants de sirènes. Il abandonnera même un poste doré, qui lui a été offert lors de la célébration de "l'année de l'Algérie en France". Il démissionnera avant de toucher son "cachet", pourtant salutaire à une période où le militant vivait dans des conditions sociales difficiles. "Ça ne cadre pas avec mes convictions", avait-il dit à ses amis. Une ligne de conduite qui ne changera pas. Et malgré une promotion qui le propulsera aux premières loges de sa formation politique, Hamid Ferhi gardera le même rythme de vie. Pas de folies, pas de fanfare. Sur le plan politique, Hamid Ferhi, attaché à la ligne sociale de son parti, voulait pourtant ouvrir des brèches. Sans en profiter personnellement (puisqu'il est mort sans laisser d'héritage), il faisait sien l'adage qui dit qu'"on ne peut pas faire la révolution le ventre mou". Il s'insurgeait contre le "misérabilisme" que voulaient véhiculer certains de ses camarades de lutte. "Il ne faut plus avoir de tabou avec les hommes d'affaires, les vrais créateurs de richesses", nous disait-il un jour. L'homme de convictions qui savait se montrer pragmatique. "L'existence des hommes d'affaires est une réalité. Sans ces gens-là, il n'y aurait pas de couche ouvrière", confiait-il, également, lors d'une de ces interminables discussions qu'il partageait avec ses rencontres. "Un hommage populaire" Plus qu'une pénombre à entrevoir dans la sphère de la gauche, Hamid Ferhi voulait donner une autre orientation au MDS. Appuyé par des militants convaincus et chevronnés comme Yacine Teguia, idéologue du parti, le coordinateur national du parti a voulu éviter les boycottages systématiques des échéances électorales. C'est dans le sillage de cette nouvelle démarche que le MDS a participé aux élections législatives de 2012 et 2012 où il comptait même un député. La formation de gauche a été le premier parti politique à présenter un candidat à l'élection présidentielle d'avril prochain, en la personne de son porte-parole Fethi Ghares. C'est en "héritier" naturel du combat de Hamid Ferhi et d'El-Hachemi Chérif que Fethi Ghares s'est placé, hier, au siège du MDS. Debout devant la dépouille du coordinateur national du parti, recouverte de l'emblème national, Ghares reçoit les visiteurs. Dans la grande salle du siège du parti, sis au boulevard Krim-Belkacem, des militants inconsolables, des visiteurs et des journalistes sont venus assister à ce recueillement qui vient d'un autre temps. Le son du poète palestinien Mahmoud Derouiche, projeté sur un écran géant au-dessus de la dépouille du chef disparu, tient lieu d'hymne à un cérémonial qui se veut "populaire", comme l'a indiqué Yacine Teguia, une des figures du mouvement, à l'accueil des visiteurs. "Hamid Ferhi est parti comme il a vécu. Il était homme du peuple. Il est mort en homme de peuple, parmi son peuple", a résumé Teguia, compagnon de longue date de Hamid Ferhi. Même topo chez Fethi Ghares, qui s'activait à répondre aux interviews des rares journalistes présents en ce début d'après-midi. "Hamid Ferhi a beaucoup donné à ce pays. Il était profondément démocrate. L'histoire retiendra qu'il a tout fait pour instaurer un climat démocratique au sein du parti. Il a ouvert, dans ce siège, les débats aux militants et aux citoyens", témoigne le candidat à la candidature pour l'élection présidentielle d'avril prochain. Sur les réseaux sociaux, les hommages sont unanimes. Des militants politiques, des journalistes et citoyens lambda ont témoigné de la sincérité du militant qu'était Hamid Ferhi. C'est le cas du président du RCD, Mohcine Belabbas, qui a twitté en hommage au coordinateur national du MDS. Le candidat à la candidature à l'élection présidentielle, Ali Ghediri, devait également se rendre au siège national du MDS pour présenter ses condoléances aux membres de ce parti. Après cet "hommage populaire", le corps de Hamid Ferhi sera inhumé, cette après-midi, au cimetière de Staouéli, la ville qui l'a vu naître il y a 60 ans. Ali Boukhlef