Le paradoxe est saisissant : le Front des forces socialistes (FFS) présente aujourd'hui aux médias, à l'occasion d'une conférence de presse qui sera animée par la direction nationale, probablement par les membres de l'instance présidentielle, Ali Laskri et Mohand-Amokrane Chérifi, un "plan de sortie de crise" pour le pays, alors que le parti lui-même est en proie à une crise interne, depuis plusieurs semaines, et dont personne ne peut prédire l'issue. Hier encore, des militants se sont présentés au siège du parti pour s'insurger contre l'"exclusion" dont sont victimes certains cadres du parti. Selon une source dans l'entourage du parti, six membres des conseils fédéraux de Tizi Ouzou et de Béjaïa, dont les sénateurs Hocine Haroun et Abdenour Derguini, les députés Kelalache Mohamed, Rachid Chabati, Ahcène Mansouri et le P/APW de Béjaïa, Mehenni Haddadou, ont été suspendus pour cause de "travail fractionnel" en attendant leur comparution devant la commission de médiation et de règlement des conflits. Deux membres de l'instance présidentielle, Hayat Taiati et Sofiane Chioukh, devaient également, à leur tour, comparaître hier devant la même commission. "Mais ils ont refusé de se présenter", selon cette source. "Ce sont des suspensions anti-statutaires", a réagi, hier, Mehenni Hadadou contacté par téléphone. Vendredi, deux conseils fédéraux se sont tenus à Béjaïa et à Tizi Ouzou. Dans un communiqué rendu public, le conseil fédéral de Béjaïa, élargi aux "élus et aux militants", déclare faire "siennes les résolutions du conseil national extraordinaire, réuni le 22 mars 2019 au siège de la fédération d'Alger, sur convocation du premier secrétaire par intérim, Haddadou Mehenni, en date du 14 mars 2019". Mais pour la direction actuelle, les agissements des contestataires procèdent d'un travail "fractionnel et illégal". Elle pointe du doigt des "officines" qui cherchent, selon elle, à neutraliser le parti durant cette phase charnière de l'histoire du pays. "Depuis notre décision salutaire de boycotter activement cette élection présidentielle qui annonçait, d'emblée, un autre simulacre électoral, notre parti a commencé à subir les contrecoups de son audace politique (…) Les officines ténébreuses du pouvoir ont vite réagi, afin de nous neutraliser et de nous dévier des missions politiques dans un moment aussi sensible pour le devenir de notre pays. Cet acharnement s'est largement exacerbé au lendemain de notre décision de retirer nos parlementaires des deux Chambres", a affirmé, avant-hier, Hakim Belahcel dans une allocution devant un conseil extraordinaire de la fédération d'Alger. "Je suis en droit de m'interroger, ici et devant vous, sur la facilité déconcertante avec laquelle, ils (les conseils fédéraux de Béjaïa et de Tizi Ouzou, ndlr) ont pu avoir les autorisations administratives pour tenir ces deux rencontres fractionnelles dans des salles publiques et dans un moment pareil ?", s'est-il interrogé. Karim K.