Le président-directeur général du groupe Elsecom, Abderrahmane Achaïbou, a, encore une fois, chargé l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, qu'il accuse d'être derrière la gabegie qui prévaut actuellement dans le secteur de l'automobile en Algérie. Considéré parmi les doyens du secteur automobile et membre fondateur de l'Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A), M. Achaïbou a révélé que M. Bouchouareb avait peaufiné, en 2014, un cahier des charges de sept pages et qui n'avait jamais été signé et publié. Dénonçant la "gabegie de l'ère de Bouchouareb", le patron d'Elsecom a indiqué que "l'ex-ministre de l'Industrie n'avait fait bénéficier en 2014 des activités de montage qu'à une seule entreprise, en l'occurrence Renault" et que "certains concessionnaires, à l'époque, avaient peur de Bouchouareb qui se comportait comme un pharaon vis-à-vis des opérateurs économiques du pays". Cet investisseur, à qui on a, par ailleurs, fermé toutes les concessions automobiles et à qui on avait enlevé les marques qu'il gérait, comme Ford, Suzuki et Kia, au profit de Global Motor Industrie, avec la bénédiction de M. Bouchouareb, n'a pas mâché ses mots et revient à la charge estimant qu'en 2018, l'Etat algérien a dépensé 3,7 milliards de dollars pour assembler 180 000 véhicules, alors qu'"avec cette somme-là, on peut importer 300 000 véhicules à raison de 10 000 dollars l'unité, tout en participant au budget de l'Etat à hauteur de 42 à 49%, et protéger plus de 100 000 emplois directs". Invité à s'exprimer sur les ondes de la radio Chaîne III, M. Achaïbou a affirmé que "l'activité de montage de véhicules n'est en rien profitable à l'économie nationale (…) Pour preuve, nous sommes en face d'un manque à gagner causé au Trésor public par ces types d'opérations, en même temps que les prix prohibitifs auxquels sont cédés ces véhicules". Tout en démontrant que "le montage automobile n'est pas rentable", il dira que "ces véhicules sont d'abord montés puis démontés par leurs fabricants avant d'être envoyés en Algérie pour être remontés, engendrant des surcoûts importants". M. Achaïbou rappellera que le cahier des charges de 2015 relatif à l'importation de véhicules neufs, amendé deux mois après, permettait, sous des prétextes de sécurité, de rajouter pour environ 1 500 dollars d'équipements, pas nécessairement indispensables sur ces derniers, contribuant d'autant à augmenter leur coût d'environ 40%, alors que les Japonais avaient attiré l'attention des pouvoirs publics sur le coût de ces équipements et leur impact sur le prix final. Raison pour laquelle, M. Achaïbou estime qu'"il était temps de stopper l'importation et le montage de grosses cylindrées et autres 4x4. En échange de chacun d'eux, il est possible de ramener trois automobiles. Voyez ce qui se passe chez les constructeurs ! Il n'y a pas de robot, il n'y a que du manuel. Avec 3 millions de dinars, on peut faire ça. Tebboune voulait surseoir à ces mesures, mais le ministre qui est venu après (Youcef Yousfi, ndlr) a confirmé ce que Bouchouareb a fait". Abordant les projets que M. Bouchouareb lui avait bloqués, M. Achaïbou accuse : "On nous a volé nos cadres au vu et au su des pouvoirs publics. Regardez les dossiers que j'ai envoyés au gouvernement, aux Premiers ministres, à la présidence de la République, au FCE et à l'UGTA et qui, depuis quatre ans, sont restés lettre morte (…) Parce que j'ai dénoncé les erreurs de Bouchouareb et aujourd'hui, vous demandez à un concessionnaire médiocre d'être constructeur !" L'invité de la Radio nationale ne s'arrêtera pas là. Il abordera les marges bénéficiaires faramineuses que glanent les constructeurs. "Quand on voit des remises de 250 000 DA, on comprend tout. Quand on était 40 concessionnaires, on prenait des marges de 30 000 DA. Maintenant, ils sont une dizaine, c'est le retour au monopole. Certes, je suis confiant, mais il faut corriger aujourd'hui. Le problème, c'est que les ministres n'écoutent pas. Il fallait amender les cahiers des charges et laisser les compétences travailler. Il y a de bons cadres au ministère de l'Industrie, mais ils travaillent sous la peur." FARID BELGACEM