L'Union des étudiants algériens de France (UEAF) et plusieurs associations d'étudiants étrangers et français ont décidé de saisir le Conseil d'Etat français pour contester la décision du gouvernement d'Emmanuel Macron sur la hausse des frais de scolarité pour les étudiants extra-communautaires, qui vient d'entrer en vigueur. Lors d'une conférence de presse tenue jeudi dernier, Laurence Roques, présidente du Syndicat des avocats de France (SAF), a fait savoir qu'un recours pour excès de pouvoir sera déposé dans les prochaines semaines. Celui-ci pointera "la rupture d'égalité" entre étudiants étrangers issus des pays hors Union européenne et étudiants français. L'arrêté du ministère de l'Enseignement supérieur portant hausse des droits d'inscription dans les universités hexagonales pour les étudiants extra-communautaires a été publié dimanche dernier au Journal officiel de la République française. Il prévoit, à partir de la rentrée prochaine, une hausse des frais d'inscription, allant jusqu'à 150%.Les étudiants en licence devront s'acquitter de 2 770 euros contre 170 euros actuellement. En master, les droits ont été fixés à 3 770 euros, soit 15 fois plus chers qu'aujourd'hui. Des exceptions ont été prévues par la loi. Elles concernent les doctorants qui seront exempts de la hausse des frais d'inscription. Une exonération concernera, en outre, certaines catégories d'étudiants en raison de leur "situation personnelle" ou s'ils répondent "aux orientations stratégiques de l'établissement". Pour les responsables des syndicats d'étudiants, le gouvernement est coupable d'une décision discriminatoire qui va instaurer une sélection sociale. "Votre sélection abjecte basée sur les origines sociales et visant un continent en particulier, l'Afrique, est une insulte aux valeurs de la France", s'insurge l'ex-secrétaire général de l'UEAF, Billal Latbi, en s'adressant à Macron. À l'Université Paris 13 où les étudiants algériens sont très nombreux, l'UEAF a convaincu la direction de l'établissement de renoncer à l'application, en septembre prochain, des nouveaux frais d'inscription. 25 universités sur 75 ont refusé de souscrire à la décision du gouvernement de relever le montant des frais d'inscription pour les étudiants extra-communautaires. La Conférence des présidents d'université (CPU) avait demandé au gouvernement, en décembre dernier, d'annuler son projet, soulignant qu'il allait exclure des milliers d'étudiants qui contribuent au rayonnement de la France dans le monde. La décision de relever le montant des droits d'inscription pour les étudiants extra-communautaires a été annoncée par le Premier ministre, Edouard Philippe, en novembre 2018, dans le cadre d'un nouveau plan d'accueil des étudiants étrangers, denommé "Bienvenue en France". Plusieurs actions de protestation ont été initiées par la suite, des rassemblements, des pétitions et des blocages de campus. Les étudiants algériens qui constituent la troisième communauté estudiantine étrangère en France, après les Chinois et les Marocains (ils étaient 30 000 en 2018), sont particulièrement pénalisés. Ils sont dejà confrontés à diverses autres contraintes en matière de séjour et de travail.